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Jean-Jacques en son temps de Bernard et de Monique Cottret
dimanche 24 septembre 2006 par Meleze

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Biographie de Jean Jacques Rousseau

Biographie de Jean-Jacques Rousseau

Tout ce qui touche Rousseau m’intéresse. J’ai moi-même fait des recherches sur cet épisode extrêmement émouvant qu’il raconte dans les Confessions et qui est sans doute le moment clé de son existence, le jour où il a une vision fulgurante en allant voir Diderot lui-même embastillé pour sa lettre sur les aveugles.

Dans le livre de Bernard et Monique Cottret cet épisode est traité sur un chapitre entier, le chapitre 7 " l’illumination " avec les moindres détails de la journée. Pour la première fois il est rendu plus hommage à Rousseau qu’à ses deux contradicteurs Grimm et Diderot. Pour la première fois avant qu’ils ne se disputent il y a entre Rousseau et Diderot " comme une mystérieuse complémentarité ".

Cette biographie est un gros livre qui comprend autant de notes que de textes. Il y a aussi un index des personnages cités ce qui en fait un instrument de travail précieux pour tous qui ont à traiter de la période. Nous ne nous placerons donc pas sur le plan de l’histoire pour exposer notre opinion. En tant que manuel il ne saurait soulever que des éloges.

Mais justement il est peu long à lire un peu trop partagé entre deux parties égales qui sont la première et la deuxième moitié de la vie de Jean-Jacques évidemment séparée par son exil en 1762. Dans la deuxième moitié on s’ennuie.

Eu égard à l’importance du travail on se serait attendu plutôt à une anticipation sur la Révolution française et à une esquisse de la façon dont la polémique entre Voltaire et Rousseau prépara cet événement alors qu’ils ne le vécurent ni l’un ni l’autre.

Le désir d’anticipation existe chez nos deux historiens mais il est un peu limité à l’anticipation de l’anthropologie à laquelle Rousseau a été le premier à recourir, anthropologie qui va voir son une influence croissante sur les siècles suivants et sa consécration par Claude Lévi-Strauss. Il s’agit là cependant d’une influence beaucoup plus diffuse d’une influence d’ordre philosophique alors que les textes de Jean-Jacques ont été lus par ses contemporains à la virgule prêt et que ce fut souvent pour telle ou telle de ses phrases que des élus de la Constituante puis de la Convention furent condamnés à mort.

Un des contradicteurs les plus exigeants de Rousseau est bien sûr Emmanuel Kant qui a construit Jean-Jacques Rousseau comme un idéologue, c’est à dire un philosophe dont les idées forment un système, et dans le but de le contredire. En 900 pages il n’est cité qu’une fois.

Au contraire de Kant, Bernard et Monique Cottret à la suite du très célèbre professeur de littérature de l’université de Genève, critique de Rousseau, Jean Starobinski ne veulent pas prendre les phrases de Jean-Jacques au pied de la lettre en pensant peut-être que si son contenu inconscient en avait été perçu par les contemporains, Rousseau n’aurait pas eu de rôle idéologique.

Ils sont donc hésitants.

On pourrait écrire que dans ce livre deux historiens hésitent et musardent dans les détails comme par exemple la liste des académiciens de Dijon qui ont eu la bêtise de faire de Jean-Jacques un homme célèbre.

Dans l’ensemble un rôle idéologique Jean-Jacques bien qu’on lui conserve son prénom n’en a pas.

Et, si le rôle idéologique de Jean-Jacques ne vaut pas trois roupies de sansonnet, que lui reste-il ? Un style et là nos deux historiens sont éblouissants. Jean-Jacques Rousseau a pour lui la fulgurance. Il a étudié la musique il a fait ses premières expériences de compositeur avant sa première expérience d’ecrivain. Il écrit comme il compose. Il fabrique une harmonie que toute la société de l’époque va entendre.

Rousseau c’est un style, Rousseau c’est une esthétique et en premier lieu une esthétique musicale. Pourquoi ne pas croire le contradicteur de Rameau et le compositeur du Devin du village lorsqu’il insiste sur le rôle moteur de la musique dans sa vie ? La musique fut le laboratoire secret des pensées de Jean-Jacques. C’est là qu’il expérimenta, c’est là qu’il élabora ses intuitions ; ses phrases elle-même par leur sens de la mélopée, fournissent l’illustration la plus parfaite d’un sens musical plus attentif à la douce mélodie qu’à l’harmonie concertante. "

Une conclusion s’impose : Jean-Jacques ROUSSEAU est un des maîtres de l’exigence littéraire.

 

Mélèze

 



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