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Mon corps et ses images

J.-D.Nasio, Editions Payot, 2007

mercredi 31 janvier 2007 par Alice Granger

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Quelle est la substance de notre moi, c’est ce que se propose de nous dire J.-D.Nasio dans ce livre qui, parce qu’il a un talent didactique certain, finit par nous paraître simple.

Le moi, c’est-à-dire « le sentiment ineffable d’être soi-même », est « la fusion intime de nos deux images du corps », à savoir celle élaborée par Françoise Dolto, l’Image Inconsciente du Corps, qui est l’impression, la trace dans notre psychisme de chaque sensation, de chaque ressenti physique depuis la gestation et à chaque instant de notre vie, ces traces imprimées entrant en résonance avec chaque nouvelle sensation pour la singulariser en fonction d’expériences des sens anciennes, et celle élaborée par Jacques Lacan, l’Image spéculaire dans le miroir, le nourrisson se voit dans le miroir comme lui-même parmi d’autres, il y a des protagonistes avec lesquels il joue un drame qui « aboutit à la naissance du ‘Je’ de l’enfant, de son ‘moi’ et de ‘l’autre’ ».

C’est dire si par ces images, qui s’impriment toujours dans le présent du vécu mais toujours en entrant en résonance et interactivité avec les impressions anciennes toujours actives, dessinent le double de cet objet réel qu’est le corps toujours d’une manière partielle, morcelée, approximative. C’est dire à quel point « Nous ne sommes pas notre corps en chair et en os, nous sommes ce que nous sentons et voyons de notre corps ».

C’est donc ce qui s’imprime dans le psychisme, de manière consciente ou inconsciente, ce que notre corps sent avec chacun de ses sens et ce que nos yeux voient de notre reflet dans le miroir en comparaison avec d’autres personnes à côté de nous par rapport auxquelles nous avons à nous affirmer comme ‘Je’, qui donne consistance à notre corps dans le présent d’une situation donnée, lequel corps nous échappe. Ce qui s’est déjà imprimé va aussi en quelque sorte influencer la manière dont ce que nous sentons et voyons maintenant va s’imprimer. Là se situent la singularité de chacun de nous, et les pathologies. Les noms, par exemple « bec de lièvre » désignant un défaut physique, vont aussi faire agir dans un sens donné. Et sans doute le nom « Noir » va-t-il inexorablement pousser le corps noir à agir de telle et telle façon, et à se sentir et se voir avec les yeux des autres d’une manière bien précise, comme piégé.

Nasio nous précise donc que les images de notre corps, par lesquelles de manière morcelée et approximative nous avons l’impression fugace de nous saisir nous-mêmes, sont sans cesse dans le présent des relations humaines et des situations en train de s’imprimer en même temps que les images actuelles sont toujours en interactivité avec les images anciennes, lesquelles, telles des signifiants, peuvent faire agir de telle et telle manière.

Alors, ce que nous présente Nasio, c’est son écoute. Les images par lesquelles notre corps se présente dans l’espace, finalement elles n’existent que si une écoute, dans l’entre-deux entre l’autre et moi, l’agrée. Une écoute qui tient compte de l’image spéculaire, quelque part entre l’autre qui écoute et moi qui me présente et parle, et l’image du corps.

S’il n’y avait pas cette écoute, qui intègre les deux aspects des images du corps, l’origine interne et l’origine externe, et l’interactivité entre les impressions anciennes et les impressions actuelles de ces images reflets de cet objet réel insaisissable qu’est notre corps, ce serait encore infiniment plus difficile de se sentir soi à part entière. C’est ce soi que Nasio agrée par son écoute de psychanalyste. Comme pour que son corps à lui soit aussi agréé dans ce nouvel espace qui l’a accueilli.

Si le ressenti du corps est une forte jouissance, alors l’image de cette sensation sera trouée, elle ne se fera qu’en négatif. De là la notion de phallus. Et toutes les autres images s’imprimant s’organiseront par rapport à cette image-là d’une sensation trop forte qui attire à elle comme un trou noir. Des pathologies, des maladies psychosomatiques, à partir de là ?

Voilà, il faut aller lire ce très intéressant livre de Nasio. Je n’en ai dit que quelques bribes.

Alice Granger Guitard



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Messages

  • Si le ressenti du corps est une forte jouissance, alors l’image de cette sensation sera trouée, elle ne se fera qu’en négatif. De là la notion de phallus. Et toutes les autres images s’imprimant s’organiseront par rapport à cette image-là d’une sensation trop forte qui attire à elle comme un trou noir. Des pathologies, des maladies psychosomatiques, à partir de là ?

    Vous pourriez développer un peu votre conclusion ? Illisible sinon !

    • Merci pour votre éloquente réponse Alice Granger ! ( ce n’est pas ironique ) . Je comprends beaucoup mieux grâce à elle la métaphore du phallus . Vous n’êtes pas facile à suivre mais ça vaut tellement le coup d’essayer !

  • Nasio étais venu parler de son livre sur Inter il dois y avoir deux semaines de ça, plus sur de quelle émission il pouvais s’agir, toutefois le sujet semble intéressant à creuser, reste à filer en ville et espérer que ce sera en stock.

    Concernant la simplicité, j’espère que ça n’est qu’une apparence, je serais bien déçu de découvrir que le sujet se trouve appauvri de par une mise à niveau pour en ouvrir l’accès au plus grand nombre, enfin ce point sera aisé à déterminer.

    Merci pour cette synthèse, à la première lecture délicate mais qui une fois calibré délivre une analyse qui semble basé sur une bonne compréhension du sujet.

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