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Scènes privées - Laurent Peireire

Roman paru chez Orizons dans la collection Littératures

jeudi 3 novembre 2011 par Françoise Urban-Menninger

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Après avoir travaillé comme scénariste pour le cinéma et la télévision en France et à l’étranger, Laurent Peireire s’est tourné vers l’écriture. Celle-ci lui a permis d’explorer les labyrinthes de l’âme humaine et d’en appréhender la part obscure dans cet étrange théâtre de "Scènes privées" au charme tout à la fois raffiné et vénéneux.

A l’inverse de Pierre Boulle qui, pour détourner les hommes de l’ennui et du suicide, imaginait dans "Les jeux de l’esprit" des spectacles à l’échelle planétaire où des figurants perdaient la vie dans la reconstitution de batailles historiques, Laurent Peireire s’aventure dans l’intime, au coeur même des ténèbres qui nous font et nous défont. Dans la clinique Mertens, Anna Tanner, une photographe parisienne, enlevée puis séquestrée, devient l’objet d’expériences singulières commanditées par le mystérieux Cercle des Collectionneurs.
Leur but, à peine imaginable, consiste à trouver "la spiritualité spécifique du temps à venir", autrement dit à procéder à "une expérience mentale fluide, compatible, légère, excitante à la mesure des plus hautes technologies".
"Mettre la neurochimie au service des Collectionneurs", voilà ce que Mademoiselle Mertens entreprend en anéantissant la conscience personnelle d’Anna Tanner pour la "glisser" dans une autre identité où elle ne reconnaît plus ni sa peau, ni son odeur pour être juste un corps d’emprunt investi d’une "présence".
Ainsi Anna Tanner devient-elle, par le biais "d’associations d’effets" une "oeuvre d’art" que l’on peut travailler à l’infini telles des "peintures sur une palette".
Avec "Scènes privées", Laurent Peireire nous invite à la lecture d’un nouveau Faust qui réveille notre part d’ombre pour en extraire dans sa quintessence "la chimie du désir". On songe effectivement au personnage de Faust qui avait étudié "la magie surnaturelle" à l’université de Cracovie et qui avait inspiré l’oeuvre de Goethe et auquel on prête les propos suivants :" Je suis allé plus loin que vous ne le pensez et j’ai fait une promesse au démon avec mon propre sang, d’être sien dans l’éternité, corps et âme".
Ecrit à la manière d’un thriller, le lecteur, tenu en haleine, est entraîné dans des profondeurs abyssales, son entité en est bouleversée, les frontières de la conscience puis du subconscient sont franchies et le voyage dans l’inconscient semble avoir perdu toutes limites car l’auteur, à l’instar de Barjavel, joue avec les paradoxes temporels. Certains Collectionneurs ne rêvent-ils pas de "Vivre, en soixante-dix heures, une vie plus intense qu’en soixante-dix ans.." ?
Nul doute que Laurent Peireire ouvre une brèche dans l’impensable et c’est dans cette brèche que nos fantasmes affleurent à la lumière d’une écriture où l’irrationnel s’invite dans le champ de tous les possibles.

Françoise Urban-Menninger

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