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L’empire de la morale - Christophe Donner
par penvins

A propos de "L'empire de la morale" - Christophe Donner
Editions Grasset



Jusqu'à présent je n'avais pas lu Christophe Donner, est-ce que j'ai commencé par le bon livre ? Ce roman est exactement le contraire de ce que j'attends de la littérature - et c'est pour cela que j'ai eu envie de le lire - une littérature faite d'idées et d'authenticité - c'est le terme employé par C Donner. Pour moi le roman ne s'écrit pas avec des idées - il ne s'agit pas d'un essai - ni avec de l'authenticité, tout au contraire le roman est ruse et mensonge.

N'ayant pas vocation à descendre les livres que je commente, je ne devrais pas parler de " L'empire de la morale " : Tout est bancal dans ce roman, les idées sont approximatives, la forme est bâtarde, il faut donc qu'il y ait quelque chose à sauver et ce quelque chose c'est précisément que ce roman n'est fait ni d'idées ni d'authenticité mais bien plutôt de thèmes et de caricatures.

Les idées se tiennent dans une certaine logique, ce qui n'est assurément pas le cas de celle de Monsieur Donner qui prétend brûler la psychanalyse pour nous avouer finalement que son modèle de psychanalyste " a une idée très personnelle de la psychanalyse, une idée qu'elle est seule à soutenir, qui va à l'encontre de toute la littérature psychanalytique, et cependant elle était sûre de son bon droit, elle s'est accordé une fois pour toutes la liberté de faire de la psychanalyse ce que bon lui semble. "

Bien évidemment Donner tente d'argumenter son déni de la psychanalyse en rapprochant le complexe d'Oedipe du mythe de Sophocle mais ce qui le pousse à cette comparaison, ce qui le fait jouir de prendre Freud en défaut, il le dit lui-même : " J'ai envie de reprendre les paroles d'Oedipe et les dire à ma mère comme il les a dites à Créon : "  J'en ai assez de t'entendre me jeter sans cesse à la face ce parricide et cet inceste dont je suis innocent. " " Donner va jusqu'à opposer la bêtise des analystes à la sagesse des neurologues qui sont à la recherche d'un Proust " c'est à dire un malade qui aurait inventé la langue nouvelle et unique par laquelle il va dire, transmettre le mystère de sa personne, le fond de son âme. " tant il est évident pour lui que c'est du côté des médecins organicistes que l'on se doit de chercher les archéologues de la langue des " fous " d'ailleurs ceux-ci, à la différence des analystes pensent que : " les mots sont les pistes qui mènent à la guérison, il ne s'agit pas de les interpréter, mais de les suivre . "

De quel psychanalyste parlez-vous monsieur Donner, De Ménie Grégoire, de la caricature de votre mère ?.... A qui ferez vous croire que c'est prouvé : " Les névroses sont associés à des changements anatomiques dans le cerveau, ça oui, c'est prouvé, tout le monde est d'accord. " ou qu'il est maintenant à peu près admis que le fascisme, puis le nazisme n'ont été que des sous-produits du bolchevisme. " Quant à vos idées sur la morale permettez-moi de les trouver un peu floues... Ce qui vous importe c'est que cette dernière prenne racine dans les cellules, qu'il y ait une origine organique de la morale et pourtant à propos de Lénine dont vous décrivez la folie à partir de son incapacité à dire sa syphilis - tiens donc lui aussi est atteint par le mal de la dénégation - vous décrivez très bien son amoralité comme un refus de la relation : " Ce qui préoccupe Lénine, son but, c'est toujours de déclencher une crise relationnelle. Son ennemi c'est la relation " [...] " dès qu'il y a de la relation il y a de la morale " La morale serait donc bien un fait social, éminemment social!

Mais vous n'êtes pas à une approximation près, témoin celle concernant les vertus du capitalisme dont vous osez prétendre que ce n'est ni à cause du commerce des armes ni de l'appât du gain que des millions d'Irakiens sont morts ! N'est-ce pas aller un peu vite en besogne ? Comme de pousser d'un revers de main la prétention de certains de mettre sur le même plan "  la pédophilie avec les crimes nazis, communistes, et tous les génocides perpétrés à travers le monde... " en en faisant un crime contre l'humanité. Il y a là pour vous un massacre du langage! Parce que le langage se devrait sans doute de décrire la réalité telle que vous l'avez toujours pensée, monsieur Donner, qu'il est sans doute moins grave de violer que de tuer et que la vie organique est plus importante que la vie psychique, mais monsieur Donner le langage évolue avec les mentalités et ce n'est pas le massacrer que de le faire évoluer!

Voilà sans doute pourquoi vous parvenez à écrire un roman, monsieur Donner, ce qui est ici en question ce n'est pas la justesse des idées, c'est la force qui vous pousse à vous exprimer et qui dit toute autre chose que ce que vous dites. C'est cette quête de l'amour de la mère tellement exigeante qu'elle balaye toutes les " preuves " de la bêtise de la psychanalyse. Ce faisant vous renouez avec la tradition de l'engagement du roman, un engagement que l'on ne peut plus lire aujourd'hui comme on aurait pu le lire il y a un demi-siècle, avant - justement -les leçons de la psychanalyse.

 

Penvins
e-litterature.net©

, le 29/11/2001

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