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Cracheur de feu, Tony Harrison

Poèmes traduits de l’anglais par Cécile Marshall, recueil paru aux Editions Arfuyen

lundi 14 mars 2011 par Françoise Urban-Menninger

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Dans le cadre des Sixièmes Rencontres Européennes de Littératures, le poète britannique Tony Harrison s’est vu remettre le Prix Européen de Littérature 2011. Poète, dramaturge, cinéaste, l’auteur issu d’un milieu populaire a fait de brillantes études de lettres classiques à l’Université de Leeds. C’est après le décès de ses parents qu’il a renoué avec la langue populaire de son enfance. Une langue haute en couleur qui fait danser les mots en révélant toute leur saveur épicée.

Dans Cracheur de feu, Tony Harrison évoque avec une infinie tendresse sa famille. On y côtoie Grand-père Horner qui a buté à coups de semelles un rat d’égout qui s’était réfugié dans la cave, ses oncles, l’un muet, l’autre bègue ou ses parents qui sont autant de fantômes qui viennent hanter ses vers. "Mon père me hante dans les vieux que je vois", avoue l’auteur dans le poème Anti-douleurs et plus loin d’ajouter :" C’est toujours un homme comme lui qui est devant moi". Et l’auteur de revenir souvent dans cet ouvrage pour dire les mots qui lui manquaient quand son père était encore de ce monde. C’est pour cela qu’aujourd’hui, le poète se fait Cracheur de feu pour donner voix à son père, ses oncles, ses grands-pères..."Je suis le clown qu’on envoie pour dégager la piste", lance-t-il dans son numéro époustouflant de jonglerie avec les mots. Dramaturge, Tony Harrison possède l’art de jouer avec le vers iambique et de conférer un rythme aux vocables choisis que son excellente traductrice Cécile Marshall a parfaitement su restituer en français.
L’émotion est intense quand le poète évoque avec humour et tendresse le départ de sa mère :" Et quand, m’a-t-on dit, l’ambulance est arrivée/ Mes dents ! furent les derniers mots de ma mère./ Etre sans son dentier, même sur un brancard,/ C’était plus humiliant que la mort même."
Auteur de poèmes-reportages, Tony Harrison écrit une poésie qui s’inscrit dans le monde et se nourrit de réalité. Dans "Une froide équipée", un Irakien calciné se penche vers lui depuis son pare-brise bombardé et l’interpelle pour un entretien inédit d’un réalisme cru avec la mort.
La poésie de Tony Harrison puise sa force dans l’écart, voire la fracture, qui travaille chaque texte telle une blessure jamais refermée au plus vif de l’âme. Tout à la fois poète prolétarien et éminent helléniste, l’auteur trouve sa place en pourfendant les institutions (blairisme, tchatchérisme) et en bousculant les mots, libérant ainsi sa langue dans la quête d’une parole authentique qui soulève les masques et brise les tabous et qui n’en finit pas de nous bouleverser et dans le même temps de nous enchanter.

Françoise Urban-Menninger

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