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L’enfant au ballon mort - Gilles Cauture
samedi 7 août 2010 par Catherine Nohales

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Peut-on reconstruire sur les ruines d’une vie ? La rédemption est-elle possible lorsque tous ceux que l’on a aimés ont été dévastés par la mort absurde et cruelle de L’enfant au ballon mort ?

C’est ce qu’espère secrètement Thibaut lorsqu’il revient dans le Lot dix ans après avoir disparu sans un mot d’explication, sans rien dire. Clarisse, celle qu’il a tant aimé, vit seule avec Benjamin, son fils venu d’Afrique. Car c’est là-bas, dans ce continent qui vit les hommes se lever, dans ce continent ravagé par les guerres fratricides, que le drame, l’épouvantable drame a eu lieu. Un événement qui va en détruire tous les acteurs. ( A noter que l’histoire racontée par Gilles Cauture est une histoire vraie )

Et c’est Clarisse qui va poser LA question, la seule qui vaille : comment cela a-t-il été possible ? Comment croire en l’Autre après un tel crime ? Car il s’agit d’un crime contre l’enfance, contre l’humanité tout entière.

L’enfant au ballon mort est un très beau premier roman. Le titre à lui seul est un poème, une énigme. J’ai vainement tenté de lui trouver une signification, de chercher ce qu’il pouvait dévoiler de l’histoire à venir. Echec. Echec mais si belle surprise de découvrir un auteur qui aime la langue française et qui lui rend hommage.

En effet, la musique imprègne tout le texte et cela, dès les premières phrases. " En la rejoignant ce soir-là, je n’avais pas su trouver les mots pour la rassurer, pas su faire les gestes pour l’entourer, pas pu lui donner l’amour qu’elle attendait."

Cette musique, ce rythme vous saisissent dès les premiers instants. La rencontre a lieu entre le récit, son auteur et son lecteur. C’est la magie du verbe, c’est cette part énigmatique de la lecture. Encore et toujours la musique.

Il n’y a que trois narrateurs dans L’enfant au ballon mort : Clarisse, Thibaut et Benjamin. Cette polyphonie permet d’avoir le point de vue de chacun des personnages sur un événement passé ou en cours. Lecture différente, interprétation différente qui soulignent les non-dits tragiques et qui éloignent définitivement des deux amants. Ce roman à plusieurs voix est en fait un écho. Clarisse entend la vérité piteuse mais atroce de Thibaut. Thibaut observe son aimée. Que ressent-t-elle ? Quel écho ce tourbillon du passé a-t-il en elle ? Les échos se perdent dans la nuit africaine, dans la nuit continentale. Le drame a tout balayé. Privilégier le récit polyphonique casse la traditionnelle narration linéaire d’un texte. Il faut donc être attentif, et à l’intérieur même du texte. Où commence la réalité ? Où finit-elle ? Le cauchemar, que les beaux paysages lotois ne peuvent dissimuler, refait surface. Et Thibaut ne sait plus, prisonnier qu’il est des dix ans écoulés. Le récit rend compte de cette confusion, de cette perte de repères.

Cette recherche dans la construction du roman, ce choix de privilégier les voix qui se répondent, ou pas, sont aussi la force de L’enfant au ballon mort. C’est un premier roman qui refuse la facilité.

Je dirais aussi que ce qui m’a plu, ce sont les paysages. L’Afrique millénaire, l’Afrique immuable. Le Lot où se protègent Clarisse et Benjamin. Une région solitaire, silencieuse car il n’ y a pas foule, dans ce roman. En quelques mots, en quelques phrases, Gilles Cauture pose un paysage rustique, calme, propice aux randonnées, à la fuite aussi. Aux départs définitifs ?

La sobriété participe du plaisir de la lecture.

Et puis il y a Denis. La figure du Mal, le jaloux pathologique, diabolique. Ses digues intérieures n’ont pas su, n’ont pas pu résister à l’envie, à la jalousie la plus absolue, la plus radicale devant le bonheur lumineux, limpide et évident de Clarisse et Thibaut et dont il était exclu.

Le dernier mot revient à Benjamin. Innocent Benjamin victime dans ce coin de France du racisme et de l’ignorance. Benjamin qui ouvre l’album de son histoire, un album bleu. Celui d’une âme envolée.

C’est un premier roman. C’est une très belle histoire.

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