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48°39’N - 2°01’W (et autres lieux) - Henri Droguet
par Jean-Paul Gavard-Perret

Henri Droguet, 48°39'N - 2°01'W (et autres lieux),
Gallimard, Paris, 13,50 €.
Par J-P Gavard-Perret


C'est une certitude un livre qui commence par un incipit de Beckett (en l'occurrence ici " S'il n'y avait que l'obscurité tout serait clair ") ne peut être mauvais. Et une nouvelle fois - après et entre autres " La Contre-dit " et " La main au feu " - la poésie de Droguet nous surprend là où " tout reste à faire " dans " l'oblique pas vers l'ultime ". Ce nouveau livre de l'auteur représente à ce titre la suite d'une légende à proximité du mur ultime devant lequel il n'est pas inutile - au contraire - de reprendre la parole avant qu'elle nous soit retirée.

Face à un tel mur, comme ou au pied de la falaise, celui qui à la suite et en clin d'oeil à Synge se définit comme " le baladin du monde accidentel " lève son verre avant de lever le camp, sait trouver des accents où le dur désir de durer est toujours tempéré par cette manière ironique de ne pas (trop) prendre au sérieux ce qui nous lamine à petits feux.. Le livre apparaît donc comme une dérive. Elle nous mène de lieux en lieux afin d'y glaner de petits plaisirs convulsifs à travers les choses vues, reprises, ressassées. Certes, " viendra la nuit son cuir assidu froid ", pour autant il ne convient pas de se jeter la tête contre le mur cité plus haut. C'est pourquoi la poésie reste ce trait qui se refuse autant à se refermer sur soi que sur la mort qui nous sera donnée. Et lorsque dans un ver le signe se brise, tout de suite après celui-là reprend même s'il devra s'interrompre encore.

Pour Droguet la poésie n'est donc pas seulement se complaire à la mise en place d'un univers de langage, c'est aussi entendre dans chaque mot son espace de silence qui lui donne son poids. De la sorte, le poème ne se limite pas à l'idée, au discours : le texte revient à transgresser le discursif: il devient non dessin mais dessein. Ne se contentant pas du logos Droguet atteste ainsi de moments qui par le langage permettent de laisser affleurer une lumière rasante mais nourricière. Surgit une force de vie qui nous fait apprécier les choses terrestres là où proche du dénuement et par lui l'être atteint une sorte de plénitude.

J.P. Gavard-Perret.
04/2003

Bibliographie

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