Le sous-sol - Dostoïevski
lundi 1er février 2010 par Tarrou

Dostoïevski publie ce livre en 1864. A ce moment, il n’avait encore publié aucun de ses tout grands chef-d’œuvres comme L’Idiot , Crime et Châtiment , Les Démons ou Les Frères Karamazov Beaucoup estiment cependant que c’est ici que se trouvent une bonne partie des idées que l’auteur développera plus tard.

La première partie s’intitule Le sous-sol

Le ton est donné dès les premières lignes : Je suis un homme malade… Je suis un homme méchant. Un homme repoussoir, voilà ce que je suis. Je pense que j’ai mal au foie…

C’est ainsi que débute ce long monologue. Le narrateur s’estime n’être qu’un fonctionnaire sans importance, sans relief , un homme qui ne fait que passer sur notre planète sans laisser de traces. Mais il enrage !… Il dit parler du sous-sol car c’est là que se trouve le niveau de toute sa vie.

Sa colère monte contre ceux qu’il nomme les hommes d’actions  : ceux qui bougent , agissent sans réfléchir. Ceux-là vivent pleinement leur vie, alors que ceux qui pensent, comme lui, ne font que contempler les autres, trouvant dans la connaissance mille raisons pour ne pas agir. A penser, les choses paraissent moins évidentes et les actes semblent ne jamais correspondre à la réalité bien plus complexe.

Il s’élève aussi contre ceux qui prétendent que l’homme pourrait très bien se comporter selon la raison et que, dès lors, le monde serait meilleur. D’abord, comment déterminer scientifiquement ce qui serait le véritable intérêt de l’homme ? Et à supposer que cela soit possible, comment lui prouver que là est son intérêt et que c’est ainsi qu’il doit se comporter ?… Ce monde là ne serait plus la vie pour l’homme ! Il ferait tout pour se révolter contre cet ordre et se comporterait volontairement autrement. A défaut de pouvoir le faire, il créerait le désordre total, le chaos, car : On peut dire ce qu’on veut de l’histoire du monde, tout ce qui peut venir à l’idée de la cervelle la plus dérangée. La seule chose qu’on ne puisse pas dire, c’est qu’elle est raisonnable.

Et il poursuit ainsi son monologue d’homme qui réfléchit et ne voit pas du tout où cela pourrait le mener, sauf à l’inaction.

La seconde partie des carnets s’intitule Sur la neige mouillée

Le narrateur nous décrit des faits de sa vie qui se sont passés quand il n’avait que vingt quatre ans. Ma vie était déjà lugubre, désordonnée et solitaire jusqu’à la sauvagerie. Je ne fréquentais personne, j’évitais même de parler et je me renfonçais de plus en plus dans mon trou. Il se hait, tant il s’estime lâche et il a beau passer par des hauts et des bas, c’est toujours cette lâcheté, doublée d’une sorte de rage intérieure, qui détermine son comportement. Alors, il cherche la honte et l’avilissement, estimant qu’il y trouve une sorte de bien-être. Si tel était vraiment le cas, son comportement dans cette histoire devrait l’emporter vers le nirvana le plus total ! Pas moyen d’aller beaucoup plus bas !…

A la fin de ce texte, celui qui a trouvé ces fameux carnets, et qui nous les rapporte, écrit : Pourtant, ce n’est pas là que s’achèvent les carnets de cet homme paradoxal. C’était plus fort que lui, il a continué. Mais il nous semble, à nous aussi, que c’est ici que l’on peut s’arrêter.

Ce livre n’a rien d’un roman. Il conviendrait plutôt de le qualifier d’ essais quant à la première partie et de nouvelle quant à la seconde. Il est très russe dans sa construction et son écriture. Il ne faut pas oublier non plus que Dostoïevski a écrit cet ouvrage quelques années après être sorti du bagne et qu’il en avait été profondément marqué. C’est ainsi qu’il a renoncé à beaucoup de ses idées de jeunesse comme le nihilisme, l’anti-tsarisme, l’anti-religion, la défense des idées venant de l’Europe, comme le rationalisme ou le socialisme.

C’est aussi Dostoïevski qui a écrit : J’aurais préféré être imbécile car pour eux tout paraît simple



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