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Tout peut changer, Naomi Klein

Editions Actes Sud, 2015

mardi 2 juin 2015 par Alice Granger

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Ce livre de Naomi Klein est à lire absolument, alors qu’il nous reste tout juste assez de temps encore pour changer notre paradigme de vie sur une terre menacée d’anéantissement par le changement climatique de plus en plus irrémédiable et sur lequel scientifiques et climatologues sont quasiment tous d’accord par-delà les climatosceptiques et leurs études si souvent financées par les multinationales les plus polluantes.

Livre extrêmement bien documenté ! A la fois très alarmant et ancrant dans cette crise d’une autre nature un espoir de vie à condition qu’elle soit absolument différente. A condition qu’elle tourne vite le dos définitivement aux énergies fossiles (pétrole, charbon, sables bitumeux, fragmentation hydraulique, gaz, ainsi que le nucléaire), pour développer les énergies renouvelables ( solaire, éolienne, hydraulique). Un nouveau paradigme qui donne au mot « crise » son sens grec de jugement, puisqu’à l’heure d’un jugement sans appel à propos des dégâts catastrophiques causés à l’environnement par les activités industrielles et notre mode de vie consumériste il s’agit d’urgence d’inventer une sorte de « sobriété heureuse » pour évoquer Pierre Rabhi. Ce changement de paradigme de vie, coupant donc avec la société de consommation fondée sur la croyance aux ressources inépuisables, à la loi du marché, à la croissance infinie, au fait que les humains maîtriseraient la nature et la terre par le savoir scientifique, sur le déni des dégâts souvent définitifs occasionnés à notre planète par l’activité industrielle, requiert un mouvement de sursaut et de résistance de la part de chacun des habitants de cette terre en train de se réapproprier leur territoire et leur pouvoir de décision. Mouvement humain qui ferait (et fait déjà un peu partout par des actions évidemment peu ou pas médiatisées) poids par le nombre ! Des humains qui, comme dans une logique fractale un battement d’ailes de papillon qui commence sur une fleur provoque une tempête sur le pays le plus puissant du monde, peuvent non seulement refuser un mode de vie et une logique de l’argent menant la planète et le vivant à la mort, mais aussi commencer à produire autrement, à manger autrement, à vivre ensemble autrement, en ramenant la vie en train de se vivre là où elle est, dans chaque territoire. Combat de David contre Goliath, certes, puisqu’il s’agit de s’attaquer à l’avidité folle pour les profits et l’argent qui mène notre monde devenu fou.

Donc, Naomi Klein, dans ce tunnel noir dans lequel cette folie des profits fondée sur l’exploitation éhontée des ressources de la planète ainsi que des humains nous a fait entrer, nous montre une lumière, déjà un peu visible, au loin, si la catastrophe ne barre pas la route par un éboulement fracassant. Dans ce livre, qui me fait penser à une métaphore de naissance (si nous restons dedans, nous allons mourir, nous n’avons pas le choix, nous devons nous organiser pour un saut logique et révolutionnaire dans notre mode de vie), Naomi en appelle à la capacité, en chacun de nous, de décider, de compter, de ne plus nous mettre entre les mains de nos élites et des multinationales qu’ils suivent en ne mettant jamais en question la logique de marché et la croissance et la consommation qui vont avec. Elle en appelle à un mouvement de masse, c’est-à-dire qu’elle s’adresse à l’autochtone en chacun de nous, qui se reconnaîtrait en ces Autochtones du Canada et des Etats-Unis qui ont réussi à faire reconnaître leurs droits (qui furent autrefois garantis par traités, mais passés aux oubliettes devant la voracité des multinationales des énergies fossiles lorgnant des territoires aux sous-sols riches) à pouvoir vivre des ressources naturelles de leurs territoires ancestraux (pêche, chasse, cueillette, agriculture traditionnelle) et donc à repousser les prédateurs et les dégâts catastrophiques sur l’environnement, sur l’eau, les forêts. Nous entendons son appel pour la mobilisation des humains n’acceptant plus que l’argent et les multinationales des énergies fossiles et polluantes leur confisquent leur territoire, le dénaturent au point de rendre la vie de plus en plus impossible. Des multinationales qui, dans leur course effrénée aux profits, ont délocalisé la production là où la main-d’œuvre est la moins chère, quitte à polluer par des porte-conteneurs géants ramenant en Occident cette pléthore d’objets de consommation qu’on nous présente comme indispensables tandis que chez nous la désindustrialisation locale précipite dans le chômage, la précarité. A moins que la fameuse crise ne s’avère un très pervers moyen, en détricotant un à un chaque acquis social, pour amener chacun d’entre nous, la peur de l’avenir au ventre, à accepter de devenir aussi une main d’œuvre bon marché capable de rivaliser avec les sous-payés de Chine, d’Asie, d’Afrique. Naomi Klein, par ce livre si précis, si fort et si courageux, qui nous donne des raisons d’espérer en nos propres forces en cessant de nous croire de pauvres enfants attendant tout d’en haut, nous fait rassembler l’énergie nécessaire pour échapper à cet esclavage post-moderne ! Nous ne sommes plus des fœtus consommateurs de ces produits qui nous arrivent comme ça, décidés par une poignée de prétendues élites désirant notre bien ! Nous ne sommes plus des esclaves en puissance, si addicts à nos biens de consommation que nous nous mettrions sans rien en penser à bosser à mort pour les produire ! Non, décidément, car cette planète qui nous entoure, tellement en danger, nous n’allons plus la considérer comme une poche placentaire dans laquelle les ressources seraient inépuisables et données à nous magiquement, et dans laquelle les déchets que nous rejetons seraient miraculeusement détruits. La métaphore de la grossesse et des fœtus incapables de se sevrer du cordon ombilical par où transite la pléthore d’objets est en train de prendre fin, à moins que nous nous laissions passivement mourir dans la poche perversement nourricière, nous croyant bien à l’abri et surtout incapables de sevrage, de saut logique, de capacité de penser par nous-même, de sortir de l’infantilisme.

Naomi Klein nous rappelle que chaque humain a droit au territoire naturel ! Cela paraît une évidence, mais la prédation des ressources naturelles, des sous-sols riches de charbon, de pétrole, de gaz, des sables bitumeux si polluants, confisque ce territoire. Tandis que les polluants, les pesticides, les manipulations génétiques font des dégâts irréversibles sur ce territoire en faisant comme s’il n’appartenait qu’à une poignée de dominants, des multinationales qui mettent la main dessus comme pour en produire un placenta auquel nous serions, nous consommateurs fœtaux, éternellement reliés et incapables de travailler nous-mêmes directement et localement cette part de terre. Les multinationales poursuivent leur main-mise sur le vivant en le brevetant, en s’appropriant les semences ! Marchandisation du vivant !

Mouvements de résistance, d’abord localement par un nombre de plus en plus grand de décisions de relocalisation de la production, de reprises d’entreprises par les salariés, d’inventions qui respectent l’environnement, d’initiatives structurant un vivre ensemble. Mais celles-ci requièrent aussi un engagement des gouvernements, écrit Naomi Klein, pour renationaliser l’énergie, les ressources naturelles, les transports en commun, tout ce qui concerne la qualité de la vie sociale et du vivre ensemble. Ceci pour les enlever à des actionnaires avides de profits. L’eau, l’électricité, les transports en commun, la santé, les retraites, etc. tout cela arraché à l’avidité, à la logique de marché. Ceci est très important, dans un monde où les règles du libre marché mondial, de l’OMC, rendent les Etats dépendants des multinationales, et donc pas libres chez eux ! Une multinationale à Pékin peut juridiquement s’opposer à ce qu’un Etat décide d’appuyer une production locale ! Donc, cette multinationale peut s’opposer d’une part à ce qu’un Etat crée du travail chez lui, et d’autre part à ce que cet Etat en produisant chez lui contribue à diminuer la pollution qu’entraîne le transport par porte-conteneur des produits fabriqués très loin du lieu où ils sont consommés. Les règles internationales du marché et du libre échange garantissent que rien ne bouge, que le changement climatique se précipite vers le catastrophique point de non-retour, tout ceci pour des profits de plus en plus énormes et… suicidaires ! Naomi Klein montre bien que la seule issue est que les gouvernants, si c’est vrai qu’ils aiment leurs habitants et non seulement des électeurs auxquels ils ne font que des promesses jamais tenues, abandonnent très vite les énergies fossiles et polluantes pour développer les énergies renouvelables propres. C’est possible, démontre-t-elle. Ce qui est impossible, c’est de concilier les deux : elles sont inconciliables dans leurs logiques ! L’une, fondée sur les énergies fossiles, veut faire le plus de profits possibles en délocalisant le travail et en s’appropriant les territoires ainsi que le vivant en ne considérant les humains que comme des consommateurs éternels mineurs à exploiter au même titre que les ressources naturelles, l’autre remet les humains au cœur des territoires non confisqués et d’une vie interdépendante où ils ne sont ni les maîtres ni les seuls.

Tout changer de fond en comble, donc. Tel est le sursaut vital qu’appelle ce livre ! Alors que le terrible changement climatique peut s’avérer de manière inespérée une opportunité pour une sorte de révolution intérieure pour chaque humain s’appropriant enfin sa vie. A Genève, en avril 2009, l’ambassadrice de Bolivie a dit dans son discours qu’il fallait un plan Marshall pour la planète, prévoyant des transferts financiers et technologiques « sur le terrain, dans chaque pays, pour assurer à la fois la réduction des émissions et l’amélioration de la qualité de vie des populations. Nous n’avons qu’une dizaine d’années devant nous. » La qualité de vie des populations, notamment dans les pays les moins avancés, qui subissent « les conséquences néfastes d’un problème auquel elles n’ont pas contribué. » Voilà, il s’agit de remettre au cœur de la vie l’humain, partout sur terre ! Non pas les profits à tout prix pour une poignée d’élites exploitant l’humain, le vivant, les sous-sols, les sols. « La crise du climat pouvait en effet offrir la possibilité de rebâtir et de raviver les économies locales, de libérer nos démocraties de l’emprise destructrice des géants du secteur privé, d’empêcher l’adoption d’accords de libre-échange néfastes et de renégocier ceux qui étaient déjà en vigueur, d’investir dans les infrastructures publiques les plus mal en point , tels les transports en commun et le logement social, de se réapproprier des services publics essentiels comme l’énergie et l’eau potable, d’assainir le secteur agricole, d’ouvrir les frontières aux réfugiés climatiques et de respecter les droits territoriaux des peuples autochtones. » Voilà, tout est dit ! « … la crise du climat pourrait susciter un sursaut citoyen, une secousse venue de la base, capable de répartir le pouvoir entre les mains du plus grand nombre et d’élargir considérablement le domaine des biens communs, lesquels cesseraient d’être vendus au plus offrant, morceau par morceau. » Naomi Klein invite chacun de nous à cesser de détourner les yeux ! « … tout espoir digne de ce nom ne pourra venir que d’en bas… » Rien à attendre de politiciens médiocres, il est temps de passer à l’âge adulte !

Mais, hélas, jusqu’à maintenant, « les milieux d’affaires… ont systématiquement tiré parti de ces divers types de crises pour imposer des politiques destinées à enrichir une petite minorité… Les crises ont aussi servi à justifier des graves atteintes aux libertés civiles et d’épouvantables violations des droits de l’homme… cette crise pourrait-elle être utilisée pour allouer encore plus au 1%… » Par exemple, pour accumuler des « crédits-carbone », on privatise des réserves écologiques, des forêts communales, des fermes forestières. Les banques et les assurances spéculent sur les risques climatiques, les firmes mondiales de réassurance font des milliards de bénéfices ! Les rapaces font de juteuses affaires avec les sécheresses et les inondations ! Voilà les biens communs et les catastrophes mis au service du profit !

Il y a urgence, bientôt les humains n’auront plus de prise sur l’augmentation de la température. « … le dérèglement climatique est devenu une crise existentielle pour l’humanité. »

Quel est le problème, se demande Naomi Klein ? « … c’est parce que les politiques à mettre en œuvre sont fondamentalement incompatibles avec le capitalisme déréglementé dont l’idéologie a dominé toute la période durant laquelle nous nous sommes démenés pour trouver une issue à la crise du climat. » Les mesures qui pouvaient éviter la catastrophe étaient une grave menace pour « la minorité qui a la haute main sur l’économie, la sphère politique et la majorité des médias… la communauté scientifique a établi son diagnostic décisif à une époque où l’élite des milieux d’affaires jouissait, depuis les années 1920, d’un pouvoir politique, culturel et intellectuel plus considérable que jamais. » On a commencé à discuter vraiment sur la réduction des gaz à effet de serre alors qu’en 1988 on signe l’Accord de libre-échange nord-américain, et que se crée l’OMC, que se privatisent massivement des économies de l’ancien bloc de l’Est, que de vastes parties d’Asie se transforment en zones franches, etc. Il s’agissait d’offrir un maximum de libertés aux multinationales, en déréglementant le marché. Les fondamentalistes du marché ont alors entrepris de saboter les réponses au dérèglement climatique. Les politiques ont libéré de presque toutes les contraintes les multinationales pourtant responsables de l’augmentation du réchauffement climatique. Exportation massive de produits sur de très longues distances, généralisation au monde entier d’un mode de production, de consommation et d’agriculture fondé sur le gaspillage. Bref, « le système économique et la planète sont en guerre l’un contre l’autre. » Pour l’instant, le capitalisme gagne, et fait risquer gros à l’humanité, au vivant, à la planète. La logique marchande paralyse encore tout effort sérieux contre le dérèglement climatique, mais gardons l’espoir que le grand projet d’une vraie réinvention collective gagnera.

Naomi Klein considère à juste titre que le problème est moins technique que politique : le pouvoir doit opérer une vraie révolution et passer des milieux d’affaires aux milieux de vie ! Pour qu’un jugement efficace inhérent à la crise se fasse, provoquant un changement radical de paradigme de vie comparable au saut et à la coupure de la naissance, « il faudrait que les masses de gens qui pâtissent du système actuel s’unissent afin de former une force suffisamment déterminée et plurielle pour rompre l’équilibre des pouvoirs. » Il n’est plus possible de vivre dans un monde qui se meurt ! Nous devons nous transformer nous-mêmes, changer notre façon de vivre. Ce changement climatique change tout, écrit Naomi Klein ! Se profile en la lisant une politisation des humains comme on n’en a jamais vue ! Et cela se voit à un nombre de plus en plus grand de mouvements locaux, d’initiatives, de résistances !

Bien sûr, ceux qui font des profits considérables tout en continuant à polluer plus que jamais sont très conscients du « pouvoir révolutionnaire du changement climatique », et que cela va s’attaquer à l’argent qu’ils font ! Alors, les climatosceptiques disent que les politiques de lutte contre le changement climatique visent à attaquer le capitalisme américain et les classes moyennes. Alors même que les climatologues sont d’accord à 97% sur le fait que ce sont les activités des hommes qui provoquent cette catastrophe en s’appuyant sur beaucoup de données scientifiques, sur des études d’experts, ceci depuis 20 ans. Les pollueurs savent très bien que beaucoup d’entre eux devront mettre la clef sous la porte, alors, par avidité pour le profit immédiat, ils préfèrent s’enfoncer dans le déni, avec des guerriers idéologiques semant habilement le doute et attisant la peur d’une attaque économique. Les données scientifiques sont dérangeantes, alors le mouvement climatosceptique fomente une contre-révolution grassement financée évidemment par les multinationales, afin que l’opinion ne se retourne pas contre le capitalisme. Il y a aussi de nombreuses tentatives de rendre la logique du marché compatible avec les mesures climatiques.

Le débat sur l’équité, sur le fait qu’il est équitable que ceux qui ont le plus pollué paient le plus pour enrayer la catastrophe, se fonde sur un fait scientifique : « le changement climatique est causé par l’accumulation de GES dans l’atmosphère au cours des deux derniers siècles. » L’idéal des adeptes du libre-marché a vraiment déclenché des processus physiques et chimiques qui menacent des pans entiers de l’humanité et de la planète ! La fin d’un certain monde est inéluctable ! Et aussi une certaine idée que nous humains avons de nous-mêmes ! En ce monde, nous ne pourrons plus continuer à croire que nous pouvons soumettre la nature, ses ressources.

Les climatosceptiques protègent les milliardaires de ce monde, ils sont liés à de puissants groupes d’intérêts politiques et économiques, ils reçoivent, nous dit Naaomi Klein, de l’argent de la part d’entreprises, de fondations et d’individus liés à l’industrie des combustibles fossiles. « … la plupart des scientifiques qui interviennent lors des conférences de l’institut trempent tellement dans l’argent des combustibles fossiles qu’on peut presque en sentir les effluves. » « … un réseau anonyme de milliardaires américains a donné près de 120 millions de dollars à des ‘groupes mettant en doute les données scientifiques qui corroborent l’existence du changement climatique… » L’argent pourrait tout dénier… Bref, ceux qui nient le changement climatique dû aux activités humaines depuis 200 ans sont aussi ceux qui jouissent de privilèges sociaux et économiques…

« Il me semble évident que tout le monde devrait se ranger à l’avis de 97% des climatologues, avis étayé par leurs innombrables publications révisés par des pairs et par ailleurs partagé par l’ensemble des organismes scientifiques nationaux de la planète… Leur message à tous est sans équivoque… La science nous oblige à choisir… » Mais comment changer les choses sans que les responsables de la crise se sentent menacés, sans que les élites mégalomanes s’accrochent à la croyance d’être les maîtres de l’univers ? Naomi Klein nous montre la guerre en train de se mener, le capitalisme encore triomphant et si anti-environnemental ! Admettre leur erreur implique un véritable cataclysme intellectuel ! Alors, pour résister à ce cataclysme intellectuel, le capitalisme dominant infiltre la quasi totalité des gouvernants de la planète, les grandes organisations médiatiques, les universités… et nous-mêmes bien sûr, obnubilés par nos jouissances confortables ! Les mesures qu’il est urgent de prendre pour éviter le pire s’attaquent évidemment au paradigme économique occidental si dominant, et au mythe fondateur de la culture occidentale selon lequel, nous rappelle Naomi Klein, l’être humain ne fait pas partie de la nature et peut se jouer de ses limites ! Nous allons devoir apprendre l’humilité ! Et ne prendre à la nature que ce dont nous avons besoin chaque jour !

Ce livre de Naomi Klein est très fourni, très dense, très volumineux, et il faut aller le lire ! Elle nous montre par exemple l’effet délétère sur les émissions de gaz à effet de serre de la création de l’OMC, de ces accords commerciaux internationaux ! Elle dit qu’il faut revenir à la situation d’avant 1970, où le climat, bien qu’attaqué par l’activité industrielle depuis longtemps, était gérable. « … ces accords commerciaux pourraient même donner aux multinationales le pouvoir d’annuler des victoires populaires capitales contre des pratiques hautement controversées, telle l’exploitation gazière par fracturation hydraulique. » « … la logique suffocante de l’austérité qui empêche les gouvernements d’effectuer de nécessaires investissements dans les infrastructures à faibles émissions de GES… la mise aux enchères des services publics d’électricité au profit de sociétés privées… »

Que faire lorsque les responsables des négociations sur le climat sont subordonnés au système commercial ? Le climat est dans l’impossibilité de prendre le dessus sur le commerce.

Naomi Klein montre du doigt la main d’œuvre bon marché et l’énergie sale, le fait que depuis quelques années de nombreux promoteurs du capitalisme vert (pour ne pas lâcher les profits) tentent de minimiser l’antagonisme entre la logique du marché et les limites écologiques. Il s’agit, écrit-elle, de changer de paradigme économique, de passer à une gestion publique de l’énergie, de l’arracher aux profits, aux actionnaires, d’en avoir une gestion locale ! Elle dit qu’il faut revitaliser et redéfinir le secteur public. C’est ainsi que l’humain revient au cœur de la vie ! Comment payer : par le pollueur-payeur ! Le temps de la fermeté devant les géants pollueurs doit arriver ! Nous avons en nous le pouvoir de rejeter la main invisible qui nous soumet ! Et revoyons nos façons de vivre, de produire, de nous déplacer, de nous cultiver, de vivre ensemble ! Reconsidérons ce dont nous avons réellement besoin ! C’est une question de vie ET de mort ! Car si nous voulons vivre, nous devons mourir à une certaine vie d’avant qui nous menait droit dans le mur ! Sevrage ! Coupure du cordon ombilical ! Décentraliser, ne plus attendre tout d’en haut, relocaliser, réinvestir son territoire, l’aimer ! « Elément fondamental, l’agriculture (source importante d’émission de GES) pourrait être décentralisée pour devenir un vecteur clé de l’autosuffisance et de la lutte contre la pauvreté… » Il y a cinquante ans, les petits agriculteurs pouvaient encore vivre en autosuffisance, pratiquant la polyculture et l’élevage, sans engrais chimique ni pesticides ! On a détruit de manière arrogante et humiliante ce monde local paysan qui se débrouillait et avait une sagesse si respectueuse de l’environnement, une humilité poétique !

Naomi Klein évoque le miracle allemand et son grand développement des énergies renouvelables faisant la preuve que c’est possible de jouer ce tournant vital ! Hélas le lobby du charbon s’en est mêlé… ! Elle évoque aussi l’importance de savoir dire non, surtout s’il s’agit des fameux sables bitumeux si polluants par exemple au Canada, et les risques énormes de contamination de l’eau, les montagnes que l’on décapite. « La terre écorchée vive » ! Pareil pour le gaz obtenu par fracturation, et ses fuites considérables de méthane. Idem les forages en eaux profondes, et ainsi de suite dans la courses effrénée aux profits par exploitation des ressources fossiles. Peu importe la fonte des glaciers, cela permet aux porte-conteneurs de passer par là et de raccourcir leurs trajets… Ah la puissance des lobbys des combustibles fossiles ! « Le meilleur espoir de sortir de l’impasse actuelle consiste en la limitation de leur capacité à acheter – et à intimider – des politiciens… comment convaincre des politiciens qui subissent l’influence des milieux d’affaires d’adopter des réformes justement conçues pour les libérer de cette influence ? » Le prochain sommet sur le changement climatique, à Paris, est financé en partie par ces milieux d’affaires, des banques, etc. ! Aucune démocratie occidentale ne peut se dire exemplaire, écrit Naomi Klein !

Parce que le système économique ne répond en vérité pas du tout aux besoins de la population, « cette contradiction n’est peut-être pas une si mauvaise chose » ! Et oui, cela ouvre les yeux de cette population, cela la pousse à décider de prendre les choses en mains, de mettre en acte une révolution intérieure, une maturation échappant à l’élite qui les soumettait, une ré-appropriation de leur territoire qu’en réalité nous voyons pour la première fois en responsable. Nous allons vivre ici, pas dans le monde de la consommation fait pour nous d’ailleurs ! Avènement d’un vrai contre-pouvoir ! Vous nous avez crus petits et éternels mineurs, nous ne le sommes plus ! Nous vivions tous dans le monde qu’a créé le néolibéralisme, nous sommes en train de nous en sevrer, de le trouver mortifère et sans véritable liberté ! « Le capitalisme contemporain… a aussi transformé l’individu en le faisant accélérer, en le déracinant et en le dématérialisant, à l’image du secteur financier, si bien que chacun se retrouve maintenant partout et nulle part à la fois. » C’est vrai qu’accepter le local, l’aimer, en reconnaître la poésie, la qualité de vie, passe par un sevrage, exige de se défaire pour prendre du temps. Nous avions perdu la capacité de noter les variations infimes de notre environnement qu’avaient encore nos grands-parents et qui exigeaient une sorte de communion avec la nature qui ne s’atteignait qu’avec une connaissance profonde du milieu transmise localement de générations en générations. Un rapport au temps à retrouver ! « … la culture occidentale n’a ménagé aucun effort pour faire disparaître les cosmologies autochtones qui interrogent le passé et l’avenir pour éclairer le présent, où les ancêtres morts depuis longtemps, toujours de ce monde, peuvent inspirer les générations à venir, qui sont déjà présentes. » Nous, ce monde du jetable nous fait comprendre très vite que nous sommes de prochains déchets vite remplaçables, rangés des voitures par le progrès et les technologies qui pointent notre ringardise comme une honte homicide !

En vérité, Naomi Klein souligne que nous n’avons pas inventé le dérèglement du climat, nous n’avons fait que l’aggraver, surtout à partir du libre marché mondial dans les années 80. « On a commencé à traiter l’atmosphère comme un dépotoir au moment où l’on a entrepris de faire le commerce du charbon, à la fin du XVIIIe siècle… en fait, les racines de la crise du climat plongent dans un des mythes fondateurs de la civilisation occidentale issue des Lumières, selon lequel l’humanité a pour vocation de dominer une nature considérée comme illimitée et entièrement maîtrisable. Celui-ci n’est pas uniquement attribuable à la droite politique ou aux Etats-Unis : il s’agit d’un grand récit qui transcende les frontières et les clivages idéologiques. »

En finir avec l’extractivisme, écrit-elle ! L’idéologie dominante actuelle mise sur l’exploitation illimitée des ressources limitées de la terre, sans vision à long terme, depuis quelques siècles. On détruit avec mépris des économies locales, on s’attaque aux salaires et aux protections des travailleurs, et on s’étonne encore du ralentissement de la consommation ! Tant mieux, d’ailleurs, que cette consommation-là ralentisse ! L’extractivisme déchaîne des forces qu’on n’a pas vues venir, parce que nous avions sous-estimé les équilibres dont est faite la nature, le fait que tout se tienne, que chaque être vivant, chaque élément, chaque chose, a son importance et sa place indispensable. On n’a qu’à voir la complexité de la vie des sols, et dont l’agriculture industrielle s’emploie depuis longtemps à provoquer la mort biologique ! Naomi Klein nous parle longuement du cas de l’île Nauru, une île très isolée du Pacifique Sud, dont le monde des riches a fait un dépotoir parce qu’elle était perdue au milieu de nulle part ! Très riche en phosphate de chaux, une société d’abord germano-britannique est venue l’exploiter à outrance, développant dans un premier temps le niveau de vie de l’île, une sorte de Doubaï. Les puissance coloniales s’y succèdent, le sol est exploité jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une coquille vide ! Le phosphate de chaux, lui, était envoyé en Nouvelle Zélande, en Australie, pour… fertiliser les sols. L’île n’était qu’un bien de consommation, dans une logique coloniale, sacrifiée pour développer l’agriculture industrielle d’un pays riche… ! Ensuite, l’île est devenue un haut-lieu de blanchiment d’argent, de banques fictives. Mais, après le désastre écologique, l’île n’a pas échappé au désastre économique. Eau qui manque, sécheresse. Puis l’île a servi à accueillir des demandeurs d’asile, ceux dont on ne veut nulle part ailleurs… L’île de Nauru est une leçon pour l’humanité entière : nous risquons tous de finir comme cela, si notre environnement continue à être violé et dénaturé par l’extractivisme ! « dans le contexte colonial, certes, un modèle économique ainsi fondé sur une croissance illimitée pouvait sembler viable à première vue. S’il a d’abord prospéré dans le giron du capitalisme, des gouvernements de toute allégeance en sont venus à l’adopter comme modèle de développement. Et c’est précisément la logique justifiant l’exploitation inconsidérée des richesses naturelles que la crise du climat remet profondément en cause. L’extractivisme est issu d’un rapport à la terre dominateur et égocentrique, où l’on prend sans rien donner en retour. »

Comme par hasard, l’extractivisme « a connu un essor fulgurant à l’ère coloniale » ! Logique ! Nous sommes là en plein dans l’idée d’un monde comme territoire conquis et non pas d’une terre natale, avec tout ce que cela comporte de mépris à son égard et la croyance qu’il y aura toujours d’autres endroits à piller, comme aujourd’hui les multinationales des ressources fossiles pensent qu’il reste encore une quantité illimitée de sous-sols à exploiter ! Dans cet esprit, les terres colonisées d’une autre manière, pour les profits, ainsi que la main-d’œuvre à exploiter, sont jetables après usage pour le progrès d’une consommation selon des normes occidentales étendues à l’humanité entière sommée de perdre ses modes de vie ancestraux. La colonisation s’est mise en place dans le sillage de l’industrie du charbon grâce auquel non seulement les usines tournèrent mais surtout les navires purent partir à la conquête de territoires lointains. Naomi Klein insiste à juste titre sur le fait que « la crise du climat ébranle non seulement les fondements du capitalisme, mais le mythe fondateur d’une culture axée sur la croissance et le progrès dont nous sommes tous prisonniers aujourd’hui, d’une façon ou d’une autre. » Comment sortir de cette prison, dorée ou pas, voilà la question urgente que nous pose le dérèglement climatique ! Soudain, ne prenons-nous pas conscience, effrayés, que nous sommes encore dans une logique fœtale, avec tout autour des produits fabriqués pour nous nourrir, et nous n’avons pas encore pensé à naître, à faire le grand saut logique vers le dehors, mais surtout nous n’avons pas pris garde que nous sommes en train de nous empoisonner avec les déchets que nous produisons depuis deux siècles avec notre activité industrielle ? « La perception de la Terre comme un territoire susceptible d’être asservi et réduit à un ensemble de paramètres imprègne non seulement la révolution scientifique, mais également l’ère coloniale… » Naomi Klein analyse ce XVIIIe siècle, Bacon, Watt, la machine à vapeur qui permet, déjà, de relocaliser la production, le fait que les navires ne dépendent plus du vent, le charbon, les manufactures en Angleterre avec le coton ramené des colonies, etc. jusqu’à aujourd’hui et l’avènement du commerce électronique ! Foisonnement, bien sûr, des produits offerts aux consommateurs, et dont ils ne pourraient plus se passer, dans ce pari d’une addiction inguérissable ! A quand le sevrage ?

Pourtant, tandis que les dominants se croient toujours invincibles, la nature, si malmenée, si méprisée, se rappelle à eux, à nous, avec ses forces immaîtrisables, violentes, parce que les lois de l’équilibre si nécessaire au vivant ont été bafouées par la prétention prométhéenne de certains humains ! Des humains formant l’élite ont cru s’être emparé du feu, mais voici le retour effrayant et sauvage de forces déchaînées par les ruptures d’équilibres, par les trous dans l’enchaînement des éléments qui s’est tissé au fil des millénaires dans l’univers. Les voleurs de feu n’ont jamais réfléchi aux conséquences à long, voire très long terme de leurs activités ! Ne voyant que le petit doigt de leur intelligence, ils ont mépris l’intelligence de la nature, de l’univers avec sa complexité et ses interactions toujours en train de se rééquilibrer déséquilibrer. Longtemps, à la différence de nos ancêtres pas si lointains, nous avons, en consommateurs bien formatés, nous avons négligé notre vulnérabilité face aux éléments, nous sommes restés aveugles au fait que nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne et non pas les maîtres comme le prétendait Bacon ! Il nous reste, de toute urgence, à redéfinir notre rapport au monde, notamment à apprendre l’humilité ! Naomi Klein cite le politologue australien Clive Hamilton qui dit que « le rapport de force qu’entretiennent les humains avec la Terre depuis trois cents ans devrait être inversé ».

Par-delà la révolution, la défense des droits de l’homme, l’abolition de l’esclavage et des classes sociales, au niveau politique la droite comme la gauche continue à encourager la production, la consommation, la logique de marché ! Les pays en voie de développement cherchent à se réapproprier… leurs ressources fossiles, adoptent les modes de vie occidentaux…

La pensée écologiste a évolué, mais en l’absence d’un solide mouvement populaire pour la défendre, peut-elle vraiment quelque chose ? Doit se lever un mouvement infini d’appropriation de notre sol natal, par un saut logique impliquant sevrage par rapport notre mode de vie consumériste et adoption d’une sobriété heureuse respectueuse de la complexité de l’environnement. L’éco-système planétaire fragile doit devenir une priorité ! Inventons une politique qui ne se soumet plus à la logique du marché ! Fin de la pensée magique !

Naomi Klein nous montre combien la révolution pour le changement climatique est difficile, en pointant notre regard sur ces organisations environnementales qui, croyant qu’il est possible de garder les énergies fossiles en les rendant propres par des normes et la technologie, pactisent avec les pires pollueurs ! Effrayante hypocrisie ! On fait croire que la transition complète vers les énergies renouvelables est impossible. Naomi Klein nous rappelle qu’ « on continue à inviter les dirigeants des grandes sociétés pétrolières aux sommets organisés par les Nations Unies à titre de partenaires-clés dans la quête de ‘solutions’ ». A partir de 1980, de l’ère Reagan, la droite impose ses vues, une grande vague de déréglementation s’organise, de nouvelles organisations environnementales se disputent les contributions des donateurs et s’inféodalisent aux milieux d’affaires, les multinationales achètent des droits d’émission, les financiers vont faire des bénéfices en sauvant le monde, on va acheter des indulgences carbone pour expier ses péchés, on présente le gaz de schiste comme combustible de transition alors que les fuites de méthane polluent comme jamais. Le commerce de la pollution se met en place à Kyoto. Mise sur pied d’un marché international du carbone, qui va engendrer de nouvelles formes de violation de droits fondamentaux. Des multinationales conservent leurs droits de polluer en s’appropriant des territoires et forêts habités par des paysans, des Autochtones sans aucun poids politique qui perdent leurs moyens de subvenir à leurs besoins. « … la capacité du vivant à fixer le carbone est pratiquement livrée aux industries polluantes afin de leur permettre de continuer à polluer. »

La transformation du comportement humain, qui n’a aucun rapport avec la technologie, est très difficile ! Les humains continuent à croire, dans le sillage des puissants, que la géo-ingénierie sera la solution contre les déchaînements du climat ! Cette géo-ingénierie pourrait nous sauver à la dernière minute, alors pas besoin de changer nos modes de productions et de vie, continuons à exploiter de manière irresponsable les ressources de la Terre ! Nous sommes encore dans la pensée magique ! Nous irons vivre sur la lune, sur mars, ou sur une autre planète habitable qu’on finira par découvrir ! La géo-ingénierie nous offrira un plan B technologique en cas d’apocalypse imminente. Par la bio-ingénierie, les maîtres du monde envisagent de bloquer une partie du rayonnement solaire, en s’inspirant des conséquences d’une forte éruption volcanique qui modifie le climat en obscurcissant le ciel : il suffit de disperser des aérosols à base de soufre dans la stratosphère avec des avions spéciaux, ceci pendant des années. Ces manipulations climatiques sont effrayantes ! Les apprentis sorciers avaient eu cette idée folle lors de l’éruption, en 1991, du volcan Pinatubo, qui avait provoqué une diminution de la température mondiale de 0,5°. Ces apprentis sorciers ne se soucient pas du fait que les conséquences sont imprévisibles et immaîtrisables, que la terre serait entourée d’un halo de brouillard avec la disparition du ciel bleu, des étoiles, que les océans mourraient par acidification (mais on trouverait un moyen chimique de pallier ça…), que plus rien sur terre n’échapperait aux machines crées par la prétendue élite humaine. Ce qui compte pour les maîtres de la terre, c’est que les précipitations (en injectant au bon endroit le dioxyde de soufre) seraient probablement peu perturbées en Europe et Amérique du Nord, et que les graves sécheresses seraient pour l’Afrique équatoriale, pour certaines parties de l’Asie. Bien évidemment, on ne songerait jamais à injecter ce gaz dans un endroit différent de la stratosphère, de manière à ce que les sécheresses, ce soit pour l’Europe et l’Amérique du Nord ! Plus que jamais, ces projets de manipulations du climat se font sur le postulat que des populations entières sont sacrifiables ainsi que leurs territoires ! « Les débats sur la géo-ingénierie se déroulent généralement dans un cercle remarquablement restreint et incestueux qui rassemble toujours les mêmes scientifiques, inventeurs et bailleurs de fond. » Entre autres inventions technologiques, il y a aussi la machine à aspirer le dioxyde de carbone, avec de considérables profits à la clef ! « La géo-ingénierie cherche à régler un problème causé par la présence de saletés dans la basse atmosphère en répandant un autre type de saletés dans la stratosphère, ce qui pourrait avoir de terribles répercussions. » Pourtant, en étant à l’écoute des conséquences d’éruptions volcaniques, refroidissement du climat terrestre, vastes régions du continents africains soumises à de sévères sécheresses et donc une population mourant de faim et de soif. Bref, les leçons de l’histoire volcanique montrent que les puissantes éruptions « demeurent probablement la pire menace pour la vie humaine. » Mais peu importe, puisque les populations sacrifiées ne sont pas sur nos continents privilégiés… La géo-ingénierie envisage le génocide de manière froide… Elle choisit qui va vivre et qui va mourir… « Il ne fait pas l’ombre d’un doute que les géo-ingénieurs rendront notre planète monstrueuse à un point jusqu’alors inégalé dans l’histoire de l’humanité. » Tout cela pour que les multinationales des énergies fossiles, du libre marché mondial, continuent à faire des profits en polluants de manière suicidaire ! L’industrie des combustibles fossiles finance bien sûr généreusement la géo-ingénierie !

Ce monstrueux plan B qui fait froid dans le dos nous ramène à l’urgence d’un plan A inévitable, c’est-à-dire la diminution urgente des émissions de gaz à effet de serre, en révolutionnant nos modes de vie et en sacrifiant l’énergie fossiles ! C’est sûr que les profits liés aux ressources fossiles devront être sacrifiés ! C’est sûr que le 1% des nantis de la planète vont devoir accepter le droit à vivre sur leur territoire des 99% des humains qui ne comptaient pas jusque là sauf comme main d’œuvre exploitable !

Heureusement, commencent à se profiler de nouvelles générations, résistantes et responsables, qui n’ont pas envie de jouer à la roulette russe ! Pour ces générations résistantes, l’espoir ne réside pas dans les conférences sur la crise du climat, ni du côté du monde des affaires s’impliquant dans les énergies renouvelables pour mieux pérenniser le libre marché, mais tout en bas, sur le terrain, dans les batailles du quotidien pour sauver les forêts, l’accès à l’eau potable, pour lutter contre la mort biologique des sols, pour les montagnes, pour pouvoir vivre des richesses ancestrales du territoire. La Blocadie, ainsi que la nomme Naomi Klein, est en train de s’organiser en réseau mondial bien enraciné et diversifié. Elle s’organise en Grèce, récemment en Espagne, et cela peut faire boule de neige. Même en Chine se lèvent des îlots de résistance. Partout se manifeste le désir de protéger les enfants à venir et de rétablir un lien profond avec la terre. Des militants s’opposent à la fracturation hydraulique, d’autres au charbon, au sable bitumeux, au nucléaire, à l’agriculture intensive industrielle. Laissons pétrole, charbon, gaz naturel sous terre. Des pays osent demander des réparations, des Autochtones exigent que des traités anciens sur leurs droits de vivre sur leurs territoires selon leurs modes de vie ancestraux soient respectés. Assez des individus traités comme des sous-humains, et des territoires empoisonnés, désertifiés, saccagés ! Personne n’est à l’abri du dérèglement climatique ! La justice s’abat avec le scénario le plus terrible ! Une crise de la démocratie se joue comme jamais ! Et les êtres humains comptant pour rien jusque-là font la preuve, en se reliant, que chacun d’eux compte ! A la suite des Autochtones, des premières nations, exigeant le respect de leurs droit, finie la passivité des citoyens résistants ! « car seules des populations ayant vraiment la capacité de refuser pour de bon le développement polluant sont en mesure d’entrevoir des alternatives concrètes. » retour à la case départ, au temps du dialogue de l’humanité avec la nature, le soleil, le vent, les rivières, les saisons. Parions qu’ « aucune arme n’est plus puissante que la mise en place d’alternatives concrètes » un peu partout localement. Mise en place « d’un nouveau type de rapports où ces collectivités auraient la pleine maîtrise des activités liées aux ressources… » Et non plus la vieille logique coloniale en vertu de laquelle des étrangers et des dominants se réservent la presque totalité des profits. Désinvestir pour réinvestir dans l’énergie renouvelable, et une nouvelle organisation du vivre ensemble. La dette morale sera plus forte que la dette mondiale ! Pour commencer, dette des pays industrialisés et pilleurs des colonies à l’égard de ces pays pauvres.

Voilà un livre formidable, suscitant en nous un puissant désir de révolution, qui commence par être intérieure parce que nous devons nous sevrer de nos habitudes de consommateurs, en nous offrant une analyse extrêmement poussée et historique de l’état catastrophique d’un monde presque à la veille d’une apocalypse climatique. D’un côté, nous avons des humains monstrueux car avides de toujours plus de profits immédiats, de l’autre une communauté humaine de résistants commence à s’imposer avec une étonnante maturité, en marche vers une sobriété heureuse. Le livre se conclut sur l’enfant, donc sur la planète que nous devons lui offrir à partir du moment où nous avons décidé que la vie devait se continuer sur terre. Une continuation de la vie mise à mal aussi par la pollution, fertilité diminuée, moins de garçons que de filles et malformations des organes génitaux chez les garçons, obésité, allergies, cancers…

Alice Granger Guitard



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