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L’obscur travaille - Henri Meschonnic

Dernier recueil de poèmes paru aux Editions Arfuyen

mardi 17 janvier 2012 par Françoise Urban-Menninger

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Ecrit durant les derniers mois de sa vie et en grande partie à l’hôpital Paul-Brousse, le livre d’Henri Meschonnic célèbre "l’instant présent" dans la continuité d’une oeuvre où l’auteur nous le répète "vivre c’est être dans l’instant présent".

Cette formidable présence au monde se traduit jusque dans la chair du poète qui, en parfaite osmose avec le cosmos, nous confie : "il pleut je pleus". L’être tout entier est à l’écoute du dehors, le sujet s’abandonne pour s’ouvrir à la conscience du monde et mieux appréhender, au-delà de la pensée, les êtres et les choses : " Je ne regarde pas par la fenêtre/ je suis la fenêtre". Il n’y a plus de distance entre le sujet et l’objet mais une intuition aiguë de l’instant telle que nous l’a décrite Gaston Bachelard.

Au seuil de sa mort, Henri Meschonnic nous entretient déjà par-delà les mots. Mais dans cette antichambre de la mort où nulle angoisse ne transparaît, l’attente occupe l’espace et le temps car l’auteur nous l’avoue : "je suis plein d’attente", "le corps tout entier est attente", il nous le repète à l’envi et sans s’en lasser : "vivre d’attendre/ attendre de vivre".

Cette attente qui nous accompagne depuis notre naissance, Henri Meschonnic l’apprivoise, il la décrypte avec des mots simples qui confinent à l’épure jusqu’à nous les offrir taillés dans la pleine lumière de son intuition poétique. Bachelard ne nous éclairait-il pas de même lorsqu’il déclarait que l’intuition poétique était "une métaphysique de l’instant" ?

Aussi l’attente et le temps ont bien partie liée et Henri Meschonnic de nous le préciser : "tant j’attends je transforme le temps" ou "le temps fait du goutte à goutte/ je bois le temps".

Henri Meschonnic se met en retrait pour laisser "l’obscur" faire son "travail" mais dans le même temps c’est le poème qui signe sa mise au monde. Quand le poète nous déclare "Toute la vie/ est une salle d’attente", l’on comprend bien que c’est dans cette "attente" que le travail de l’obscur se fait pour peu qu’on lui prête l’écoute d’une âme attentive.

C’est alors que l’homme se trouve égal au monde car dans l’instant vécu intensément, la vraie vie est présente et Bachelard de nous l’expliquer : "pendant l’instant d’un instant, je ne suis pas encore ce qui s’anéantit".
Et d’entrer aussitôt avec Henri Meschonnic dans "cette ronde de la vie", dernier vers de son dernier recueil, qui clôt son oeuvre tout en l’ouvrant sur l’infini car "chaque instant/ refait le commencement/ du monde".

Françoise Urban-Menninger

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