Julien  GRACQ

« Au Château d'Argol »

    Julien Gracq, de son vrai nom Lucien Poirier, est né en 1910 à  Saint-Florent le Viel sur les bords de la Loire. Il est récemment décédé le 23 décembre 2007.
    Après quelques années en pensionnat, il poursuit ses études au Lycée Henri IV à Paris, puis à l'Ecole Normale Supérieure et l'Ecole libre des Sciences Politiques.
Agrégé d'histoire, il enseigne à Nantes, Quimper et Paris et publie en  1937 son premier livre « Au château d'Argol »..
    En 1951, le prix Goncourt lui est attribué pour « Le rivage des Syrtes », mais il le refuse par  mépris de certains milieux littéraires parisiens.
    Considéré souvent comme
le plus grand écrivain contemporain, il est le seul auteur à avoir été publié de son vivant par la collection  La Pléiade.

« Au château d'Argol », le premier roman de Julien Gracq écrit alors qu'il n'avait que 27 ans, est considéré comme le premier roman surréaliste tel qu'André Breton le rêvait.
Le récit, très simple, n'est pas vraiment une intrigue, ni une action, mais une situation entre trois personnes :
Albert, le maître d'Argol, un château isolé en Bretagne dans une forêt sombre et impénétrable près de l'océan, a invité son ami Herminien et Heide, qu'il ne connaît pas et qui symbolise la femme dont il va tomber amoureux :
« En une seconde, Heide peupla la salle, le château et la contrée d'Argol tout entière de sa radieuse et absorbante beauté. Elle paraissait entièrement vêtue d'étoffes blanches, d'un travail remarquablement délicat, - aux plis amples, parmi lesquels jouaient ses mains roses.
Son visage était divers comme les heures du jour, et la combinaison magnifique des plans y semblait réalisée d'une façon telle que l'on eût dit un prisme où tout rayon de lumière qui l'atteignait  dût rester enfermé et rayonner sous la peau d'une clarté douce, une cristallisation animée du jour.
Les yeux mêmes, où les poètes ont voulu voir le seul reflet humain du ciel, n'étaient peut-être qu'une lueur à peine plus intense dans un visage sous lequel la lumière paraissait sans cesse chavirée par d'invisibles et translucides vaisseaux…». 
                              …/...