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Approche la lumière, poèmes de Pierre Zehnacker

Publié par les Editions Astérion

dimanche 23 mai 2021 par Françoise Urban-Menninger

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D’emblée le titre choisi par Pierre Zehnacker, "Approche la lumière", nous fait songer aux derniers mots attribués à Goethe sur son lit de mort "Mehr Licht" (plus de lumière) comme si la lumière tissait une trame intemporelle entre les deux poètes mais aussi entre les auteurs et leurs lecteurs.

Car nul doute que l’écriture est une quête éclairante à la fois pour le poète qui tente d’appréhender cette voix intérieure qui l’exhorte à écrire mais aussi pour le lecteur qui se reconnaît dans les mots qui mettent en lumière sa propre entité, ses interrogations, ses angoisses...
Pierre Zehnacker interpelle ses lecteurs dans un aparté où il les met en garde : "Quelle vérité vous prendra au piège de ses pages ensemencées du rêve des ténèbres" ? Cette vérité n’est-elle pas le soleil qui brûle les ailes d’Icare lorsqu’il l’approche de trop près ? Et le poète d’en attester "Nous vivons dans la cendre, car la vérité nous brûle".
"Les fleurs noires de la mélancolie" semblent distiller à l’infini leur parfum vénéneux dont on ne peut guérir car la fin du jour, même si elle nous renvoie "...le mirage/ d’une heure lumineuse, passée dans le jardin/des désirs et des songes...", évoque également notre échéance inéluctable qui a partie liée avec cette beauté mourante du jour qui accompagne les ombres au coeur de notre nuit.
Le recueil de Pierre Zehnacker nous fait cheminer dans l’entre-deux d’un rêve éveillé, voire dériver dans un monde flottant où l’on perçoit "un murmure d’eau noire/ qui confinait au silence." Et de pénétrer toujours plus avant dans cette atmosphère surréelle et d’outre-tombe en ajoutant "Je voyais ta main qui cherchait/ à me réveiller d’entre les morts".
Alternant poèmes en vers libres et poèmes en prose, l’auteur s’emploie à dénouer les ombres qui habitent ses rêves et écrit "...Des êtres vagues/ tentent de revenir au jour". Et d’invoquer des souvenirs traumatisants qui traversent sa mémoire tel ce chien qui avait mordu sa soeur et que son père avait tué à coups de marteau "Tué par mon père. Autrefois. Si loin."
Le temps n’efface pas tout, des lueurs déchirent parfois les ténèbres mais Pierre Zehnacker de poursuivre "Il y a de l’ombre sur ta figure, et des blessures qui ne guérissent pas".
Pourtant ces douleurs qui ont investi le corps et l’âme du poète et qui en sont devenues des parties intégrantes forment ce que Meschonnic appelle "l’obscur qui travaille en nous". Ces douleurs transparaissent dans la chair vive des mots pour se transmuer dans une parole éclairante aux images aussi belles qu’intemporelles.
"Et quelque chose en toi/ renaîtra comme l’oiseau/ du chuintement de ses ailes/ sous le ciel de toujours".
Approche la lumière est un chemin, le chemin qui mène à la connaissance de soi. L’écriture est ce chemin, Pierre Zehnacker nous le confirme dans son poème Bénédiction "Et tu avances doucement, doucement, vers quelque chose que tu ne connais pas encore, mais que tu finiras bien par connaître".
Ce livre éblouissant refermé, le lecteur le prolonge par le regard dans la contemplation de sa couverture magnifiquement illustrée par une peinture de l’auteur qui, à l’instar de Pierre Bonnard, combat la mélancolie en nous faisant entrer dans l’univers incandescent de sa palette lumineuse.

Françoise Urban-Menninger

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