Notre dernier siècle ?
jeudi 8 mars 2007 par Claude Courty

Lattès Fév. 2004

Sans vouloir tomber dans le perfectionnisme, dommage que la traduction et/ou l’édition de ce livre laisse à désirer ; contrairement à l’humanité, il méritait mieux.

Ceci dit, constat aussi serein que le permet le sujet, en dépit du tiraillement manifeste de l’auteur entre sa curiosité passionnée pour la vie et sa conclusion implicite selon laquelle l’homme la traite de telle sorte qu’il la mérite bien peu.

Quoi qu’il en soit, l’humanité est prise à son propre piège et doit s’apprêter à payer l’addition. Quand bien même sa vanité et ses abus à l’égard d’une nature dont elle a tiré un parti aussi outrageant ne suffiraient pas à lui attirer les graves ennuis qu’elle a bien cherchés, elle est vouée à subir les conséquences de son inconséquence

Outre la ruine de l’âme, une “science sans conscience”, partagée par un nombre croissant de curieux et apprentis sorciers, sous l’effet d’une vulgarisation galopante, devrait en bonne logique et sans pessimisme excessif entraîner celle du corps dans des délais chaque jour plus réduits.

Dorénavant, le premier venu pourra, démocratiquement, appuyer sur le bouton, alors que les occasions se font de plus en plus nombreuses et faciles. A défaut de s’en consoler, les moins malfaisants d’entre les humains pourront consacrer le temps qu’il leur reste à s’en laver les mains.

Pour mettre au tableau une touche supplémentaire, qui ne l’égaiera pas, il permis de penser que plus l’échéance va paraître proche, plus la déraison des uns et des autres va se donner libre cours, conférant au processus de notre fin l’aspect du trou noir engloutissant tout avec une accélération progressive.

Mais ce qui intéresse la science et son représentant qu’est Martin Rees, dans ce remarquable ouvrage ; ce qui excite leur curiosité est davantage la Vie que l’homme ou l’humanité. A juste titre d’ailleurs, car l’homme est le contraire de la vie, en dépit de toute sa prétention et de l’attention qu’il prête à la sienne (considérée individuellement). Il est sans le moindre doute le plus grand prédateur, le plus grand destructeur de vie que la planète ait jamais portée, allant jusqu’à être le pire ennemi de cette dernière, son ennemi mortel.

La question des libertés individuelles est elle aussi abordée, plus implicitement qu’ouvertement d’ailleurs. Et portant ! Toute chance de ne pas voir disparaître pour un bon moment la vie sur terre passe incontournablement par leur remise cause radicale et urgente. Les hommes sauront-il s’y prêter ? C’est moins que probable.

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