" Pour les gens qui ne savent pas grand-chose, lArétin est une espèce de marquis italien qui a rédigé, en trente-deux articles, le code de la luxure. On prononce son nom tout bas; on dit : Vous savez, le Traité de lArétin
Et on simagine que ce fameux traité traîne sur les cheminées des maisons de débauche, quil est consulté par les vicieux comme le code Napoléon par les magistrats et quil révèle de ces choses abominables qui font juger à huis clos certains procès de murs.
Détrompons quelques-uns de ces naïfs.
Pierre lArétin fut tout simplement un journaliste italien du 16e siècle, un admirable sceptique, un prodigieux contempteur de rois, le plus surprenant des aventuriers qui sut jouer, en maître artiste, de toutes les faiblesses, de tous les vices, de tous les ridicules de lhumanité, un parvenu de génie doué de toutes les qualités natives qui permettent à un être de faire son chemin par tous les moyens et dêtre redouté, loué et respecté " (Guy de Maupassant).
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Pierre lArétin, écrivain et dramaturge italien, est né le 20 avril 1492 à Arezzo (lArétin signifiant " venant dArezzo "); sa mère, fort belle, était courtisane et modèle dartistes; son père, gentilhomme du nom de Bacci, a très vite délaissé son fils.
Son enfance fut vagabonde et presque sans éducation. A seize ans, il senfuit à Pérouse où il resta plusieurs années en travaillant comme relieur. Attiré par Rome, un riche banquier, mécène de Raphaël, le prit sous sa protection.
Il voyage en Italie, se fait même un temps capucin à Ravenne, puis réussit à devenir valet au service du pape Léon X. Il fait parler de lui en écrivant des sonnets à la louange de grands personnages, ou des satires mordantes contre ceux qui le rejettent.
Le pape Clément VII lui verse une pension pour le récompenser de ses " Laude di Clemente VII ", mais il a la maladresse décrire aussi des Sonnets luxurieux ( Sonetti lussuriosi), pièces assez crues illustrées par 16 illustrations érotiques de Giulio Romano. Cet écart lobligea à partir de Rome au plus vite.
Pierre lArétin, écrivain et dramaturge italien, est né le 20 avril 1492 à Arezzo (lArétin signifiant " venant dArezzo "); sa mère, fort belle, était courtisane et modèle dartistes; son père, gentilhomme du nom de Bacci, a très vite délaissé son fils.
Son enfance fut vagabonde et presque sans éducation. A seize ans, il senfuit à Pérouse où il resta plusieurs années en travaillant comme relieur. Attiré par Rome, un riche banquier, mécène de Raphaël, le prit sous sa protection.
Il voyage en Italie, se fait même un temps capucin à Ravenne, puis réussit à devenir valet au service du pape Léon X. Il fait parler de lui en écrivant des sonnets à la louange de grands personnages, ou des satires mordantes contre ceux qui le rejettent.
Le pape Clément VII lui verse une pension pour le récompenser de ses " Laude di Clemente VII ", mais il a la maladresse décrire aussi des Sonnets luxurieux ( Sonetti lussuriosi), pièces assez crues illustrées par 16 illustrations érotiques de Giulio Romano. Cet écart lobligea à partir de Rome au plus vite.
Sa célébrité lui vaut dêtre invité par Jean de Médicis, prince aventurier qui en fit son poète favori et le présenta même à François 1er.
A la mort du prince, en 1526, lItalie est en guerre; victime dune tentative dassassinat, lArétin part vivre à Mantoue, puis enfin à Venise, la ville italienne la plus opposée au pape, où il vivra jusquà sa mort en 1556.
Ces sonnets, non dépourvus de finesse, petit kama-sûtra de lépoque, et satire de la corruption du milieu pontifical, témoignent de lextraordinaire liberté de ton de lArétin et de la Renaissance.
Par provocation, après avoir obtenu du pape Clément VII la libération du graveur Raimondi, lArétin aurait déclaré à propos des gravures :
" Les ayant vues, je me trouvais en proie au même esprit quavait auparavant poussé Giulio Romano à les dessiner. Je débitai sur ces postures les sonnets de luxurieuse mémoire que lon voit au bas des figures ".
Guillaume Apollinaire sest intéressé à ces poèmes et en a laissé une traduction remarquée et maintenant largement diffusée. Mais les traductions des siècles passés sont toujours très prisées des collectionneurs.
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A Venise, lArétin appliqua, auprès du doge et des seigneurs, la maxime redoutable de son génie satirique: " Payez moi où je vous couvrirai de boue ".
Il était craint par son génie de la plume et sintitulait lui-même " le fléau des princes ".
LAretin est installé à Venise dans un superbe palais situé sur le Grand Canal; il est entouré de disciples et de profiteurs car il est généreux par vanité. Il a pour amis dévoués le peintre Titien et larchitecte Sansovino.
Il mène une vie dissolue, avec de nombreuses maîtresses et un " harem " de six femmes très belles nommées par lui les Arétines. Il eut plusieurs filles, des bâtardes, mais quil aima tendrement et dont il disait : " Elles sont légitimées dans mon cur ".
Cet homme, voué aux plaisirs et qui méprisait lamour, devint pourtant amoureux dune toute jeune fille, Pernia Riccia, quil avait installée chez lui.
Mais elle tomba malade et mourut malgré le dévouement de lArétin qui la veilla nuit et jour. Sa douleur fut si grande quil resta un an dans la solitude et les larmes; il la pleurait encore à la fin de sa vie.
" Maître-chanteur de son temps et roi du mensonge ", lArétin a laissé dix volumes de Lettres laudatives qui lont enrichi considérablement.
Il se sent libre de tout dire et calomnie en masse rois, princes et cardinaux, pour ensuite adresser individuellement à ces gens puissants les flatteries les plus louangeuses.
Il est le premier écrivain qui se soit servi de sa plume pour arriver à la fortune, avec une telle audace et un tel résultat :
" Ce compatriote de Machiavel et des Borgia réunit en lui toutes les bassesses et toutes les ruses, mais possède à un tel point lart dutiliser ces défauts répugnants quil impose le respect et commande ladmiration " (Maupassant).
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Outre des livres licencieux à succès (" La vie des courtisanes, La vie des femmes mariées, La vie des nonnes "), LArétin est lauteur de cinq comédies (La Cortigiana, La Talenta, Le Philosophe ), et dune tragédie ( Les Horaces ).
Vers la fin de sa vie, il publie diverses uvres pieuses, une traduction des Psaumes de David, trois livres sur lhumanité de Jésus Christ ainsi quun livre sur la passion du Christ.
Après sa mort, le pape Paul IV mit lensemble de son uvre à lIndex.
Valeur littéraire de lArétin
Poète satirique, comique, tragique, épique, sa première qualité est dêtre original, avec dheureuses hardiesses littéraires qui ont inspiré de nombreux auteurs célèbres, tels que Rabelais, Molière, Corneille, Sade, et même Shakespeare.
Ses comédies, en particulier, ont une réelle valeur, par la qualité des observations et lentrain de la verve satirique.
Mais sa réputation décrivain licencieux a occulté cet apport positif et sa réhabilitation restera difficile, tant est forte et inaltérable la renommée de ses livres audacieux.
Pierre lArétin faillit devenir cardinal, mais les réticences de Jules III lécartèrent de cette dignité et peut-être même du trône pontifical.
Personne na jamais compris comment un homme aussi notoirement débauché a pu être lami des papes et des grands de ce monde.
Lui seul le savait peut-être qui a écrit :
" Lambition est le fumier de la gloire. Qui ne se montre point ami des vices devient ennemi des hommes ".
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