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Manoir des mélancolies de Jean-Paul Klée

Paru aux Editions Andersen dans la collection Confidences dirigée par Olivier Larizza

mercredi 15 octobre 2014 par Françoise Urban-Menninger

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Le titre de ce petit livre donne à lui seul la tonalité de ces brefs textes poétiques en prose empreints de cette "douceur alanguie" où "la vie" devient "ce grand cahier bleu ciel ou blanc" sur lequel Jean-Paul Klée brode, jour après jour, la féerie de "ses ravissements" et où saille ici et là "la barbarie"qui nous fait basculer dans ce que le poète nomme "la konnerie".

Car penchons-nous sur l’histoire des deux mots qui donnent leur titre à cet ouvrage. Le manoir, du latin manere qui signifiait "demeurer un certain temps" a vu son sens évoluer. Le petit domaine ou château prend tout son sens poétique au XVII e siècle et est resté, sans aucun doute, un petit château qui habite depuis lors notre imaginaire. Quant à la mélancolie, étudiée par Hippocrate, la philosophie a fait sienne sa définition , elle est devenue cet être-là existentiel dont déjà Baudelaire exprimait l’indicible tristesse dans son "spleen". Le "Manoir des mélancolies" a très certainement partie liée avec la définition que donnait Victor Hugo à la mélancolie : "La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste". Et de retrouver dans les textes de Jean-Paul Klée cette petite musique mélancolique qui transcende la tristesse pour nous en octroyer toute son essence poétique.C’est ainsi que dans ce livret, les images les plus étonnantes éclosent dans une instantanéité toujours créative et toujours à l’écoute du monde. Car ne nous y trompons pas, si les propos de Jean-Paul Klée semblent parfois tenir de l’anecdote, ils n’en touchent pas moins à l’essentiel. Ainsi les oiseaux du jardinet, le lait déposé pour le chat ne masquent pas "le sadisme des gestionnaires gouvernants" et l’écrivain d’ajouter haut et fort "C’est partout cochonnerie !!...".

Identique et fidèle à lui-même, Jean-Paul Klée reste le militant qu’il a toujours été, éternel Don Quichotte entré très tôt en résistance, grâce à "la sainte poësie" qu’il magnifie fièrement d’un tréma sur le e pour mieux l’identifier et la démarquer de tous les galimatias qui pourraient lui faire ombrage. Et le poète de distiller, ici et là, au fil des pages, ses critiques acerbes quant à "l’Alsace mac-adamisée", de dénoncer "l’occidentale Connerie" ou "Konnerie" tout en attendant "la Mort qui un jour obligément viendra" l’envelopper dans "son drap mordoré".

On parcourt ce Manoir des mélancolies" à l’instar d’une chronique qui nous est livrée par un ami sur le ton de l’aparté et de la confidence. Le monde réenchanté par la parole du poète ne nous ouvre pas moins les yeux sur notre "cécité" car quand bien même si la poésie nous aide à vivre, elle ne peut être le cache-misère d’une réalité qui a pour nom "barbarie".

Françoise Urban-Menninger

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