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Jean Dubuffet & Marcel Moreau
dimanche 9 novembre 2014 par Jean-Paul Gavard-Perret

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Jean Dubuffet & Marcel Moreau, De l’Art Brut aux Beaux-Arts convulsifs, L’Atelier contemporain, Strasbourg, 2014, 94 p., 20 €.

Jean Dubuffet & Marcel Moreau irréguliers de l’art et de la littérature aimaient correspondre. Ils parlaient de tout et de rien. Mais plus spécialement d’art et de littérature entre un air de musette d’Emile Vacher ou une session de Duke Ellington. Les lettres échangées et réunies ici et qui précèdent l’essai de Moreau sur son alter-égo ne proposent pas des théories spéculatives : elles ont avant tout des raisons utilitaires et sont parfois bricolées sur un bout de papier. Elles permettent néanmoins de brasser l’entreprise de Dubuffet, son "humus au travail, son minéral en mutation". Moreau prend d’ailleurs soins de préciser ce qui pour l’artiste belge allait de soi. "Souvent les affinités chez les créateurs s’expriment par pets mondains, exténuées(…) je leur préfère ce dialogue du tonnerre". Les deux correspondants s’emploient avant tout à l’adhésion de leurs mutuelles cassures et nervures.

L’échange de plus de 15 ans permet de comprendre ce que l’essai formalise : l’évolution et l’expansion de l’art Dubuffet vers des convulsions plastiques plus intimes au sein de territoires sans limites. Afin de les parcourir l’artiste eut d’ailleurs besoin de se retirer du monde en une certaine claustration – d’où le rôle de lien des missives. Moreau s’y fait plus demandeur, Dubuffet y semble en fidélité de cœur. Néanmoins même si le jeu est inégal dans sa densité les deux y participent sans regimber pour mettre à mal et en mots simples l’aspect asphyxiant de la culture officielle et ses prête-noms qui sous couvert d’intelligence restent souvent le modèle de l’ingratitude, de la prébende et de l’égoïsme.

Fidèle à ce que Michel Thévoz lorsqu’il officiait à Lausanne a bien montré, Moreau dans son essai qui donne le titre à l’ouvrage met à jours "les foulées et les ébrouements de centaures" proposés par l’artiste loin de la "culture en habit de lumière". Il prouve combien cette langue plastique "englobant la lave de ses origines" cisèle une décoordination des liens admis. Existe en elle la "libération extensible de l’idiome. Fanons ou goitres n’y sont pas de mise". Pas plus d’ailleurs que chez le poète belge. Il décapote les mots pour les mettre à l’épreuve de la tempête lyrique qui souffle chez Dubuffet "en sens inverse des époumonements de merdre". Si bien que - en cette confrontation - des deux œuvres l’essentiel est dit.

Jean-Paul Gavard-Perret

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