La Légion d’honneur, Raphaël Majan

 

Dans la catégorie des auteurs de romans policiers burlesques, Raphaël Majan mérite sans conteste la citation. Dans ses ouvrages, cet ancien collaborateur du ministère de l'Intérieur français narre les aventures rocambolesques du commissaire Liberty, un agent des forces de l'ordre qui n'hésite pas à commettre des meurtres pour assurer la sécurité des citoyens et diminuer le sentiment d'impunité. Son credo, basé tout entier sur l'intérêt public, ne manque pas de piquant: "Si après chaque meurtre, on arrêtait immédiatement le premier ou le deuxième venu, il n'y aurait plus de crime impuni, et la police gagnerait un temps fou quelle pourrait consacrer à des opérations de sécurité pour rassurer la population." Imparable…

 

Dans La Légion d'honneur, le commissaire Liberty est enfin décoré pour les multiples et précieux services qu'il a rendus à la nation. Le ministre de l'Intérieur en personne va lui remettre le Graal visé par tous ceux qui s'engagent au service de l'Etat, la Légion d'honneur. Mais ô stupeur, Liberty ne ressort pas de la cérémonie aussi gratifié que prévu puisque presque tous ses proches collègues reçoivent également la dive insigne. Le commissaire décide alors, par pure vengeance gratuite, de prouver à la nation entière que même les locaux du ministère ne sont pas à l’abri de l’insécurité…

 

Liberty commence par tuer, avec l'aide de sa fille de 6 ans (!), une proche collaboratrice – au sens propre et figuré… – du ministre de l'Intérieur. L'arme du crime? La Légion d'honneur reçue quelques minutes auparavant et donc les aspérités tranchantes constituent un outil propre au découpage de la chair humaine. La seconde victime de la sanglante décoration sera un garagiste totalement fruste, qui a atterri par le plus grand des hasards au ministère. Astucieux, Liberty parviendra, comme de coutume, à ne pas éveiller le moindre soupçon sur sa personne. Une fois encore, il parvient à porter haut les valeurs de son credo meurtrier.

 

La Légion d'honneur est un ouvrage léger et pétillant. On le déguste hilare, sans trop se prendre la tête. On conseillera juste aux personnes intéressées à découvrir le monde guilleret et cinglant de Raphaël Majan de lire les ouvrages dans leur ordre de parution. Les renvois aux épisodes précédents sont en effet nombreux puisque l'auteur a déjà "commis" une dizaine de polars, en l'espace de trois ans. Qui dit mieux?

 

Florent Cosandey, 2 février 2007