L’Accordeur de piano

Daniel Mason

mercredi 28 janvier 2009 par Céline Mangin

La peinture réalisée par Mason de la vallée de l’Irrawaddy et des territoires Chan marie singularité et plume imbibée de classicisme, douceur musicale et cruauté vériste.

Au centre, un piano Erad de 1840. Ses sons et mélodies se déploient, se dispersent et s’infiltrent dans les moindres recoins d’une Birmanie fébrile, déchirée, colonisée par les Britanniques.

Les notes, gouttes de romance ruisselant sur une terre guerrière et sanguinolente, gonflées d’espoir et de fraîcheur, trouvent leur sens lorsqu’elles percutent et affrontent la réalité crue pour polir ses bords les plus tranchants. Elles sont dirigées par Anthony Carroll, pianiste et troublant officier anglais, légendaire instaurateur de paix au sein des Etats Shan, et ce par le biais de méthodes peu traditionnelles. Son exigence de l’instant : dénicher un accordeur bien particulier, car fin spécialiste, afin de redonner la tonalité d’origine à son piano Erad.

Et c’est sur les pas de cet accordeur londonien peu convaincu de sa mission, répondant au nom d’Edgar Drake, atterrissant en Asie en novice et perdu dans une jungle birmane dont il ne connaît ni les secrets ni le passé, intrigué par cet officier anglais qu’il ne cerne qu’à travers les “on-dit”, que nous chutons, que nous nous relevons, apprenons, écoutons, protestons ou acquiesçons.

Et trébuchons quelques fois avec lui sur les bris de nos certitudes inconsistantes.

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