Personne - Gwenaëlle Aubry
jeudi 25 novembre 2010 par Jean-François Ponge

Mercure de France, 2009, 156 pp.

Comment parler d’un père qu’on a très peu connu, dont la vie est longtemps restée pour vous un mystère ? Ange ? Démon ? Le maudire ? Lui pardonner ? La narratrice a choisi la voie d’un dialogue imaginaire, alternant ses propres souvenirs avec les notes écrites au fil du temps par ce père absent, retrouvées dans ses affaires après sa mort. Chaque chapitre prend pour titre un personnage (au hasard : Jean-Pierre Léaud, Dustin Hoffman, un flic, un clown) auquel le père a pu ressembler au cours de ses métamorphoses. Fragile, il avait pourtant tout pour lui, l’intelligence, la beauté, celle du corps et celle du cœur, mais il était habité par un constant mal de vivre, sans jamais la petite étincelle qui vous rend heureux d’exister et vous permet d’aimer. Ses périodes « fastes », ses amours et ses métiers, entre séjours psychiatriques et clochardise, n’ont jamais été que des faux-semblants, des tentatives désespérées pour exister aux yeux des autres, de ses enfants en premier. Remarquablement bien écrit, ce court roman vous prend à la gorge, et la communion est totale avec les deux personnages. On souffre, on rit avec eux. Que demander de plus à un roman ?

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