Introduction à la topologie de Lacan - Jean-David Nasio
vendredi 1er octobre 2010 par Calciolari

Jean-David Nasio
Introduction à la topologie de Lacan
Payot, 2010, pp. 118,6 €

Ce petit livre paru avec la date de 2010 aurait été l’occasion de faire le point sur les acquis topologiques de quelqu’un parmi les plus connus des psychanalyste lacaniens, à savoir Jean-David Nasio. Eh bien, non. Ce texte, dans une version différente constituait en 1987 la troisième partie du livre Les Yeux de Laure ; et donc son travail théorique est encore situable dans la première « restitution » du texte de Lacan par ses anciens élèves après sa disparition en 1981. D’ailleurs, Le Yeux de Laure, remanié a eu une nouvelle édition en 2009, sans le texte didactique d’introduction à la topologie.

Ce livre est justement une introduction à l’archive topologique de Lacan, qui est appelé topologerie par J.-D. Nasio. Quelle soit une topomatique ou une nodologie ou une asphèrologie qui par abduction n’est plus redevable de la topologie des mathématiciens c’est évident, parce que personne ne peut atteindre la psychanalyse de Lacan en passant par la topologie. Et pourtant, il faut lire la topologie pour bien aborder Lacan. Le topologue René Lavendhomme a essayé un passage à travers la psychanalyse, sans réussir.

Gérard Haddad parle du silence de la topologie de Lacan, là où Eric Porge lit aussi chaque détail de l’investigation topologique de Lacan, pendant que les rares psychanalystes mathématiciens, parmi lesquels Natalie Charraud et Alain Cochet, appliquent la leçon topologique de Lacan. Un tout autre chemin est celui de Jean-Michel Vappereau, ancien « conseilleur » de Lacan en mathématique (comme l’était auparavant Jacques Riguet, et plus tard Pierre Soury), qui poursuit un travail d’écriture mathématique de l’expérience analytique en récoltant des résultat nouveaux.

J.-D. Nasio appelle artifices topologiques la voie d’enseignement ouverte par Lacan, c’est-à-dire que leur fonction cesse lorsque la séance est terminée ; bien que les effets puissent se poursuivre toute la vie. Mais il y a des effets, et donc les artifices topologiques ne sont pas une option comme le tableau noir à l’école.

Peut-être que la topologie a été l’avant-dernier dépistage contre l’assaut de la bête sociale. Le dernier jeu au pire a été la dissolution. Débrouillez-vous avec le père, le zéro, le nom, l’autorité, le refoulement. C’est vrai que c’est toujours très difficile : il y a une foule au bord du zéro !

L’essentiel du petit livre de Nasio est dans sa didactique presque scolaire.
Distinction entre les moyens relatifs aux signifiants : les symptômes, et les moyens relatifs à l’objet a : les fantasmes. Identification des quatre figures topologiques utilisées par Lacan pour articuler le réel :

● le tore : la demande et le désir ;
● la bande de Mœbius : le sujet divisé et son dire, un dire signifiant ;
● la bouteille de Klein : un signifiant et les autres ;
● le cross-cap (sphère pourvue d’un cross-cup) : le sujet dans son rapport à l’objet (fantasme).

Bien sur, Nasio donne toutes les références des écrits de Lacan cités dans son texte. C’est ce travail d’archiviste qui est intéressant et qui justifie le titre « une introduction à la topologie de Lacan ». La lecture de la topologie de Lacan reste à faire.

Du tore au cross-cup nous avons toujours affaire au cercle, qui d’ailleurs affecte toute l’œuvre de Martin Heidegger, qui apparemment démantèle la notion de refoulement de Freud (dans les séminaires de Zollikon). Et c’est curieux que le symbole du zéro soit un cercle. C’est l’unique façon de ficeler le vide (zéro vient de l’indien sunya, le vide) ?

Nous sommes lecteurs aussi de la « duction » de la topologie de Jean-Michel Vappereau, prêts à lire son introduction, s’il veut bien l’écrire. Et de Nasio nous attendons la « duction » à la topologie de Lacan.

L’essentiel c’est qu’il faut restituer le texte de Lacan ; et la restitution n’a rien à voir avec l’établissement de son texte. Et il faut restituer aussi le texte de la topologie et celui de la logique, en particulier lorsqu’ils sont pris comme science de la vie. Il faut donc lire le rêve qui a été en premier celui de la théologie et puis de la philosophie ; et qui aujourd’hui est l’apanage du discours scientifique. Ce n’est plus l’heure de faire une petite glose en marge du texte du Maître même si gloser n’est pas interdit.



Livres du même auteur
et autres lectures...

Copyright e-litterature.net
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature