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La source miraculeuse et autres contes des Caraïbes

Paroles d’Olivier Larizza, parution chez Oskar jeunesse dans la série "Contes d’Ici et d’Ailleurs", images de Florence Koenig

lundi 12 octobre 2009 par Françoise Urban-Menninger

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Il ne faut pas s’y tromper, même si ces contes sont publiés dans une collection qui semble être destinée à la jeunesse, ils parlent avant tout aux adultes en leur tendant le miroir grimaçant des travers de l’humanité.

Dans sa préface, Olivier Larizza évoque "la fonction sociale et politique" du conte et rappelle le contexte antillais de ce genre littéraire qui ne peut se comprendre "qu’en remontant un peu le cours de l’Histoire".
Dans les plantations les esclaves distinguent "la parole du jour" vouée à l’ordre et au travail de celle de la nuit où l’on peut aborder "les choses interdites" lorsque le maître dort.
Voilà comment le conte prendra forme, nous dit l’auteur qui quitte dans ce recueil le champ de l’oralité pour "un travail d’écriture très personnel".
Olivier Larizza puise son inspiration dans un bestiaire étonnant où Compère Lapin essaie de gruger Zamba l’éléphant dans "Les douze calebasses", où "Le poisson-volant" perdra la vie à force d’arrogance, renvoyant à l’histoire de la grenouille qui voulait être aussi imposante que le boeuf dans la fable de La Fontaine...
Quand "Ti-Jean roule le Bon Dieu", on savoure la cocasserie de la situation, on rit des traits d’esprit du malicieux héros. Mais le véritable régal qui fait le sel de chacune de ces histoires, c’est indubitablement l’originalité de l’écriture émaillée de trouvailles. En peu de mots mais infiniment bien choisis, l’auteur crée un univers exotique qui nous paraît pourtant familier. D’emblée, on entre dans une danse verbale presque musicale où les mots et les images sont autant de fruits rares à déguster. Des substantifs comme "ramage", "commère" ou "chamade" deviennent des verbes ("le coeur de Zamba chamada"), les expressions sont inédites "Sur le sol ôcre noir la vérité lui râpait le ventre", créant ainsi un style unique aussi coloré que le plumage d’un oiseau des îles.
Dans "Ti-Jean roule le Bon Dieu", la première phrase nous introduit au coeur de l’histoire :"Parce qu’il avait un beau jour roulé maître Coquin dans la farine..." On est pris dès lors dans les filets d’une écriture qui agit comme un charme. On entend parler les personnages avec leur accent chantant :"qu’est-ce que tu wacontes là ?"...Avec l’écriture le conte n’a rien perdu de son oralité, bien au contraire, il se trouve enrichi de perles fines !
Dans "Lisette et le zombi", le conte le plus cruel du recueil avec cette petite fille qui grille des grillons vivants, on pénètre dans les limbes de notre inconscient et on goûte au fruit vénéneux d’une poésie tout à la fois lumineuse et funeste. Olivier Larizza joue à la perfection de la gamme des émotions, tel un marionnettiste, il tire sur les fils invisibles de l’âme humaine pour en dévoiler tour à tour la magnificence ou la noirceur. Les images de Florence Koenig sont des ombres sculptées dans notre imaginaire collectif, elles prolongent l’écriture d’Olivier Larizza dans un rêve éveillé et émerveillé.

Françoise Urban-Menninger

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