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L’intérieur du monde, poèmes de Jean-Pierre Lemaire

Paru chez Cheyne Editeur avec le concours du CNL et du Conseil Régional d’Auvergne

mercredi 16 juillet 2008 par Françoise Urban-Menninger

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Jean-Pierre Lemaire fait partie de ces poètes de "l’aparté" dont on entend peu parler. Lorsqu’on a la chance de les découvrir au hasard du rayon d’une librairie, on ne les lâche plus. Leur poésie, à l’instar d’un philtre, nous pénètre jusqu’à la moelle. Il en est ainsi avec "L’intérieur du monde" qui tout en nous renvoyant au coeur du poème nous enjoint à renouer avec nous-mêmes "dans le temps incommensurable".

L’âme inondée de lumière se promène alors dans les allées du poème où "la forêt de sapins s’égoutte au soleil/ boutique fabuleuse aux mille pendules/ reflets de cristal et balanciers d’or".

Nous sommes au sens propre "ravis" dans un entre-deux où nous marchons "sur le moût des feuilles en hiver"... Jean-Pierre Lemaire, dans une évidence qui tient de la clairvoyance, possède l’art d’insérer des fils d’or dans la trame de ses vers.

"Les rues soyeuses", "les clefs d’or de la ville", "les gouttes" qui "scintillent/ aux oreilles des arbres" nous renvoient à "la beauté du monde" que l’âme pressent. Et pourtant l’auteur se pose avec inquiétude cette question essentielle :" Pourra-t-elle un jour retrouver sa forme/ l’âme que l’attente allonge, étire, distend ?".
Dans cet intérieur du monde, le poème participe de cette recherche qui est tout entière une interrogation, une attente, voire un cri qui "devient une voix dans le choeur".

S’interroger, c’est appréhender l’indicible et l’infini mais c’est aussi dire l’angoisse et la souffrance :" J’écoute/ les nuages crier, au fond de tes os". C’est aussi savoir accepter en "simple mortel" la mort des siens (ici la mort du père) et la sienne :"Nous nous séparons comme deux rameaux/ sous le soleil commun des vivants et des morts".

Ecrire "L’intérieur du monde", c’est pêcher sur les rives de l’âme des perles de lumière mais c’est aussi énoncer avec la lucidité inhérente au poète ce que chacun sait mais refuse de s’avouer ouvertement :"L’humanité déjà ancienne/ ne tient qu’à un fil/ lui-même, près de se rompre". La fuite en avant irraisonnée de notre monde matérialiste ne fait que précipiter cette irrémédiable cassure.

Françoise Urban-Menninger

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