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Un dragon sur le divan
dimanche 22 septembre 2019 par Meleze

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UN DRAGON SUR LE DIVAN
Chronique d’une psychanalyste en Chine
Pascal Hassoun
Éditions EIRES.com Toulouse 2017

C’est un livre intéressant qui prend naissance dans un moment critique.

En effet le centre de psychanalyse chinoise est ouvert dans la ville de Chengdu, province du Sichuan en chine continentale, qui à l’époque de cette expérience est dirigée par Bo xi lai. Or ce dernier, on le sait, après 2016 va être victime d’une chasse aux sorcières orchestrée par son concurrent Xi Ji ping qui est aujourd’hui au pouvoir et très certainement opposé à toute psychanalyse.

Mme Dadoun raconte donc une expérience qui s’étend sur plusieurs années entre 2008 et 2014 qu’on pourrait considérer comme une expérience d’ouverture de médecins chinois sur la culture occidentale. Ces médecins sont venus en Europe découvrir Freud et son école. En France ils lisent Lacan qui a aussi de nombreux disciples. Mme Dadoun, elle, personnellement est une élève de Françoise Dolto.

Elle nous a dédicacé son livre. C’est un don qui exige de mettre en valeur ce qu’il nous a apporté. Tout d’abord ce sont 13 ans de voyages pour lesquels nous avons beaucoup d’admiration. Ensuite c’est une forte initiation linguistique pour faire correspondre, l’expression avec des caractères chinois, à des concepts de psychanalyse. Les chinois n’ont pas le droit d’utiliser des mots pour désigner leur situation affective. C’est un droit coutumier qui s’est formé au fur et à mesure des très longues années de la domination de la piété filiale. Ce droit n’est pas écrit et ne relève pas non plus du communisme même si le communisme en profite beaucoup. Le devoir de chaque chinois tel qu’il est raconté dans les nombreuses expériences de psychanalyse décrites dans le livre (car ce sont de vrais médecins recevant des patients qui demandent à Mme Dadoun de les conseiller et de les orienter) est de se taire et de ne pas perdre la face vis à vis de sa génération, de ses collègues, de ses voisins.

La tradition a formé une cuirasse que la vie moderne est en train de fendre. Il y a des causes concrètes comme l’éclatement des familles qui sont aspirées par les très gros flux de migrations internes à la Chine continentale à cause de son développement capitaliste. Chengdu absorbe toute sa région composée de nombreuses minorités. Il y a aussi l’aspirateur de la région de Hong Kong et puis toute la région de Shanghai. Puis il y a internet avec son support universel qui est le téléphone portable.

Mais en ce qui concerne la Chine et en relation avec la psychanalyse il faut attirer l’attention sur l’attrait irrésistible que le jeu exerce sur ce pays.

L’armure du confucianisme se fend par la passion du jeu. Mme Dadoun qui l’utilise pour des raisons thérapeutiques n’en mesure pas toujours les effets ravageurs. En tous les cas, elle nous interroge ? Faut-il prendre la période de développement du capitalisme en Chine au sérieux ? Nous dirions non ! Car elle n’est qu’un jeu. Elle n’est pas créative d’innovations et de découvertes. En Chine on n’est pas Schumpeterien ; on en est toujours à la soie, à l’imprimerie et à la boussole tandis que par ailleurs on est devenu le plus gros le sous-traitant du reste du monde. La Chine joue, spécule totalement bloquée par une histoire vieille de 3 000 ans qui ne lui donne pas de supériorité sur les USA car les 3 000 ans de domination masculine ici, sont bien pires que les 250 ans que l’homme blanc qui domine aux USA, là-bas.

Fendre la cuirasse de la domination masculine formée par le confucianisme est quasiment mission impossible.

« La Chine sera sauvée par ses femmes » écrit Mme Dadoun. Certes, mais encore faut-il qu’elles puissent s’exprimer ! L’expérience psychanalytique ne demande qu’à être écrasée ou mieux encore récupérée.

On en a un exemple dans le film de Jia Zhang Ge, « par-delà les montagnes ». Le scénario aurait pu venir d’une des séances d’échange du centre de psychanalyse chinois de Chengdu. En effet un jeune homme fortement affecté par le divorce de ses parents y exprime le besoin de retrouver sa mère qui symbolise la Chine traditionnelle, tandis que son père a été détruit par sa passion pour la spéculation capitaliste.

Ainsi la conclusion de cette petite étude est de faire comprendre que la Chine est un pays qui a besoin de la mère au sens pratique et symbolique, ce qui n’est ni la situation de l’Europe ni celle des USA. Le féminisme a créé des passerelles entre les civilisations tout en étant encore assez loin d’avoir trouvé le moyen de révolutionner le confucianisme en le renversant cul par-dessus tête.

19/08/2019
Mélèze

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