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Les chants de Maldoror - Lautreamont
par Alice Granger

Alice GRANGER GUITARD

Editions Le livre de poche.

 

Par cette écriture si singulière, si surprenante, et si poétique, le comte de Lautréamont, alias Isidore Ducasse, livre une bataille, par son héros Maldoror, qui vise à restituer le processus de néantisation inhérent à chaque naissance, et donc à replacer le mal dans sa vérité naissante, dans ce cataclysme que personne ne peut prétendre effacer de l'aube de sa vie sauf à s'exposer à une malfaisance bien plus redoutable et ignorée. Mal intransitif que ne peut réellement vaincre ni le Créateur, ni l'homme, ni le père, ni la mère, ni les frères, ni les sœurs. En fin de compte, le mal qui est le cataclysme de la naissance, qui est cette cruauté victorieuse, n'est pas malfaisant. C'est la vérité première que Lautréamont, par son héros Maldoror, ne permet à personne de prétendre en assumer la dénégation. Au contraire, il n'y a pas de solution. Cela commence ainsi. Même si tout autour, cela veut et prétend y remédier. Contre le cataclysme de sa naissance, même l'enfant le plus choyé n'y peut rien, sauf à subir une catastrophe bien plus pernicieuse.

L'imagination de Lautréamont s'exerce à profusion à écrire la métaphore de ce mal cruel et non malfaisant. Il écrit cet événement-là, en arrachant chaque apparente victime de tout ce qui dénie ce qui lui arrive en naissant, ce cataclysme, cette avalanche, cette cruauté, tout ce qui protège en retardant l'inscription cérébrale et sensorielle de cet événement cruel. Maldoror, bizarre chevalier au service de ce processus de néantisation sans lequel l'événement de la naissance est raté, est désapproprié, puisque tout est fait dans l'environnement familial pour l'effacer avant même qu'il soit inscrit, arrache, arrache aux bras d'une mère, d'une sœur, d'une famille, envers et contre tout il place en premier le cataclysme, l'effondrement de la bulle fœtale, il faut absolument que l'écriture de cet effondrement, de cette catastrophe, de cette révolution, se fasse, et personne, ni le Créateur, ni la providence divine, ni la famille ne peut empêcher cette écriture qui marque les sens et les capacités cérébrales. Maldoror, à la recherche envers et contre tout du sang de la naissance, à la recherche de ce carnage pas comme les autres, de ce mal comme événement impossible à dénier, semble un vampire, mais n'en est pas un puisqu'il ne s'en nourrit pas, puisqu'il n'est que le héros, que le chevalier, de cette écriture première de l'événement cataclysmique de la naissance, et que sa mission accomplie il va disparaître.

L'écriture de Lautréamont se concentre vraiment sur cet événement cataclysmique, inventant ce héros qui arrache, qui fait couler le sang de la naissance, elle ne dit rien sur ensuite, sur une vie qui commence vraiment à partir de cet arrachement-là, donc sur la disparition de toutes les sortes de bulles qui tentaient encore de perpétuer l'état fœtal, l'état sans inscription de l'arrachement, sans l'inscription du sang de la naissance. Comme si lui avait vraiment vécu sa naissance sans aucune dénégation, mais comme si cette vérité première il n'avait pas pu la dire, parce qu'il n'y avait jamais aucun écho autour de lui, comme si ce n'était pas arrivé à d'autres que lui, comme si ce silence sur cet événement il lui fallait, par l'écriture et par l'invention de son héros Maldoror le faire éclater. Justement, pendant des mois, au début de sa vie, il n'entendait pas. Il n'entendait aucun écho à l'assourdissante vérité du cataclysme par lequel sa vie sur terre a commencé. Il était rendu sourd par l'absence d'écho. Et sa vérité à lui, sans écho en dehors, lui a ensuite toute sa vie en quelque sorte pris la tête, par des maux de tête. Lautréamont a inventé Maldoror pour que la vérité cataclysmique aille prendre la tête des autres par une bizarre séance d'hypnose. Ou plutôt peut-être la sauver.

Dans sa propre tête, se livre une bataille, bouillonne un conflit très rude. D'une part, il y a un 'je" qui a la sensation aiguë de l'événement cruel et irrémédiable qui lui arrive, qui lui permet justement de pouvoir dire "je", parce que c'est à moi que cela arrive, et que rien autour ne peut m'en faire faire l'économie, je suis aux commandes de ma vie, je m'éveille à mes capacités cérébrales et sensorielles. D'autre part, tout autour, et parce qu'aucun autre ne semble vivre ce même événement, il y a en acte tout un processus de réenveloppement, de dénégation, d'empêchement que l'événement s'écrive, s'inscrive, qui est comme venir lui prendre sa tête, c'est-à-dire toute une activité cérébrale et sensorielle qui s'initie à partir de ce point de non-retour (non-retour intra-utérin, perte des enveloppes, de cette protection spéciale qui enferme dans une bulle).Ecrire pour que ça ne lui prenne pas la tête.

Lautréamont, dans ses Chants, espère tellement un ami, un frère, quelqu'un à qui il est arrivé aussi de naître, un jumeau, un autre que lui qui commencerait à attester l'événement cataclysmique comme une vérité humaine. Mais toute son écriture s'attaque encore et encore à une forclusion de cette vérité.

Dès le Chant Premier, Lautréamont invite le lecteur à devenir momentanément aussi féroce que ce qu'il lit, c'est-à-dire à se réapproprier en première personne l'événement cruel de la naissance, ceci sans se désorienter, pour trouver son chemin abrupt et sauvage. Pas d'autre chemin que celui-ci, abrupt et sauvage, pour naître. Et se désorienter, c'est se faire voler sa naissance. Pourtant, écrit-il, seulement quelques-uns seront capables de goûter ce fruit amer sans danger.

Il s'agit de pénétrer dans des landes inexplorées. Mais ce qui s'oppose le plus à cet engagement sur le chemin de la réappropriation de sa propre naissance, c'est le maternel. Alors, écrit Lautréamont, il faut que le lecteur dirige ses talons en arrière et non pas en avant, il faut que le fils se détourne respectueusement de la contemplation de la face maternelle.

Maldoror s'aperçut qu'il était né méchant. De cette méchanceté spéciale, qui sans trêve, travaille à inscrire d'abord cette cruauté de la naissance, qui place au commencement l'être humain dans l'unité et la singularité, plutôt que dans le deux de la dépendance (une présence s'occupant de l'être humain forcément vulnérable, pour lequel il faudrait par diverses solutions y compris la promesse pour l'au-delà régénérer l'état fœtal, donc deux a tout en mains pour un, et pense pour lui, voici la bicéphalité installée). Maldoror, dans l'unité de sa solitude, s'aperçut qu'il était né méchant. Et chaque jour, le sang lui montait à la tête. Jusqu'à ce qu'il se jette dans la carrière de ce mal singulier.

Il s'aperçoit d'une autre malfaisance, tellement pire que sa cruauté. Pendant toute sa vie, il a vu tous les hommes sans exception faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens, pour le motif de la gloire. Sans exception, pas même un seul frère parmi eux qui ferait exception et lui ressemblerait, non, sans exception les hommes collaborent au processus d'abrutissement des humains, processus qui leur prend la tête, pour les bicéphaliser. Une malfaisance, avec la complicité des hommes, sans exception, s'attaque au cerveau, lequel commence à ne jamais pouvoir penser l'événement cruel de sa naissance. Sauf Maldoror. Et il n'y a pas de quoi rire. Maldoror ne rit jamais. Il comprend que ces hommes qui abrutissent leurs semblables ont en secret des méditations vastes et ingrates, comme un enfant déjà pervers contre sa mère. Alors, comme un retour du refoulé, le cataclysme dénié revient, décrit comme les mers soulevant leurs eaux, engloutissant, comme des ouragans, des tremblements de terre, comme la peste, comme des épidémies. Sauf que de ce cataclysme, puisque la dénégation est bien organisée, les hommes ne s'en aperçoivent pas.

En regard de la falsification de la réalité cruelle de cette naissance dont tout est fait pour la désapproprier à l'être qui la vit puisque aussitôt des présences viennent suppléer à la disparition de la bulle en installant le né dans une dépendance (né aussitôt redevenu non-né, bicéphale, un venant du deux) il est, écrit Lautréamont, doux d'arracher brutalement de son lit un enfant qui n'a rien encore sur la lèvre supérieure. Faire couler le sang de la naissance. Celle qui aime le plus, celle dont la présence prétend perpétuer la bulle comme si la naissance ne l'avait pas fait disparaître, trahit tôt ou tard. La métaphore de l'adolescence remet sur le métier l'arrachement de la naissance. Maldoror, face à l'adolescent, est poussé par un instinct secret à commettre ce crime, l'arrachement sanglant qui malmène le corps resté dans sa bulle. Il veut que lui et cet adolescent arraché et sanglant comme un nouveau-né soient enlacés, formant un seul être, qu'ils soient réunis dans le même événement irrémédiable, la naissance. Maldoror dit qu'en même temps qu'il a fait mal à un être humain (par cette inscription d'une vérité sanglante et cataclysmique) il sera aimé du même être, et que c'est le bonheur le plus grand que l'on puisse concevoir. Bonheur en effet de ne plus être bicéphalisé par un état de dépendance par rapport à la présence qui exploite la vulnérabilité, bonheur de la réappropriation de la vulnérabilité elle-même, de pouvoir être aux commandes de sa propre vie et non plus la remettre en d'autres mains qui savent pour soi et surtout font un calcul très profitable sur cette vulnérabilité désappropriée à qui la vit.

Maldoror sent naître en lui une force inconnue.

Besoin de l'infini. Il est davantage que le fils de l'homme et de la femme. Sa faim est amie des tempêtes, et du tigre à la cruauté reconnue.

Métaphores du cataclysme originaire: nuits orageuses, vents des tempêtes. Le désespoir provoqué par ce cataclysme irrémédiable enivre, paradoxalement, comme le vin.

Toujours lutter contre ce qui veut lui prendre la tête: "Qui donc, sur la tête, me donne des coups de barre de fer, comme un marteau frappant l'enclume?"

Je ne suis pourtant pas un criminel, dit Maldoror. Il ne fait rien de plus que ramener la cruauté originaire à tous ceux qui en ont été désappropriés sans savoir qu'ils étaient en même temps bicéphalisés.

Métaphore du vieil océan. Immense bleu appliqué sur la terre, traces rappelant les rudes commencements de l'homme, lui faisant faire connaissance avec la douleur, qui ne le quitte plus. Cordon ombilical coupé. Pas de possibilité de le relier à nouveau. La grande famille des humains est une utopie digne de la logique la plus médiocre, et c'est la notion d'ingratitude qui se dégage.

La métaphore du vieil océan est celle de l'abîme immense, de ses profondeurs vertigineuses, que les hommes ne pourront plus jamais explorer, n'étant ni des poissons ni des fœtus. Cet océan de vertige cataclysmique, les hommes ne peuvent le dominer, c'est quelque chose de plus fort qu'eux, ils ont trouvé leur maître et c'est la vague tourbillonnante de leur naissance. L'océan, la force cruelle. Alors, le cœur humain de l'homme à qui cela arrive, l'homme qui peut alors penser en première personne, devient plus profond que l'océan. Profondeur de liberté, de possibilités qui s'offrent virtuellement dans ce point d'abîme. Alors, océan, tu es mon frère, avec ta force cruelle, lorsque tu déroules tes vagues épouvantables moi seul te comprend, alors que la majesté de l'homme est si souvent empruntée, la tienne non. En présence de ta supériorité, je te donnerais tout mon amour.

Naître comme mourir à un état ancien, fœtal, dans une bulle. "Je veux mourir, bercé par la vague de la mer tempétueuse", "je sais que mon anéantissement sera complet".

Cruel. Un vampire d'un genre très spécial. Ne pas me prendre ma tête. "Mère, il m'étrangle…Père, secourez-moi…", "Un cri d'ironie immense s'est élevé dans les airs". Ni mère ni père, face à Maldoror, ne peuvent s'opposer à l'arrachement. C'est la vie bicéphale, la vie reliée, la vie dépendante, la vie biberonnée, la vie indolente, qui meurt. Pour une autre vie. Et, dans l'intuition de cette autre vie, libre, il sent les flots tumultueux d'une haine vivace, monter comme une épaisse fumée à l'assaut de son cerveau. Lui, il n'est pas comme les autres, ses habits indiquent un habitants de quelque pays lointain.

Maldoror voit apparaître le monarque des étangs et des marécages, un simple habitant des roseaux mais venu le retirer de l'abîme. Celui-ci lui dit qu'il existe des sphères plus spacieuses que ces zones marécageuses, et dont les esprits ont une intelligence que nous ne pouvons même pas concevoir. Bien sûr, puisqu'il s'agit de se réapproprier son cerveau supérieur, son cerveau parallèle, mourir au confort de la bicéphalisation. Alors, Maldoror commence à essayer sa lyre, et nous reconnaissons déjà une empreinte forte au milieu des imperfections. La fin du dix-neuvième siècle verra son poète, né sur les rives américaines, là où jadis deux peuples rivalisaient et où ils s'efforcent maintenant de se surpasser par le progrès matériel et moral. Mais, écrit Lautréamont, la guerre éternelle, et pourquoi pas la guerre originaire, la cruauté cataclysmique, a placé son empire destructeur sur les campagnes, et moissonne avec joie des victimes nombreuses, mêmes si elles ne se sont pas encore réapproprié leur naissance. Et, jeune homme, ne désespère point, car tu as un ami dans ce bizarre vampire assoiffé du sang de la naissance, comme désirant la rappeler à chaque humain, la lui ramener, voilà, vous avez oublié ça.

Chant Deuxième. Je voudrais, dit Maldoror, que l'homme ne ressente pas, moi qui ne lui apprends rien de nouveau, une honte éternelle pour mes amères vérités. Maldoror arrache le masque à la figure traîtresse et pleine de boue, et fait tomber un à un les mensonges sublimes avec lesquels l'homme se trompe lui-même. Le héros que Lautréamont met en scène, chevalier défenseur de l'inscription de la cruauté originaire, s'est attiré une haine irréconciliable, en attaquant l'humanité, qui se croyait invulnérable, par la brèche d'absurdes tirades philanthropiques.

Curieux père! "Il me semble que je parle d'une manière intentionnellement paternelle, et que l'humanité n'a pas le droit de se plaindre". Un père qui ne sauve pas de la cruauté originaire, de ce cataclysme comme acte de naissance et d'auto-appropriation de son propre cerveau.

Toujours, le cataclysme. L'orage parcourt l'espace. Il pleut toujours. La foudre a éclaté. Mais cet orage ne cause pas de crainte. Les orages attaquent quelqu'un de plus fort qu'eux. La vie, avec un cerveau bien à soi, se poursuit. Par-delà le sang. Le Créateur tracasse par un orage qui porte la foudre. Ce Créateur "montrerait beaucoup de sagesse si, pendant le temps strictement nécessaire pour briser d'un coup de marteau la tête d'une femme, il oubliait sa majesté sidérale, afin de nous révéler les mystères au milieu desquels notre existence étouffe, comme un poisson au fond d'une barque." Coup de marteau sur le maternage éternisé déniant la naissance cruelle, seul le père Créateur envoyant l'orage cataclysmique lance une parole à l'être humain. Mais la cruauté existe d'elle-même, s'effectue et s'inscrit d'elle-même, rendant inutile celle du Créateur. "J'ai vu le Créateur, aiguillonnant sa cruauté inutile, embraser des incendies où périssaient les vieillards et les enfants".

Lautréamont parle d'un adolescent qui se démène en vain dans un siècle où il a été jeté, il sent qu'il n'y est pas à sa place, et cependant il ne peut en sortir, la prison est terrible, cela lui prend la tête. Et sa poésie, alors, ne consistera qu'à attaquer, par tous les moyens, l'homme, cette bête fauve, et le Créateur, qui n'aurait pas dû engendrer pareille vermine.

L'hermaphrodite dort dans un bosquet entouré de fleurs, sur un gazon mouillé de ses pleurs. Rien ne paraît naturel en lui. Comment se procure-t-il les moyens d'existence? Il ne ressemble à personne. Le poète s'est écarté, s'est détourné. Il a pris la solitude pour compagne, et contre la Providence il élève à peine un soupir de reproche. Noblesse poétique de son âme. Voyageur qui semble égaré, qu'un esprit d'aventure, sur la lancée d'une cruauté originaire cataclysmique et vertigineuse, a fait quitter père et mère, dès l'âge le plus tendre. Les voyages sur les terres lointaines et les mers inexplorées, au milieu des glaçons polaires ou sous l'influence d'un soleil torride lui donnent de la dignité. Une étoile est descendue sur la chevelure de l'hermaphrodite, la rendant sacrée, son front majestueux en est entouré d'un éclat de diamant, comme d'une auréole. Il s'est envolé sur un nuage pourpre vers une autre sphère, habitée par des êtres de même nature que lui. Le poète s'imagine une autre fraternité que celle des êtres bicéphales qui se sont laissés désapproprier leur naissance cruelle.

"On raconte que je naquis entre les bras de la surdité! Aux premières époques de mon enfance, je n'entendais pas ce qu'on me disait". Et c'est en lisant ce que quelqu'un avait écrit sur une page qu'il apprit à communiquer. Par l'écriture.

Enfant, fatigué de talonner du pied le sentier abrupt du voyage terrestre et de s'en aller en chancelant comme un homme ivre, il leva ses yeux spleenétiques plus haut encore que le firmament qu'il osait pénétrer même si jeune, il aperçut un trône formé d'excréments humains et d'or sur lequel il y avait, dans un linceul, le corps de celui qui s'intitule lui-même Créateur, tenant dans ses mains le corps pourri d'un homme. Voilà, même entre les mains du Créateur soi-disant Tout-Puissant, les hommes réduits à la dépendance par rapport à la présence remballant dans le retour du né dans le non-né, réduits à la bicéphalité, au plagiat de leur cerveau par ce qui organise leur élevage comme s'ils n'étaient que des animaux un peu plus sophistiqués parmi les autres animaux, ces hommes sont des morts virtuels entre la maternité et le cimetière, leur corps est déjà virtuellement pourri entre les mains du Créateur lui-même impuissant, lui-même mort. Alors, l'enfant vit ce Créateur se transformer, et se mettre à dévorer des êtres amphibies, n'en finissant pas avec son repas cruel, et sa barbe était pleine de cervelle. Voilà ce qui était fait des cerveaux! L'enfant, par cette vision, se mit à trembler comme la lave intérieure d'un volcan. Il poussa un cri déchirant, tel un nouveau-né! Et il entendit! En fait, il était en train de vivre avec retardement sa naissance, par cette cruauté! Le son humain ne pouvait en effet arriver à son oreille qu'avec le sentiment de la douleur. Enfin, ses sentiments étouffés pouvaient se traduire en un hurlement impétueux! Plus tard, il connut davantage encore l'humanité, et cette cruauté qui faisait perdurer la naissance, et il put crier une fureur intense contre cette tigresse marâtre. Audace du mensonge, quand ils disent que le mal n'est chez eux qu'exceptionnel! Le mal, si dénié, est en fait partout comme le fait cruel de la naissance.

Le pou. "Je suis déjà content de la quantité de mal qu'il te fait, ô race humaine; seulement je voudrais qu'il t'en fît davantage." Les tremblements de terre et les tempêtes cataclysmiques, vertigineuses, continuent de sévir depuis le commencement des choses. Le pou a son règne assuré sur l'univers, nourri de sang. Fils de la saleté. Des millions d'ennemis s'abattront comme des nuages de sauterelles sur les hommes et leur feront des blessures cruelles.

Avec la froideur des mathématiques, sans passion, Maldoror peut vaincre l'homme, peut lui rendre par la force le contact avec la cruauté originaire qu'il a oubliée à la maternité. "A l'aide de cet auxiliaire terrible (servant au calcul et à ses profits) je découvris, dans l'humanité, en nageant vers les bas-fonds, la méchanceté noire et hideuse, qui croupissait au milieu de miasmes délétères, en s'admirant le nombril." Alors, il a pu faire descendre de son piédestal le Créateur, comme s'il n'avait soudain plus pu croire en son père pour sauver de la cruauté. Le père créateur avait pour adversaire quelqu'un d'infiniment plus fort que lui!

Les lampes poétiques! Qui brillent de manière extraordinaire, et s'empressent de désigner la présence pernicieuse de Maldoror, en portant l'attention des adorateurs vers le côté où vient de se montrer l'ennemi des hommes, celui qui ne leur sauve pas la cruauté originaire vertigineuse. Maldoror voit une espèce de provocation dans l'attitude de cette lampe! Car c'est une lampe qui est aussi un ange! Envoyé du Seigneur! Lutte avec l'ange! L'ange monte vers les hauteurs sereines du bien, tandis que Maldoror, le chevalier de la cruauté, le vampire spécial, bien sûr descend vers les abîmes vertigineux du mal intransitif. Il se dit qu'il est joyeux de vaincre tôt ou tard le Grand Tout qui veut s'occuper de soi à sa place pour tout, le vaincre pour régner à sa place, aux commandes de son cerveau, sur l'univers entier.

Lautréamont et les pensées de son enfance. Chaque matin, il ressent un poids dans sa tête. Insomnie la nuit. Si on veut lui prendre sa tête, si dans sa tête se livre une bataille terrible, comment baisser la garde en s'endormant?

L'enfant doute du Créateur, qui envoie le choléra ravager les cités, ou la mort emporter dans ses serres, il ne veut pas se lier avec un ennemi si redoutable, ou plutôt si impuissant. Ses amusements équivoques ne sont pas à la portée de cet enfant. Le créateur est donc le cruel, pour lui, n'écoutant pas ses prières, et il lui serait douloureux de marcher à côté de sa cruelle tunique. Frappé par les jeux inconcevables de son imagination de tigre. L'enfant ne cesse pas de voir la cruauté à l'œuvre! Il voit trop souvent ses dents immondes claquer de rage. Son scalpel ricane. L'enfant, si jeune, sent déjà que la bonté n'est qu'un assemblage de syllabes sonores. Il ne l'a trouvée nulle part. Extrême et cruelle lucidité de Lautréamont dès l'enfance!

L'enfant poète, le très jeune Lautréamont, cherche en vain une âme qui lui ressemblerait.

C'était le soir, la nuit commençait à étendre la noirceur de son voile sur la nature, quand une belle femme apparut, étendant sur lui son influence enchanteresse. Mais elle était le loup et lui l'agneau, et ils ne pouvaient donc se regarder avec des yeux doux. Et c'est alors que, sous l'influence de cet envoûtement qui lui venait de la femme (tentation d'être remis dans la voûte, d'être remballé comme s'il n'était pas né), un navire apparaît à l'horizon, encore un simple point. La tempête commençait son attaque, le ciel s'obscurcissait, il comprenait d'où le cataclysme originaire l'avait fait tomber, c'était lié à la femme, et la bulle matricielle était comme ce navire exposé au cyclone ravageur. Le vent sifflait avec fureur, coups de tonnerre au milieu des éclairs, les voiles sont en charpies, des voies d'eau s'ouvrent dans les flancs du navire. Le navire sombre avec lenteur, mais avec une telle…majesté! Il s'échappe d'entre les flancs de ce bateau un cri universel de douleurs immenses, douleurs de la naissance irrémédiable, tandis que la mer impitoyable redouble ses attaques redoutables. On ne saurait de manière métaphorique mieux décrire un accouchement, et une femme qui accouche avec une cruauté incroyable, tel le loup face à l'agneau! Le navire tire des coups de canons d'alarme, mais c'est avec majesté qu'il sombre!

En fait le navire ne sombre pas vraiment, il devient les capacités poétiques du cerveau.

Lautréamont écrit: "J'épiais dans l'extase cette force de la tempête, s'acharnant sur un navire, sous un ciel sans étoile. Je suivis, dans une attitude triomphante, toutes les péripéties de ce drame". L'instant s'approchait où "j'allais, moi-même, me mêler comme acteur à ces scènes de la nature bouleversée". Voilà la chose capitale: devenir l'acteur de sa propre naissance. Extase de naître, en même temps sombrer dans le mal vertigineux et monter au ciel poétique, être aux commandes de son cerveau qui se désamarre.

Chant troisième. Mario et celui qui galopait auprès de lui n'ignoraient pas les bruits vagues et superstitieux que racontaient dans les veillées les pêcheurs de la côte. Chacun prend autant d'intérêt à la vie de l'autre qu'à sa propre vie. Aucun des deux ne rit. Il n'y a pas de quoi rire. L'un des deux porte sur son visage le poids des terribles impressions qu'y ont gravées la réflexion. . L'autre s'efforce de lui rappeler sa jeunesse dorée, en vain. Il s'étonne seulement de ne pas pouvoir le rendre heureux. Alors lui apparut le Tout-Puissant revêtu de ses instruments de torture, dans toute l'auréole resplendissante de son horreur.

Combat entre l'aigle et le dragon. Le dragon meurt dans d'effroyables agonies. Dragon cataclysmique. Enveloppes matricielles serpentines qui s'en vont dans les tourbillons vertigineux et terribles de la naissance. Ainsi donc, Maldoror l'a remporté, il a vaincu l'espérance de relier à nouveau l'envoûtement matriciel qui bicéphalise les mortels dépendants.

L'adolescent écorché des pieds à la tête. Torturé par un pareil bourreau, ensanglanté comme à sa naissance. Il est parti dans sa demeure céleste. Ce jeune homme, broyé dans l'engrenage de supplices raffinés, métaphores de la cruauté de la naissance, avait pu devenir une intelligence de génie, et consoler les hommes, sur cette terre, par des chants admirables de poésie, de courage, contre les coups de l'infortune. Il s'en était fallu d'un cheveu, mais oui! Le cheveu et son maître s'embrassèrent étroitement. Le cheveu et le pou.

Chant quatrième. L'idée que je suis tombé, volontairement, aussi bas que mes semblables me pénètre comme un clou de forge! Pourtant, il y a longtemps que je ne me ressemble plus! Soit! Que ma guerre contre l'homme (bicéphale) s'éternise! Moi seul, contre l'humanité! Deux amis qui cherchent obstinément à se détruire, quel drame!

Deux piliers. Je ne sais pas rire. C'est très difficile d'apprendre à rire. J'ai été témoin de quelque chose de plus fort. J'ai vu une figue manger un âne! Et je n'ai pas ri! Mais une larme! Elle réduite à une figue! Et lui à un âne! Et je n'ai pas ri, j'ai versé une larme! "Jusqu'à nos temps, la poésie fit fausse route; s'élevant jusqu'au ciel ou rampant jusqu'à terre, elle a méconnu les principes de son existence, et a été, non sans raison, constamment bafouée par les honnêtes gens." La figue mangeait un âne.

Il chante pour lui seul, et non pas pour ses semblables, c'est ça la différence, et la poésie. Il ne place pas la mesure de son inspiration dans la balance humaine. Libre comme la tempête qui l'a rendu libre, il est venu échouer sur les plages indomptables de sa terrible volonté! Dans ses combats surnaturels, il attaque l'homme et le créateur, et enfonce son épée dans le ventre de la baleine.

Les mains entrelacées d'une épouse et d'une mère élevèrent un jour pour l'homme une potence. A l'horizon, la chevelure noire se balançait au vent. Les êtres humains ont rejeté jusqu'à un point indescriptible l'empire d'une autre raison, pour ne laisser subsister, à la place de cette reine détrônée qu'une vengeance farouche!

Je n'ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Cependant mon cœur bat. Une vipère méchante a dévoré ma verge et a pris sa place. C'est elle la cheftaine, elle m'a rendu eunuque, cette infâme! Mais laisse-moi réchauffer ma ténacité à la flamme du martyre volontaire. La haine est plus bizarre qu'on ne croit. Réfléchis au sort fatal qui m'a conduit à la révolte!

Une petite fille se penchait sur un lac pour cueillir un lotus rose, quand ses yeux rencontrèrent le regard de Maldoror. Aussitôt, le tourbillon qu'engendre la marée autour d'un roc la fit chanceler, et elle tomba jusqu'au fond du lac. Elle ne cueillit plus aucune nymphéacée! Au-dessous, sa volonté, qui s'est rangée sous le drapeau de la délivrance, livre des combats acharnés contre la pourriture!

Le poète voit arriver un amphibie de nouvelle espèce. Il raconte son histoire. Deux jumeaux, son frère et lui, parurent à la lumière. Lui était le plus beau et le plus intelligent, et le père et la mère firent rejaillir sur lui la plus grande partie de leur amour. Son frère ne connut plus de bornes à sa fureur, le calomnia dans le cœur de leurs parents. Il vécut alors pendant quinze ans dans un cachot rempli de larves et de fanges. Tourments de cette longue séquestration injuste. Mais il a pardonné à son frère cette inscription de la cruauté originaire. Il était en réalité le jumeau-placenta en voie de décomposition. "Depuis le jour que je m'enfuis de la maison paternelle, je ne me plains pas autant que tu le penses d'habiter la mer et ses grottes de cristal". "J'évoquais le souvenir de Palmer …chaque nuit". Le rôle du jumeau disparu, chez Lautréamont…C'est un ami qu'il possédait dans les temps passés. "Je n'ignore pas qu'un jour sa chevelure me resta entre les mains". Ce choc contre le tronc de chêne l'a-t-il tué? Le jumeau placentaire, dans la cruauté tourbillonnante de la naissance, disparaît forcément. Ces cheveux blonds… Maldoror s'enfuit au loin, avec une conscience désormais implacable.

Chant cinquième. Que le lecteur ne fasse pas attention à la manière bizarre dont Lautréamont chante chacune de ces strophes, mais qu'il soit sûr que les accents fondamentaux de la poésie n'en conservent pas moins leur intrinsèque droit sur son intelligence. Lecteur, pour moi il est indubitable que tu vogues déjà en pleine convalescence. Je ne désespère pas de ta complète délivrance, pourvu que tu absorbes quelques substances médicamenteuses. Comme nourriture astringente et tonique, tu arracheras les bras de ta mère, tu les dépèceras en petits morceaux, tu les mangeras, ou bien, si elle est trop vieille, choisis ta sœur et fais la même chose. Nous verserons pour elle deux larmes de plomb, et ce sera tout. A bon entendeuse salut! … Bois une potion avec du pus blennorragique, où sera dissous un kyste pileux de l'ovaire, un chancre folliculaire, un prépuce enflammé, et trois limaces rouges. Suis mon ordonnance, et ma poésie te recevra les bras ouverts, comme le pou la racine d'un cheveu.

"Je le voyais maintenant, l'homme à l'encéphale dépourvu de protubérance annulaire!"

Cette femme, que tu avais traînée à travers les vallées et les chemins, sur les ronces et les pierres, il y a longtemps qu'elle est morte, comme le dragon des enveloppes matricielles s'est décomposé.

Cette femme nous a trahis, toi le premier, moi le second, il me semble que cette injure ne doit pas disparaître du souvenir si facilement. "Cette femme, par son pouvoir magique, m'a donné une tête de palmipède, et a changé mon frère en scarabée: peut-être qu'elle mérite de pires traitements que ceux que je viens d'énumérer". Femme, le maternage qui bicéphalise est une malfaisance bien pire que la cruauté de la naissance, car elle donne une tête de palmipède, même apparemment savant. Le pélican sur son phare restait pour avertir les navigateurs humains de faire attention à son exemple et de préserver leur sort de l'amour des magiciennes sombres.

"L'anéantissement intermittent des facultés humaines, quoi que votre pensée penchât à supposer, ce ne sont pas là des mots."

Voilà trente ans que je n'ai pas encore dormi. Sur mon front, celle qui tissa cette pâle couronne fut la ténacité. Le libre arbitre ne craint pas d'affirmer qu'il ne compte pas l'abrutissement parmi le nombre de ses fils. Aucune magie ne peut l'abrutir de divertissement. Pendant le jour, chacun peut opposer une résistance utile contre le Grand Objet Extérieur. Je veux résider seul dans mon intime raisonnement, ne pas être bicéphalisé, aidé à pseudo-penser, l'autonomie, ou bien qu'on me change en hippopotame! Ma subjectivité et le Créateur, c'est trop pour mon cerveau! Mon cerveau se désamarre! Qui que tu sois, excentrique python, ta présence est ridicule! Va laver ton incommensurable honte dans le sang d'un enfant qui vient de naître! Ne mets pas le serpent dans tes comparaisons!

Il y a un rapport entre la beauté du vol du milan royal, et celle de la figure de l'enfant s'élevant doucement au-dessus du cercueil découvert, comme un nénuphar qui perce la surface des eaux.

A partir des murailles du cimetière, Maldoror s'enfuit au grand galop, et il n'est plus qu'un point. Il est le seul véritable mort, une fois la vérité du sang de la naissance versé irrémédiablement écrite. Le vampire disparaît.

La tarentule et sa succion. Tu es encore sous notre magnétique pouvoir, et l'atonie encéphalique persiste. Deux adolescents. Plongeurs éminents. Qui nagent plusieurs minutes entre deux courants. Une longue trace de sang s'aperçut à travers les vagues. Le jumeau s'affaiblissait, était en train de disparaître. C'était la naissance. Le double d'avant s'en allait dans le sang. Désormais, un souffle de son intelligence était resté chez celui qui naquit. Fuite des ruches humaines.

Réveille-toi, Maldoror, le charme magnétique qui a pesé sur ton système cérébro-spinal pendant les nuits de deux lustres s'évapore.

Chant sixième. Maintenant, la partie synthétique de mon œuvre est complète, écrit Lautréamont. Reste la partie analytique. Il faut étayer d'un grand nombre de preuves l'argumentation qui se trouve comprise dans mon théorème. Ces preuves existent. Je vais écrire un roman de trente pages. Notre héros s'aperçut qu'en fréquentant les cavernes, en prenant refuges dans les endroits inaccessibles, il transgressait les lois de la logique et commettait un cercle vicieux. Son activité ne trouvait plus aucun aliment pour nourrir le minotaure de ses instincts pervers. Il résolut de se rapprocher des agglomérations humaines. La police le recherchait, mais Maldoror était un génie pour se masquer. Un jour ici, demain là, etc… Sachez que la poésie se trouve partout où n'est pas le sourire, stupidement railleur, de l'homme à la figure de canard.

Mervyn, ce fils de la blonde Angleterre, vient de prendre chez son professeur une leçon d'escrime. Il retourne chez ses parents. Un obstacle imprévu peut-il l'embarrasser dans sa route? Pourquoi ne considère-t-il pas plutôt comme anormale la possibilité qu'il a eue jusqu'ici de se sentir dépourvu d'inquiétude? De quel droit garderait-il sa demeure fœtale indemne. Quelqu'un le guette et le suit par-derrière comme sa future proie. C'est le héros imaginaire de Lautréamont. Qui a renié père, mère, Providence, amour idéal, afin de ne penser qu'à lui seul. Le fils de famille entre dans l'aristocratique villa, sa mère s'empresse autour de lui, le père élève sa canne et demande qui a mis son premier-né, Mervyn, dans cet état. Le père veut réanimer son fils, la mère reste à l'écart. Elle s'efforce de demeurer tranquille en présence du danger que court celui que sa matrice enfanta. Un flacon de térébenthine à la main, elle le réanime. Il se demande si c'est une tombe qui engourdit ses membres. Il dit qu'un malfaiteur reconnaissable peut s'introduire chez eux. Maldoror écoute derrière la porte. Son intention n'était pas de s'emparer de lui, mais il avait des projets ultérieurs pour cet adolescent timide. Mervyn reçoit donc une missive dans sa chambre. Jeune homme, je m'intéresse à vous, je vous prendrai comme compagnon. Je serai pour toi un frère. Trois étoiles en guise de signature, et une tache de sang en bas de page. Le champ illimité des horizons incertains s'ouvre à lui. Ses professeurs ont remarqué que ce jour-là il n'a pas ressemblé à lui-même. Il change de caractère. Il rêve plus que d'habitude. La mère ne conserve plus d'espoir. Lettre à Maldoror. Il lui dit qu'il serait curieux de savoir comment il a appris l'endroit où demeure son immobilité glaciale. Quand il pense à lui, sa poitrine s'agit comme l'écroulement d'un empire en décadence. Ombre de son amour sur lui. Attendre le crépuscule du matin, et alors il se jettera dans l'entrelacement hideux de ses bras pestiférés, il coupera le cordon ombilical.

Le Tout-Puissant avait envoyé sur la terre un de ses archanges, afin de sauver l'adolescent d'une mort certaine. Maldoror dit que lorsqu'il ne lui enverra plus des escargots et des écrevisses pour régler ses affaires, il daignera enfin venir parlementer lui-même, et ils trouveront sans doute le moyen de s'arranger. Le Tout-Puissant espère retrouver ce fils égaré. Un bâton homicide fait du crabe tourteau un cadavre. Ou se cache-t-il, l'archange?

Le corsaire aux cheveux d'or a reçu la lettre de Mervyn. Il suit dans cette page singulière la traces des troubles intellectuels de celui qui, abandonné aux faibles forces de sa propre suggestion, l'écrivit. Lorsque Mervyn le rejoint, il le mit dans un sac, et le secoua contre le parapet. Plus tard, Mervyn revoit la lumière. Le dénouement va se précipiter.

Lautréamont se présente comme le meilleur professeur d'hypnotisme! Une queue de poisson doit aller annoncer au Créateur que son mandataire a été impuissant à dominer les vagues en fureur de la mer maldororienne.

Lancé au bout d'une corde de l'obélisque jusqu'au Panthéon, après une rotation initiale jusqu'à l'horizontale, Mervyn est pareil à une comète traînant après elle sa queue flamboyante. Telle est la puissance de la poésie de Lautréamont, qu'elle propulse avec cruauté et force violente ailleurs. Maldoror attire à lui par une hypnose spéciale, vertigineuse comme la naissance, et en même temps, la force qui propulse ailleurs la comète intelligente et poétique est infinie.

Alice Granger Guitard

24 août 2003

 

 

 

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