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Nuage rouge - Christian Gailly
par Alice Granger

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Editions de Minuit.


Ce beau roman très bien écrit pourrait s'intituler : il n'y a plus d'inceste. Le nuage rouge pourrait dire ce que voit en premier le nouveau-né lorsqu'il ouvre les yeux sur un espace inconnu, ce qu'il voit est voilé par le rouge du sang de la séparation, du sang de la naissance, celui du placenta et du cordon ombilical perdus. Sang d'une castration originaire.
A l'évidence, Lucien, l'homme qui a été castré par une femme qu'il a violée, et le narrateur sont le même homme dédoublé. Et ces deux hommes se mêlent au beau capitaine mari décédé de la femme violée et qui a été assassiné d'une balle dans la tête. Le meurtre de ce beau capitaine de marine en uniforme évoque un parricide.
Toutes les femmes du roman semblent aussi une représentation de la mère.
Lucien vit avec sa mère, son seul amour, tandis que les autres femmes semblent accessibles, facilement ou avec un brin de torture. Pas d'impossible. Rébecca Lodge, une belle Danoise en panne d'essence sur le bord d'une petite route paraît accessible comme toutes les autres, comme la vieille mère avec qui il vit. En effet, sous la menace d'un canif il peut la violer, mais ensuite avec ce canif elle le castre. Rébecca Lodge est inaccessible, même si elle est veuve, même si le capitaine a été éliminé comme un père rival par un petit voleur. Rébecca Lodge aime pour toujours son beau capitaine, dont elle est séparée à jamais. Elle aussi, telle qu'elle apparaît au volant de la voiture de Lucien, avec son visage rouge, est rouge comme un nouveau-né sale du sang de la séparation. Mais aucun autre homme ne peut réparer cette séparation, la dénier. Aucun fils ne peut prendre la place du père.
Le narrateur, qui vit avec Suzanne une vie de couple morne, retrouve à travers Lucien qui l'envoie au Danemark rencontrer de sa part Rébecca Lodge, en prenant donc des vacances pour le compte d'un ami, un amour impossible. Cet amour impossible qui, pourtant, planait comme un nuage sur sa vie de couple. Rébecca Lodge aime son mari, dont elle est séparée à jamais, elle ne l'aimera jamais, lui, ni Lucien. C'est impossible. Elle-même vit d'impossible, et d'art. De retour en France, le narrateur rapporte le coup de grâce à Lucien alias lui-même. Coupable, à la fin du roman, d'avoir assassiné Lucien, le fils incestueux et châtré. En réalité, lui-même face à face avec l'impossible, représenté non seulement par la prison qui est tout juste évoquée mais aussi par le fait que sa femme, Suzanne, ne viendra pas le revoir.
Reste l'impossible. Chacun des personnages du roman, homme mais aussi femme, s'en va du texte avec de l'impossible. C'est cela qui est très intéressant.

Alice Granger 

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