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Le Bus dans la ville, de Yahia Belaskri

par Liss Kihindou

lundi 8 novembre 2010 par Liss Kihindou

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Dans ce premier roman de l’auteur, publié en 2008, ne cherchez pas d’intrigue. Laissez-vous simplement porter par les mots. Des mots qui égrènent des souvenirs. Des souvenirs qui jaillissent au gré des soubresauts du bus dans lequel se trouve le narrateur. Ce bus qui s’arrête inopinément, repart, ralentit, s’arrête encore, cherche son chemin dans les rues sinueuses de la ville sont autant d’occasions pour le narrateur de se perdre dans les sinuosités de la mémoire ou de vivre son présent au passé. Passé et présent se regardent, se croisent. Mais à tout bien considérer, ils n’en font qu’un : que ce soit dans les souvenirs du narrateur ou dans le paysage qui s’offre à lui, cette ville qui est la sienne lui répugne : elle n’offre pas d’avenir.

«  La misère était grande et générale. Partout, les mêmes ombres, voûtées, soumises, victimes consentantes de la fatalité. Partout le même désespoir chevillé à leurs guenilles. Partout, le même désarroi, le même malheur  ».
(Le Bus dans la ville, p. 56)

Pire, la ville dévore celles et ceux qui veulent créer des possibilités de réussite. Des volontés se manifestent, des jeunes se lèvent, se mettent en marche vers leurs rêves, mais ceux-ci sont brisés, avec cruauté.

« Dans cette ville
La jeunesse est un crime.
L’intelligence est un crime.
La beauté est un crime. »(pages 73-74)

Ils sont nombreux, ceux qui ont voulu faire quelque chose pour leur pays, pour leur ville, pour sa jeunesse, comme Dida, qui veut créer une école de théâtre, comme Samir, les idées plein la tête pour que son pays connaisse le progrès, comme Toufik, comme Alima et bien d’autres, mais ces élans sont arrêtés net. Ce ne sont pas seulement les rêves, ce sont aussi les vies qui sont brisées. La mort, la disparition semble le seul bien que la ville distribue généreusement. Le narrateur a vu partir tous les siens : parents, amis, proches, femmes aimées... tous ont été dévorés par la ville ogresse.

Le Bus dans la ville, un roman construit en échos. L’horizon, dans cette ville du Maghreb, semble irrémédiablement assombri, mais l’auteur l’évoque au travers d’une écriture poétique. Le lecteur tout comme le narrateur semblent tourner en rond, comme le bus, qui :

« tournait autour de la ville sans jamais la déflorer. Il tournait sans cesse autour de ses blessures, comme un charognard qui attend que sa proie s’effondre. » (p. 122)

Très belle lecture.

Yahia Belaskri, Le Bus dans la ville , Vents d’ailleurs, 2008, 128 pages, 14 €.

Le blog de l’auteur



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