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Les Visages - Jesse Kellerman
jeudi 28 janvier 2010 par Catherine Nohales

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"The Guardian" claironne sur la quatrième de couverture du roman paru aux éditions Sonatine qu’il s’agit du meilleur roman de l’année. Je n’irai pas jusque là mais j’avoue que c’est un roman mélancolique, triste quand on voit le destin terrifiant d’un homme simple d’esprit, ballotté par la cruauté d’une famille huppée, richissime, attentive à ce que l’on ne soupçonne pas les fissures qui la travaillent.

Ethan Muller, qui est le narrateur un brin ironique de ce roman policier ( du moins avoue-t-il dès le départ qu’il essaye d’en rédiger un mais sans les travers caricaturaux qui parfois caractérisent le genre ), découvre une série de dessins fantastiques dans les deux sens du terme. Des dessins réalisés sur de simples feuilles blanches entassées dans des cartons qui croupissent dans un immeuble insalubre d’un quartier miteux new-yorkais.

Ces dessins forment un puzzle géant qui dit l’imaginaire luxuriant, baroque de leur propriétaire. Stupéfait, bouleversé par le chef d’œuvre inconnu qu’il a entre les mains, Ethan Muller se met en quête de cet artiste surgit de nulle part.

Les ennuis ne tardent pas. En effet, au milieu de ces figures à la fois belles et éprouvantes, cinq visages émergent, cinq visages d’enfants tués des décennies auparavant. Évidemment, le galeriste narrateur se pose la question : "Et si ce dessinateur inconnu était un tueur en série ?"

Taraudé par ce doute, désireux d’en savoir plus, il mène l’enquête aidé par Samantha, fille d’un policier qui enquêtait sur le meurtre des enfants. Entre eux, une relation de sexe et d’amour pudique, un amour qui ne s’avoue pas. C’est déjà l’une des forces de ce thriller : une relation épisodique entre ces deux êtres, victimes d’une famille déchirée, aigrie. Ethan fut un adolescent turbulent, drogué, original mais son originalité déplaisait à son père repu de normalité, de condescendance envers tout ce qui heurtait la bienséance, qui dépassait.

Ce roman est bâti selon une alternance passé/présent. Ethan glisse des épisodes qui narrent la genèse de sa famille, sa richissime famille. Il y a de la saga dans ce texte, la saga d’un pauvre juif orthodoxe dépaysé dans cette Amérique prude et rude du XIXème siècle. Or, il veut réussir. Solomon Muller est l’ancêtre direct du narrateur. Et l’on découvre les turpitudes de cette famille, incarnation jusqu’à la caricature du rêve américain. Victor Cracke en est un rejeton imbécile et désarmé. C’est lui, l’auteur des si beaux dessins. On comprend alors qu’il est ce tueur en série qui a sévi mais qui n’a jamais été arrêté.

Erreur.

C’est un roman mélancolique et triste. C’est un roman cruel.

Thriller, certes, mais ce n’est pas l’essentiel. L’enquête apparaît d’emblée comme anecdotique, secondaire. Ce qui compte, c’est l’hystérie furieusement snob du monde des arts, ses artifices, son imposture, parfois. Le sang a coulé autrefois. Cependant, ce n’est pas le plus important dans ce thriller.

C’est un beau roman et je reste émue par le sort de Victor, pauvre hère, car ce retour vers les ancêtres participent du plaisir de la lecture.

Les hommes naissent, vivent et meurent.



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