Une promesse, Sorj Chalandon

Grasset, 2006

 

Une maison inhabitée de Mayenne reçoit chaque jour de la semaine la visite d’une personne différente. Chacun a une tâche bien précise: ouvrir les volets, dresser la table, changer les fleurs, remonter l’horloge ou encore lire de la poésie à haute voix. Cette maison, c’est celle d’Étienne et de Fauvette, morts depuis dix mois. Durant leur vie, ces deux êtres généreux et pleins d’énergie rayonnèrent sur leur entourage. Lorsque la Grande Faucheuse vint frapper à leur porte, ils décidèrent de mourir paisiblement main dans la main. Sept amis d’enfance vont alors se relayer chaque jour dans la maison des défunts pour tenter de faire revivre la mémoire d’Étienne et de Fauvette, qui représentaient tout pour eux. Ils étaient leur repère dans la tempête, leur point de chute quels que soient les accidents de la vie. Il y a tout d’abord Lucien dit le Bosco, le frère d’Étienne, qui s’est fait une promesse insensée: faire que l’âme des disparus ne soit pas capturée par la veilleuse du grenier. Il y a ensuite Paradis, Ivan, l’Andouille, Léo, Blancheterre et Madeleine. Ces sept personnages humbles, émouvants par l’âpreté de leur parcours de vie, ressentent le besoin de continuer à se rendre à Ker Ael, la maison d’Etienne et Fauvette. Puis ils se retrouvent au bar de Bosco pour boire le «verre de promesse». Pourtant, les mois passant, l’entrain n’est plus le même. Certains commencent à se demander si ce cérémonial n’est pas vain et s’il n’y a pas d’autres manières d’honorer le souvenir des disparus. Dès lors, une mystérieuse promesse risque de ne plus pouvoir être tenue.

 

Dans ce roman plein de tendresse, on ne peut rester insensible à la force de l’amitié qui unit les sept protagonistes. La douleur que ressent le frère resté seul prend également aux tripes. Malgré tout, ce roman nous emmène vers un étrange sentiment de paix intérieure. Les souvenirs d’un passé radieux peuvent continuer d’illuminer le présent pour qui parvient à faire le deuil. Le style très intimiste et imagé de Sorj Chalandon nous propose en tous les cas une intelligente et subtile réflexion sur la mort et l’oubli.

 

Florent Cosandey, 23 janvier 2009