Reine Blanche - Corinne Lellouche
jeudi 22 avril 2010 par Lise Lacaut

En exergue de Reine Blanche, cette phrase de Samuel Beckett : « Je ne peux pas continuer, je vais continuer ». Ce qui se poursuit ici, c’est la recherche d’une écriture séquencée, précise, d’une rare authenticité en même temps que d’une immense beauté. Depuis ses débuts, immédiatement salués par la critique, Corinne Lellouche cherche à accomplir un véritable geste littéraire où se mêlent le journal intime, la lettre, le roman, la poésie, le dialogue, le monologue, conjugués à l’imparfait de son présent. «  J’ajoute sur l’inquiétude, au moment d’écrire, je ne sais plus si elle précède, préexiste. Dans un premier temps disons qu’elle est ancienne, remémoration d’une inquiétude ancienne. Remémoration sans images, sans mémoire.. Et dans le retrait justement, dans le même mouvement que le retrait l’irruption, une parole se fait, s’entend. Un langage se manifeste dont la grammaire est de l’ordre de ma responsabilité ».Comme toute belle œuvre de revisitation où hier est de verre et la nostalgie une fêlure, son travail qui tourne obstinément autour de la perte, quand le manque se révèle révélation sans fin, est à la fois déchirant et consolatoire. Ma vie est une œuvre d’art, nourri de l’éclat et de la rebellion de ses trente ans, 200 marches, l’escalier qu’elle contemple et que Lou Blic, son mari et co-auteur aujourd’hui disparu, descend au moyen d’un phrasé éblouissant, Reine Blanche, promenade saisissante dans un paysage aveuglé par l’absence, sont autant de cicatrices en résonance avec un auteur qui écrit intensément et que l’on ne peut lire qu’intensément.

Corinne Lellouche, Reine Blanche, Jacques Marie Laffont éditeur, 235 p. avec illustrations et photos, 21 Euros.



Livres du même auteur
et autres lectures...

Copyright e-litterature.net
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature