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L’homme est un grand faisan sur terre - Herta Müller
vendredi 27 novembre 2009 par penvins

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Il faut lire entre les lignes pour voir petit à petit se dessiner l’histoire, pourtant l’écriture d’Herta Müller est entièrement visuelle. Ce sont de petites scènes avec chacune son titre qui ont l’air à première lecture d’avoir été posées là dans le désordre. L’écriture est volontairement impersonnelle, le regard toujours extérieur sans aucune intervention du narrateur. Aucun lien de cause à effet et comme plusieurs histoires s’entrecroisent et que l’auteur insiste sur des détails poétiques, voire surréalistes, on se perd un peu. Et pourtant si on relit tranquillement l’histoire on s’aperçoit qu’il se passe quelque chose, que de scène en scène on avance vers un but – Windisch le meunier, sa femme et sa fille souhaitent obtenir leur passeport pour quitter la Roumanie. Ils ne sont pas les seuls à vouloir fuir le régime de Ceausescu, d’autres comme le menuisier et le mégissier obtiendront le passeport avant eux – il y a même une scène où Windisch fait exactement ce qu’on lui a dit de ne pas faire s’il voulait obtenir le fameux passeport, si bien que l’on peut se demander si contrairement à ce qu’il prétend il n’a pas souhaité le sacrifice de sa fille Amélie : elle couche avec le policier et avec le curé pour obtenir le fameux passeport, comme sa mère elle-même s’était prostituée pour sortir de Russie. Il y a bien des mystères dans ce livre que notre méconnaissance de la Roumanie et de la biographie d’Herta Müller ne contribuent pas à éclaircir. On regrette que l’éditeur n’ait pas fait un travail de présentation qui nous aurait mis sur la voie et l’on ne peut pas dire que la quatrième de couverture soit de ce point de vue très éclairante surtout lorsqu’elle parle du viol du pasteur – ce que reproduisent tous les sites sur internet - alors que le texte parle de curé ! D’autre part le titre lui-même mériterait une explication, on a l’impression qu’il s’agit d’un dicton mais on ne voit pas ce qu’il veut dire ! La traduction n’aurait rien perdu de sa pertinence à renvoyer sur une note de bas de page ! Le texte original date de 1986 on est encore sous le régime de Ceausescu ce qui explique sans doute qu’il soit aussi peu clair, on sait que les premiers livres d’Herta Müller ont été censurés en Roumanie, c’est sans doute une des raisons de ce style impersonnel, cela explique aussi peut-être pourquoi nous avons du mal à entrer dans un texte qui est certainement plein d’allusions incompréhensibles à qui n’est pas Souabe du Banat.

Voilà, l’obtention du prix Nobel va obliger la critique à se pencher sur l’œuvre d’Herta Müller, au fur et à mesure que ses romans seront traduits nous pourrons nous faire une idée plus précise de son univers. Restons-en là pour l’instant et continuons de lire et de découvrir cet écrivain inconnu du public francophone.

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