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Le cuirassier blessé - Jean Bastier
par penvins

Jean BASTIER

LE CUIRASSIER BLESSE


Jean Bastier nous offre ici de découvrir la réalité de la vie de Céline dans la guerre de 14, s'appuyant notamment sur les écrits de R Desaubliaux maréchal des logis comme L-F Céline au 11ème Cuirassier [qui évolue sensiblement comme le 12ème Cuirassier de Céline], du Dr Voivenel, de Max Deauville, mais aussi sur les écrits de Céline lui-même, re-enracinant ainsi les romans dans leur assise historique

On pourrait diviser cet ouvrage en trois parties, les chevauchées à travers le Barrois, la Woëvre et l'Argonne( jusqu'au 12/10/1914), les Flandres et la bataille de Poelkapelle (jusqu'au 27/10/1914), la vie à Paris.

Les chevauchées des cuirassiers.

Ce que J. Blastier souligne c'est cette attente que vécurent les cuirassiers. La cavalerie est divisée en cavalerie légère (Hussards et Chasseurs), les cavaliers de ligne (Dragons) et cavalerie lourde (Cuirassiers). Pendant ces premiers mois de la guerre, la 7ème division de cavalerie (dont font partie le 11ème et le 12ème Cuirassiers) lamentablement commandée par un chef incapable, le général Gillain, ne prend jamais part aux combats quand elle ne va pas jusqu'à s'éloigner du front comme le 24août:

Au lieu de se diriger vers les Allemands, en application de ces ordres, la 7e D.C. marchait en sens inverse et s'éloignait du front, seule unité de l'armée sans doute, à tourner le dos à l'ennemi et à marcher vers l'arrière au lieu d'aller au combat !

Les soldats souffrent du manque d'informations et ne comprennent rien à ce qui se passe. Ces marches et contremarches absurdes feront dire à Bardamu :

La guerre, en somme, c'était tout ce qu'on ne comprenait pas... Tout cela m'apparaissait soudain comme l'effet d'une formidable erreur. Dans une histoire pareille, il n'y a rien à faire, il n'y a qu'à foutre le camp, que je me disais, après tout...

Quelques jours plus tard la 7e D.C. aura un nouveau général : le général d'Urbal [ des Entrayes dans le " Voyage au bout de la nuit "]celui qui avait

des exigences ménagères et mangeait des oeufs à la coque... il y pensait même sans arrêt à ses aises (...)

Pendant ce temps,

Les Cuirassiers sont toujours gardés en, réserve pour une grosse charge, dans le style de Reichshoffen, resté dans toutes les mémoires, mais qui n'aura jamais lieu!

Les Flandres et la bataille de Poelkapelle

début octobre commence " la course à la mer ", Jean Bastier recoupe là encore la réalité avec " Le Voyage ", le général d'Urbal début octobre n'a pas même entendu parler de la Bataille de la Marne

Si le général était si peu au courant de la situation d'ensemble, l'on imagine dans quelle ignorance pouvaient se trouver Céline et ses compagnons ! Cela explique bien cette impression d'étrangeté, voire d'absurdité , des mouvements marches et contremarches épuisantes exécutées par le régiment, interminablement


Céline qui avait plaisanté de la guerre avec un enthousiasme patriotique partagé par beaucoup notamment dans la cavalerie va découvrir fin octobre les combats d'infanterie

devant l'horreur [il] changera complètement d'avis : Bardamu est né

c'est là que les Cuirassiers découvrent vraiment ce qu'est le Feu, mais la course à la mer va bientôt s'achever, des tranchées profondes seront creusées et tout espoir de belle charge de cavalerie sabre au clair disparaître. De cette désillusion et

le remord de faire la guerre de loin, [ont] sans doute été pour quelque chose dans la décision de Céline de se porter volontaire comme agent de liaison auprès de l'infanterie.

S'il s'agit bien sûr d'Héroïsme, il ne faut pas voir là une exception céliniennne mais bien au contraire une attitude partagée par beaucoup en 14:

Ce désir d'aller souffrir et combattre avec les copains est caractéristique de l'esprit de solidarité et d'amitié qui unissait les Français en 14-18

La vie à Paris

Jean Bastier tente ensuite de retrouver l'état d'esprit de Céline pendant son hospitalisation, à la fois le Shock dû aux effets de l'éclatement d'obus et la crainte d'être amputé

Il est en effet peu connu que la guerre de 14-18 a constitué une effroyable invasion
microbienne qui a désemparé les médecins, au point qu'ils ont pu désespéré des
progrès de la médecine accompli depuis Pasteur et Lister !

il y voit prendre naissance sa vocation médicale et le sujet de sa thèse sur
Ignace Semmelweis dont il rappelle qu'elle commence par une évocation de la Révolution, dont Céline dira plus tard :

Le soldat gratuit ça c'était du nouveau... Tellement nouveau que Goethe, tout Goethe qu'il était, arrivant à Valmy en reçut plein la vue. Devant ces cohortes loqueteuses et passionnées qui venaient se faire étripailler spontanément par le roi de Prusse pour la défense de l'inédite fiction patriotique, Goethe eut le sentiment qu'il avait encore bien des choses à apprendre. (Le Voyage)



Penvins
e-litterature.net©

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