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Livre Journal 1919

Ferdinand Bac - Editions Claire Paulhan 2000

dimanche 16 octobre 2005 par penvins

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Merveilleuse idée qu’a eue Claire Paulhan de publier l’année 1919 du journal de Ferdinand Bac que l’auteur tiendra depuis le 5 juillet de cette première année d’après la Grande Guerre jusqu’en 1934. Ferdinand Bac est le petit-fils de Jérôme Napoléon Bonaparte, c’est bien entendu un mondain et son Journal pourrait être d’un grand ennui pour tous ceux qui ne s’intéressent pas à la vie des gens bien nés. C’est tout le contraire. On peut bien sûr le lire pour les potins ou tout simplement pour connaître la vie d’une certaine société et l’on n’y verra alors que le dépit d’une classe sociale devant le monde moderne qui s’annonce. Mais on peut aussi en lecteur attentif s’intéresser à ces personnages qui font preuve au sortir de la Guerre d’une grande lucidité sur l’avenir qui les attend.

La Grande Guerre aura été le tournant du siècle, le point de non-retour et cela non seulement en raison de ses atrocités, de l’inimaginable carnage qu’elle a été, mais peut-être et surtout en raison de la stupidité du traité de Versailles qui y a mis fin. Nous découvrons par exemple dans ce journal le portrait des généraux tels qu’ils furent sans la gloire que l’Histoire a retenu, des hommes tout simplement avec leurs ambitions et leurs bassesses, nous découvrons aussi le manque de courage des politiques qui pour ne pas froisser le peuple auquel ils ont promis que l’Allemagne paierait exigent un sacrifice et une humiliation de l’ennemi tout à fait au-delà du raisonnable. Nous sommes proches des lieux de décision, proche de là où qui a été accomplie cette stupidité peut-être encore plus grande que la guerre elle-même. Mais en même temps nous sommes un peu de côté, en raison peut-être de la bâtardise de son père, Ferdinand Bac reste en effet un observateur, il est en retrait et se méfie des généralités, ce qui donne à son analyse des mœurs de cette année charnière une richesse inestimable.

Bien sûr ce n’est que l’écho d’une époque et d’un pays qui ne se limite pas à ces quelques privilégiés, mais c’est aussi et avant tout le point de vue de quelqu’un qui appartient à une élite en train de perdre la partie. Le peuple a gagné pourrait-on dire, en cette année 1919, il a obtenu le droit à la vulgarité, il s’embrasse à pleine bouche dans les lieux publics ce qui semblait jusqu’alors inconcevable et l’on sent bien que l’on passe d’un monde à un autre. Ce qui est en cause ce ne sont pas les privilèges de l’argent, c’est beaucoup plus, c’est toute la structure d’une société qui sait faire passer ce qu’elle appelle la beauté et le goût, c’est à dire bien souvent l’essentiel, avant la marchandise et la satisfaction immédiate des bas instincts.

Il y a là le souvenir d’un monde en train de s’évanouir, d’un monde qui a vu la mort l’envahir et qui a perdu ses illusions. Un document inestimable sur cette année horrible où se dessine l’avenir de l’Europe et du monde autour d’un tapis à Versailles.

Penvins
16/10/2005



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