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Le Feu sacré - Régis Debray
par Alice Granger

Alice GRANGER GUITARD

Editions Fayard.

?Dans ce livre, Régis Debray distingue absolument le religieux et les fonctions du religieux d'avec le spirituel. Au religieux la face physique, et au spirituel la face mentale. Le spirituel, il l'évoque à peine, juste le temps de dire que c'est une force intérieure de détachement, d'écartement. Presque le contraire, on dirait, du religieux. Mais qu'il ne soit presque pas question du spirituel dans ce livre ne fait-il pas entendre que les fonctions du religieux (même quand on ne croit plus cela ne veut pas dire qu'on ne croit à rien, et les religions laissent la place à la religiosité, à ces religions sans-le-dire) sont là d'abord à l'œuvre, comme l'indispensable étayage de l'être collectif auquel chaque humain appartient, et que c'est seulement sur la base de cet étayage solide que le spirituel peut se détacher?

Envers et contre tout, Régis Debray se bat encore et toujours pour nos faire entendre le caractère vital du fait matériel, qui se transforme dans le temps, pour telle et telle communauté humaine et pour sa pérennité de génération en génération. Il y a chez lui une sorte de terre-à-terre obstiné qui nous force à nous sentir sur terre, non pas dans une bulle, contact terrestre abrupt et qui exige l'urgence d'une organisation fiable dans le temps. Tombés de la bulle, les humains, et alors, il s'agit de résilience mise en acte par quelque chose de très vivant dans l'intime de chaque humain, qui est à la fois commun et extrêmement individuel, plus que l'instance d'une survie, une instance de vie qui s'élève, telle un dieu vindicatif et courroucé qui part d'un état de handicap, de prématurité humaine, de vulnérabilité pour au contraire manifester une force de vie et non pas la blessure qui réduirait à n'être plus que des fantômes.

Alors, la religion, c'est d'une manière très matérielle, très physique, très corporelle, que Régis Debray nous en parle. L' homo religius, écrit-il, est un athlète du vivre-ensemble. Ce vivre-ensemble, cette naissance de l'être collectif, ce faire-corps, cette façon de renouer avec un ensemble d'êtres humains en en excluant d'autres, n'est-ce pas cela que, d'une manière que sans doute il sentit comme vitale, le jeune révolutionnaire Régis Debray voulut aller vivre au sein du feu sacré?

Question qui se fait entendre entre les lignes: quel est le statut de ce corps qui a un tel besoin, comme l'étayage pour la solidité d'un édifice, de religion pour "nous" prêter un corps? Est-ce si vital (était-ce si vital?) d'exclure les "eux", selon un principe structural d'incomplétude, pour rejoindre le "nous" et ces religieux au sens large ( pour lesquels la religion a cette double étymologie latine de releggere= recueillir et de religare= rassembler) qui ont un tel esprit de corps et qui ont l'art de laisser du manque?

Ce n'est sûrement pas par hasard si le titre du premier chapitre du livre est: Fraternités. Cette si vive conscience des frères et sœurs humains ensembles. Ce n'est pas papa-maman, ou plutôt maman-papa, ce n'est pas le nid douillet d'une religiosité qui techniquement a désormais la possibilité de faire croire à l'éternisation de la bulle pour certains, non, c'est soudain la fraternité humaine qui fait irruption, tandis que le cordon ombilical est coupé, et que le milieu matriciel est perdu. Le jeune révolutionnaire n'avait-il pas lui aussi laissé derrière lui ce milieu matriciel? Connivence de la fraternité, par ce qu'elle a perdu et qu'elle se représente, par la sensation corporelle de vulnérabilité et par contraste l'incommensurable force de vivre.

La religion ne va-t-elle pas de pair avec l'admission d'avoir perdu, d'être né, cette perte matricielle, cette perte d'une bulle placentaire déniée un moment encore par la bulle parentale, la tombée en apoptose de ces enveloppes protectrices exigeant tout un travail psychique de rejet? Et alors le jeune révolutionnaire largue la bulle et part. Et alors le corps? Ce qui est tombé en apoptose, ça manque à un point tel qu'il faut autre chose sur cette terre qui puisse nous prêter un corps, qui puisse renouer un lien perdu à jamais, qui puisse reconstruire un lieu. Là où il n'y a plus rien pour moi qui suis né, qui me suis détaché, aussi par un travail psychique qui a réitéré et confirmé ma naissance biologique, il faut d'urgence des choses pour "nous", "nous" qui sommes si nombreux à connaître la même perte, et ces choses pour nous, ce sont des symboles, ces choses qui sont les signes matériels de notre reconnaissance mutuelle.

Autant dire que la religion telle que Régis Debray l'analyse, cette religion qui permet de renouer, de relier, où les rites sont très importants car ils sont comme une remontée dans le temps, sont pour le corps collectif comparables à un acte d'amour, n'a rien d'archaïque. Il s'agit de l'urgence d'un faire-corps, d'un "renouage", au sens matériel, physique, corporel, voire spatial, lorsqu'il est irréfutable que ce corps est tombé de sa matrice, et qu'aucune religiosité ambiante, rationnelle, technicienne, n'en a installé de manière métastasique la dénégation. Envers et contre tout, c'est de ça que Régis Debray me semble nous parler. Et son insistance à s'intéresser aux faits matériels, à ces choses et aussi à ces inventions qui permettent de relier, d'étendre des liens dans l'espace mais aussi dans le temps par la transmission. Urgence de recueillir et relier, ces deux étymologies de religion.

Ce n'est donc pas par hasard que le deuxième chapitre a pour titre: Hostilités. Le divin, dit-il, s'imbrique au sanglant. Toutes les langues sacrées parlent du chaos, de ce chaos que chaque humain, à partir de la séparation matricielle elle aussi sanglante, dès lors qu'il ne se réfugie pas dans la dénégation dont la religiosité pourrait être le nom, connaît aussi. Sensation de chaos. Et toute cette fraternité, à la place! Et, entre nous, cet entre-deux sensoriel commun, perdu, représenté, une valeur violée, violence originaire. Des forces de conflits, dans cette fraternité. L'urgence de faire corps pour s'unir, être plus forts en se reliant, et exclure aussi, en même temps. Hospitalité et hostilité ont la même racine. Les forces d'union mettent en acte une formidable immunité collective. C'est le chaos, et il faut s'organiser, notamment exclure les ennemis. Il faut mettre en jeu des forces de retour, parce qu'on a perdu. Si on n'a pas perdu, si on reste relié ombiliquement, retenu dans un bain de bien-être, dans cette religiosité-là, les forces de retour n'ont aucun sens.

Le corps est en interaction constante avec l'extérieur auquel il est relié, cet environnement où s'organise le recueillir et le relier, par des symboles et des rituels, mais cette interaction ne va pas sans altercation, sans le fait que des ennemis sont toujours là pour matériellement raviver le fait de la perte originaire. La religion au sens de recueillir et de relier doit entrer en action de façon incessante, si on y réfléchit, même si les différentes religions, avec le progrès des sciences et des techniques ainsi que de la rationalité, semblent en perte de vitesse. D'ailleurs, dans de nombreux pays qui semblent s'ouvrir aux valeurs occidentales, comme par exemple la Chine, le fait religieux est en train de redevenir structurant.

Sentir le corps dans un état chaotique, un grand tohu bohu. Sentir l'autre comme ennemi, comme celui qui peut encore augmenter le dérangement. Et en même temps, une connaissance collective, venant au "nous", que se mettre ensemble, faire corps, c'est mieux que seul. "Nous" se constitue en excluant "eux". Une identité se construit face à une altérité. Une unité commence à pouvoir se refermer.

A la différence des animaux, grâce à notre cerveau, nous pouvons nous représenter ce que nous avons perdu. Il nous reste quelque chose. Nous ne voyons et ne prenons pas le monde tel qu'il est, mais d'après le sens que nous lui donnons. Les fonctions du religieux sont de recueillir et de relier, de mettre en action des forces, des symboles, des récits, pour édifier un lieu où être ensemble, pour faire corps. Mais ceci se fait à partir de ce que nous nous représentons. Dans ces forces d'action, de rassemblement, il y a des forces de retour dont le moteur est le manque, le fait que ce soit différé.

Mais ce cerveau des humains est fait de trois cerveaux qui ne communiquent pas forcément bien entre eux. Le premier dans l'évolution est le cerveau reptilien, qui fait partie de notre préhistoire, et qui est le siège de nos comportements de survie, de contrôle du territoire, de la reproduction, des rituels religieux, des affiliations politiques. Le cerveau paléo-limbique, apparu avec les premiers mammifères, siège des émotions, de l'agressivité, des comportements sexuels. Le néo-cortex, apparu avec les vertébrés supérieurs, siège de l'activité intellectuelle et d'anticipation.

Le grand mérite de Régis Debray est de ne pas s'intéresser qu'au cerveau supérieur, et de dire qu'avant d'arriver au paradis, il faut traverser l'enfer reptilien et le purgatoire des émotions. On ne l'a pas encore assez salué et remercié pour cet énorme travail sur ce qui étaie, au sens fort du terme, l'édifice de la vie humaine. La construction de la vie psychique, qui va pouvoir s'élever jusqu'à une trouée dans le ciel, doit en passer par des choses matérielles très importantes, où par exemple les symboles, les rituels seront littéralement des forces d'action ayant des résultats corporels, physiques, au niveau de la qualité de la vie dans ce lieu-là, avec cette communauté-là, au niveau de la sensorialité et des émotions. S'abstraire dans une vie spirituelle pourrait-il se réussir sans un bain émotionnel, sensoriel, de connivence, dans un corps collectif de simple et vital étayage? Régis Debray a l'air de s'intéresser à des choses assez terre à terre, matérielles, se démarquant d'autres intellectuels, mais son analyse de la religion nous met en lumière de manière brillante combien aucun humain ne peut vraiment faire l'économie de sa participation à l'organisation d'une communauté humaine de résilience, parce que ce corps collectif qui va se retrouver en son sein une unité, c'est le corps qui s'est séparé de sa matrice, qui s'en est séparé non seulement physiquement à la naissance, mais aussi psychiquement par des opérations mentales qui conduisent à la connaissance qu'il y a un intérêt infini à se séparer de la bulle familiale qui a retardé le détachement, qu'il y a plus à gagner à se séparer qu'à rester, même si le chaos peut d'abord effrayer.

La haine est donc plus ancienne que l'amour. Et c'est elle, beaucoup plus que l'amour, qui apprend à acquérir des capacités stratégiques et politiques. Se sentir, dans l'état de chaos, de chute hors de la bulle tombée en apoptose, (dans le jeunisme ambiant, on fait croire que la bulle, pour certains, "nous, nous, nous", et pas "eux", ne tombera jamais en apoptose, car les progrès de la science et de la technique font croire que tout sera à jamais à portée de mains, relié à soi alors pourquoi avoir à se relier à nouveau si ce n'est jamais hors de portée de mains, et qu'est-ce que ça fait rire, ces religieux si cons, nous la religiosité n'a pas besoin de se dire car nous sommes dedans), attaqué par l'altérité. Alors, en "nous", "nous" qui sommes plus forts par notre corps collectif, nous parlerons et surtout nous entrerons en action par la voix d'un dieu vindicatif. Notre force de vie sera à la mesure de l'impression immense de persécution par ces autres, et aussi notre capacité stratégique et politique. Nous commencerons par tracer des limites, pour refermer notre territoire. Et eux aussi. Plusieurs territoires. Diplomatie. Intelligence. Forces d'action. Toute une arithmétique des rapports de forces.

Se définir, dit si bien Régis Debray, c'est se rebiffer. Et l'identité, c'est un faire face. Cette sensation si forte d'avoir l'autre en face, chez Debray! L'altérité! Un ennemi! Et voici un ami! Un frère ennemi, un frère ami. Une menace à un niveau matériel, à un niveau matriciel. Un lieu matriciel à retrouver, par une organisation collective appelée "religion" mais à entendre au sens large, pour renouer, relier, recueillir, de façon incessante mais aussi assez stable, sécuritaire. De manière incessante, l'acte d'intégration est aussi un acte de discrimination, parce qu'il n'y a pas qu'une fraternité amie, parce qu'on ne s'aime pas tous, loin s'en faut, parce que l'intolérance se connaît pour des histoires de territoire, d'envahissement, de bruits, de nuisances sensorielles, donc des choses très matérielles, très reptiliennes.

Régis Debray écrit si justement que la religion est une sagesse sur pied de guerre. Et que s'il n'y a pas de menace il n'y a rien de tenace.

C'est par la fonction symbolique que le religieux unit des gens séparés. Pas seulement des gens séparés entre eux, mais séparés tout court, des gens nés, nés de cette deuxième naissance qui les coupe de la bulle de l'enfance pour avoir à appartenir à la communauté humaine, et aussi à en organiser la pérennité et la transmission. Autant la matrice originaire, placentaire, devait tomber en apoptose, autant la matrice reliante, à travers l'espace et le temps, ne doit pas se décomposer. C'est vital. Il faut des choses pour nous. Des symboles. Des choses qui relient, dont le sens se vérifie par le résultat qu'elles ont au niveau du faire corps de la communauté. Par exemple le parfum, tel l'encens, agissant sur le cerveau reptilien, est incomparable pour créer un lieu matriciel, comme réussissant, quelques minutes, la remontée dans le temps, un état d'enveloppement. Des agapes. Des rituels mettant ensemble. De l'émotion. Du sensoriel. Du rythme. De l'harmonie par des paroles, des récits, des sons, de la musique, tout ceci ayant une certaine stabilité. Le sens, des récits, des symboles, des rituels, est un sous-produit du lieu et du lien, dit Régis Debray. Ce sens est celui d'un faire échec aux forces diaboliques, c'est-à-dire aux forces qui séparent.

Le symbole n'est pas le signe, celui-ci étant une chose pour une autre, tandis que, comme je l'ai déjà dit à la suite de Debray, le symbole est une chose pour "nous", une chose qui sert d'outil matériel d'un acte de reconnaissance.

Dans la religion, il s'agit de faire lien (donc d'admettre la rupture du lien originaire matériel), d'introduire un mode de vie où le matériel, voire le physique, le corporel, le sensoriel (capacité de silence dans les religions, les gens apprennent à ne pas se gêner les uns les autres, capacité de distance, de respect de la limite, connaissance que l'activité sensorielle peut être invasive pour l'autre et qu'alors il sera intolérant, apprentissage immunitaire, tout ceci à travers récits, rituels, interdits, tables de la loi, etc…) sont pris en compte, suscitant plus des actes qu'un mode de penser. Alors, on va au texte par le groupe.

Régis Debray utilise une métaphore extraordinaire pour nous faire entendre ce qu'est la religion, par-delà chaque religion, et à quoi s'oppose la religiosité. Il dit que les religions, toutes à leur façon, nous ont aidés à ordonner mentalement le désordre des choses comme la vie est un processus qui sans cesse réordonne le chaos. La religion est l'ensemble des forces qui résistent à la mort, ce qui distingue une individualité vivante d'un objet matériel.

Il souligne que, bizarrement, à chaque avancée des techniques et du progrès scientifique, il se produit une nouvelle affirmation de ce que nous appelons des archaïsmes, comme un dédommagement psychique bien mérité. C'est curieux! Comme si la reliance offerte comme par un contrat naturel par les techniques et le progrès scientifique, semblant éterniser et étendre la matrice originaire sans aucune perte, sans aucune apoptose annoncée, sans aucun rejet placentaire, provoquait un processus psychique de rejet, pour ne pas être asphyxié mentalement par la bulle matricielle, refuser, se rebiffer, pour renouer autrement, d'une manière qui peut apparaître comme archaïque en regard du confort rationnel à portée de mains mais un jour refusé. Des enfants ayant tout chez eux, même la totale liberté et des parents qui sont leurs meilleurs amis, s'en vont errer, ou même entrent dans d'archaïques communautés…Juste pour ne pas être que de simples programmés à vie par une instance totalitaire leur voulant tant de bien…

Enfin, la religion assure le succès reproductif du groupe. Le groupe peut se reproduire dans le temps. Quelque chose qui tient matériellement. Qui se transmet. Autant le lieu dans lequel l'humain a vécu sa gestation tant corporelle que psychique (qui s'est prolongée dans l'enfance) est entré en apoptose, on se retourne et c'est le chaos, plus rien, sauf les traces psychiques, ce qu'on s'en représente, autant le lieu où on peut se relier à nouveau, en participant aux forces et aux inventions matérielles qui l'organisent, se constitue comme éternel à travers ses transformations, comme la vie qui se transmet.

Le dernier chapitre a pour titre: Actualités. Régis Debray écrit que l'on quitte la religion pour entrer dans la religiosité, et que l'homme sans croyance n'est qu'un autre tour de la crédulité. N'y a-t-il pas une religiosité ambiante qui consiste à se sentir éternellement relié aux choses à portée de mains qu'un dixième de la population mondiale a décidé d'imposer comme bien aux neuf dixièmes de la population qui n'a pas son mot à dire, qui n'à qu'à prendre les mots pour les choses. Laisser un dixième de la population enchanter la planète pour neuf dixièmes de la population qui n'aurait rien à dire? Ce qui est bizarre, c'est que, par exemple, une population privée d'eau et de terres par une autre population ne va pas, pour se battre et résister, dénoncer la privation vitale dont elle est l'objet, non, elle va mettre un masque religieux à ses conflits si prosaïques, elle va invoquer Dieu, quelque chose de combatif, non pas quelque chose de blessé, d'affamé, portant les marques de sa faiblesse. C'est curieux, la résilience. Affirmer une force si vivante, qui se rebiffe, qui refuse, et non pas se présenter comme des fantômes que les ennemis auraient quand même réussi à faire mourir en ayant entamé à jamais la force de vie.

Sans une menace, rien de tenace. La ténacité de Régis Debray. Perdre. Séparation. Se séparer. Action de séparation. Et alors, tenir à nouveau. Autres choses. Tenir à l'autre, aussi. Ténacité. Mise en actions, avec d'autres fiables car ayant le même intérêt à renouer, pour construire, après la destruction originaire, un environnement matériel. Ténacité. Tenir.

Sans une menace, rien de tenace: cela vaut aussi pour l'Europe qui, contrairement aux Etats-Unis qui se sont fait par la guerre, s'est faite contre la guerre. Donc, ne manque-t-elle pas de ténacité? A moins que la menace de la mondialisation ne la rende enfin tenace?

Alice Granger Guitard

27 mai 2003

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