Cette belle poussière jaune d’Uruk, d’Ahmed Hafdi

Pièce parue dans la collection"Théâtre des 5 continents" avec une préface de Thierry Poyet

lundi 4 janvier 2010 par Françoise Urban-Menninger

Après "L’invité d’Allah ou l’Orphelin grain de sable", Ahmed Hafdi publie la deuxième partie de sa trilogie. D’emblée, le lecteur renoue avec la magie de l’écriture d’un auteur qui s’inspire des textes fondateurs de l’humanité telle la célèbre épopée de Gilgamesh.

On entre dans le récit d’Ahmed Hafdi ou plutôt, il nous traverse avec sa noria d’images tout à la fois fabuleuses et féeriques. Le choeur, les voix des personnages, celles des devins, des gardes, du bourreau scandent le récit, lui donnent son rythme et son tempo jusqu’à devenir une musique qui bat comme un coeur. Notre singularité laisse place alors à l’universel et à l’intemporel pour nous permettre d’appréhender l’Histoire qui nous fait et nous défait.
C’est dans le contexte du drame iraquien qu’Ahmed Hafdi s’est mis à écrire et à ressusciter par la force de son verbe ce Proche-Orient mythique qui n’a pas fini de nous fasciner. C’est ainsi que Gilgamesh revenu des enfers va proposer ses services au peuple d’ Uruk afin de sauver " la terre aux deux printemps". Son souhait le plus cher, celui de "réconcilier le ciel et la terre", ne sera jamais exaucé car Ghada et le gardien d’Uruk s’y opposeront farouchement. Quant à Gilgamesh gagné par la démence, il sombrera dans la déchéance...
Avec des mots lumineux, Ahmed Hafdi nous entraîne sur les terres intérieures d’un songe éveillé. Les images investissent notre imaginaire pour irriguer et éclairer notre conscience. Le texte se déroule à l’instar d’un palimpseste sacré. On redécouvre "le conte de la vie", celui de "la création", on touche de l’âme les rives d’une transcendance que l’on approche sans jamais l’aborder.
Le récit théâtral d’Ahmed Hafdi n’est autre qu’un long poème qui coule en nous telle une source de vie et d’espoir. Car en dépit de l’obscurantisme, de la barbarie et du fanatisme, la beauté et l’amour triompheront, portées par la voix du poète. Ishtar est le symbole même de cette liberté rayonnante, sa magnificence nous émerveille et nous envoûte car elle n’est autre que l’inspiration du poète qui soulève en nous des aspirations vers les plus hautes cimes où le temps engendre l’éternité.

Françoise Urban-Menninger

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