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La Verrerie- Mènis Koumandarèas
jeudi 17 février 2022 par penvins

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Envers et contre tout Barbara Tandès essaye de maintenir à flot la petite verrerie que lui a léguée son père. On assiste en sept actes à la disparition progressive de l’entreprise. Sur ce court roman écrit pendant les années 1971-1974 pèse le poids de la junte et pourtant l’intrigue simple et l’écriture savamment elliptique - peut-être aussi parce qu’il serait dangereux et contre-productif d’insister sur les exactions de la dictature - laissent au lecteur le soin de reconstruire le monde réel dont nous ne percevons que l’atmosphère. Lentement la situation se dégrade jusqu’à ce que disparaisse la verrerie reléguée dans une lointaine banlieue. Le mari de Barbara, celui qui aurait dû lutter avec elle pour que les clients honorent ses factures tombe en dépression lors de la tournée de recouvrement des impayés, il faut dire qu’il ne perçoit pas la nécessité de l’action :
Plus tard, tout de suite après son mariage, il continua à se dresser contre la nécessité de l’action. Bèba le traitait de réactionnaire et de bourgeois. […] Bien qu’il fût d’une famille de droite, il avait renié l’idéologie familiale et, après de médiocres études, avait épousé cette femme, connue pour son attachement aux principes démocratiques.
Bèba, telle la Grèce, tombe sous la coupe de militaires - peut-être, parce qu’elle est à la recherche d’une image paternelle - cette figure du père dont elle veut maintenir la mémoire en sauvant la verrerie, sans en assumer les contraintes mais au contraire en laissant l’entreprise aux mains d’incompétents. Lorsqu’ils auront définitivement coulé le commerce et que celui-ci sera expulsé pour laisser la place à des galeries de magasins, à des banques, [ …] elle se contentera d’une réimplantation. Est-ce d’avoir un temps abandonné la verrerie pour se laisser séduire par la virilité arrogante d’un sous-lieutenant ou d’avoir accepté l’aide d’un industriel sans scrupule, elle est devenue cette vieille femme habillée tout de noir, les cheveux d’un gris de cendre qui s’éteint doucement dans son fauteuil et que les ombres de la nuit lorsque vient le crépuscule hantent dans une ronde folle de choses passées et oubliées.
Petit à petit la verrerie s’en va et pourtant Bèba reste toujours fidèle à la mémoire de son père : je veux absolument sauver la verrerie c’est tout ce que j’ai au monde dit-elle dans ce roman où la nostalgie de la résistance et la mémoire des atrocités des camps s’érodent devant la brutalité fascinante des nouveaux maîtres de la Grèce.
Koumandaréas sans jamais aucune outrance nous fait vivre le combat d’une Barbara que seule la nostalgie maintient vivante dans un monde plombé par l’idéologie dictatoriale. À ce titre, mais pas seulement tant l’écriture est subtile, il était important que ce roman soit réédité et donne à réfléchir sur le piège que constituerait - que constitue - la mise en place d’un régime militaire.



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