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Frère - Isabelle Damotte
lundi 13 mai 2013 par Jean-Paul Gavard-Perret

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Isabelle Damotte, « Frère », images d’Estelle Aguelon, Cheyne éditeur, Le Chambon sur Lignon, 46 pages, 14 e.

Isabelle Damotte trouve le juste mouvement tremblé du souffle pour faire remonter la mémoire douloureuse du frère mort par un travail de métamorphose où les scènes d’enfance sont réenchantées sans le moindre barnum. Juste un petit cirque avec ses jeux, ses étoiles insistantes. L’auteur réunit encore les pièces détachées d’elle-même et de ses proches. Elle ose confondre les sens et la lumière, le blanc et le noir, secouer les négatifs du temps passé pour les colorer de manière plus simple et émouvante.

Sa langue lisse, glisse sur le passé. Le frère est là. Elle aussi. Elle écrit avec l’idée que ce frère au-dessus d’elle veille sur elle. Quelque chose doit être prise au piège, capturé. Sans quoi la pratique de la poésie n’est qu’un exercice d’intelligence. Elle rate donc son but n’étant qu’espace mental. Il ne faut chercher à savoir (où l’on va) mais pour connaître le temps dont les époques s’écrivent souvent les yeux bandés. D’autant qu’ici deux langages se croisent : celui de la poétesse et celui de la dessinatrice.

Douleur et absence deviennent un lieu unique de présence. C’est un passage dont le temps reste le gardien et le prisonnier. La poétesse en reçoit la joie sans cause et la détresse sans raisons – ou trop . Il y a là une lumière-nuit intense, active. Ce n’est plus l’opacité qui est signe du réel mais c’est qu’on puisse la traverser pour oser parler le et au frère. La transposition des intempéries de l’enfance devient donc une merveille que la poésie - et les superbes dessins qui l’accompagnent - réalisent.


Interview intempestif de’Isabelle Damotte par J-P Gavard-Perret, avril 2013.

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?

mon thé à la bergamote

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?

des livres, mais il leur faut beaucoup de temps pour prendre corps


A quoi avez-vous renoncé ?

Je viens de renoncer à l’enseignement, mais en général je renonce rarement

D’où venez-vous ?

Un chemin en lacets entre Saint Laurent du Var et Saint Jeannet, ma mère conduisant, toujours paniquée, la petite dauphine blanche.

Qu’avez-vous reçu en dot ?

La mer et la gourmandise

Qu’avez vous dû "plaquer" pour votre travail ?

Aujourd’hui j’aimerais plaquer la tristesse.


Un petit plaisir - quotidien ou non ?

thé et sablé, j’essaie de ne pas mettre trop de ssss à sablé

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?

Je ne sais pas, je n’ai pas la certitude d’être un écrivain pour de vrai.


Où travaillez-vous et comment ?

Je travaille sur mon petit portable, allongée sur mon lit, et je m’endors de temps en temps une dizaine de minutes.

Quelles musiques écoutez-vous en écrivant ?

Les concertos pour violoncelle de Bach

Quel est le livre que vous aimez relire ?

Enfance de Nathalie Sarraute


Quel film vous fait pleurer ?

Ponette de Doillon, mais je préfère les films qui me donnent le goût de vivre, je suis une inconditionnelle de Capra.


Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez vous ?

Je ne me reconnais pas.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?

Oh jolie question, à Jean-Marie Barnaud, pourtant je le vois tous les étés ! Jacottet je n’ose même pas y penser.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?

La Bretagne

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?

Favier, Bonnard, Béatrice Poncelet...les trois qui me viennent tout de suite... et puis je me dirai j’ai oublié...

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?

Que des livres, ou quelques heures en voilier avec Isabelle Autissier


Que défendez-vous ?

Je ne sais pas. Je suis mise en pièces par ce qui réduit l’autre à l’impuissance.

Que vous inspire la phrase de Lacan : "L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas" ?

Peut-être, on ne sait pas si ça existe les histoires vraies.


Enfin que pensez-vous de celle de W. Allen : "La réponse est oui mais quelle était la question ?".

C’est drôle, quand je fais des ateliers d’écriture avec les enfants ils n’en finissent pas de lever la main pour demander "est-ce qu’on peut....?, assez rapidement je leur dis " Je ne réponds plus aux questions, la réponse est toujours oui." suivent quelques secondes de sidération.



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