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Redouan Khedid
vendredi 3 juillet 2015 par Abdelali Najah

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Redouan Khedid expose à la galerie de l’Institut français d’El Jadida.

L’Institut français d’El Jadida organise une exposition de l’artiste peintre Redouan Khedid à la galerie de l’Institut du 12 au 30 juin 2015 (prolongation jusqu’au 11 juillet). Cette exposition intitulée « l’Etre et l’Ephémère », a vu au vernissage le 12 juin courant la présence de Me Elisabeth DU BREIL DE PONTBRIAND et de M. Abderrahime Bartaie respectivement Directrice de l’Institut français d’El Jadida et Directeur de la Direction régionale de la Culture de Doukkala Abda, d’une plaide d’hommes du monde de la culture et de l’art, ainsi que les adhérents de l’Institut français d’El Jadida.
En cette occasion spéciale, l’artiste peintre Redouan Khedid a eu l’amabilité de répondre à nos questions pour le plaisir des lecteurs.

-  Voulez-vous nous parler de l’exposition intitulée « l’Etre et l’Ephémère » présentée à la Galerie de l’Institut français d’El Jadida du 12 au 30 juin 2015 (prolongation jusqu’au 11 juillet) ?

Permettez-moi, tout d’abord, de commencer par les deux remarques suivantes : l’Institut français d’El Jadida s’est démarqué par son sens de l’initiative, et la capacité à gérer l’action culturelle avec une approche professionnelle évidente et ainsi je suis heureux d’en être l’invité.
Le deuxième élément est l’interactivité positive qui caractérise le chemin parcouru avant et après le montage de l’exposition. Ces moments qui revêtent l’aspect de « l’Ephémère » sont ancrés dans ma mémoire et dans celle de ceux qui ont contribué à sa réalisation. Puisse ce moment être vécu comme une célébration de la culture, du beau partagé et de la civilisation. Comment en remercier l’équipe de l’Institut et particulièrement sa Directrice Elisabeth du Breil de Pontbriand, ainsi que ceux qui ont accompagné, encouragé ou étaient présents le jour du vernissage : mes amis les artistes, les poètes les écrivains, les enseignants-chercheurs, les étudiants, les journalistes et les visiteurs qui ont manifesté leur intérêt pour mes tableaux ?

-  Pouvez-vous nous parler des thématiques de l’exposition ?

Nombreux sont les thèmes qui me préoccupent, les grands sujets humains, nationaux et locaux, ont la part du lion dans ma réflexion, mais la toile est un espace étroit, un lieu qui a un commencement et une fin, une « géographie » matérielle et un support intermédiaire. Ma pensée s’est focalisée, en premier lieu, sur le « Soi », dans le sens de l’existant conscient (ou prétendant l’être), de son parcours à la fois parallèle et transversal par rapport au temps. Les vingt-et-un tableaux exposés dans la Galerie de l’Institut sont comme une exploration du « Dedans » et du « Dehors », sachant que la biographie ici peinte et exhibée n’est pas qu’un récit personnel, dominé par un égocentrisme futile.
Ce « Etre », conscient de sa place au sein de son objet, cherche à saisir le temps de chaque tableau, les manifestations de « l’Ephémère ». Deux livres expriment ce rapport intellectuel à l’actuelle composition : « Etre et temps » de Martin Heidegger et « l’Etre et le Néant » de Jean-Paul Sartre. L’Objet est à la fois Thème et Conscience, l’ensemble est questionné et interprété picturalement.

-  Voulez-vous nous décrire votre style ?

C’est un style en formation que je ne cherche pas à bloquer à l’intérieur de concepts. Il a pour origine la créativité plastique marocaine qui puise ses principes dans notre patrimoine technique et « rhétorique », sans être toutefois, prisonnier de la folklorisation naïve ou du pictural simpliste, encore moins du surréalisme nihiliste. Plusieurs facteurs ont contribué à l’enrichissement et l’orientation de cette approche artistique depuis l’époque, où lycéen, j’assistais aux ateliers artistiques de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben Mssik à Casablanca. Puis cette initiation à la chose esthétique prendra une forme académique à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, à travers les leçons d’Histoire de l’Art, qui ont contribué au développement de mon bagage technique tout en situant chaque procédé dans l’histoire des civilisations et l’évolution de la pensée humaine.
Mon travail sur les collections du Musée Dar Si Saïd à Marrakech et ceux du Musée National de Céramique de Safi, a consolidé mon attachement à l’Art marocain. Et l’ouverture sur l’universel s’est déclaré lors de mes visites des musées européens.
L’autre facteur est lié à mes recherches anthropologiques axées sur la créativité chez les artisans : les m’allam (maitres-artisans) de Marrakech, de Fès, et de Mogador ont joué un rôle prépondérant dans la formation de la base intellectuelle de mon style : ils m’ont guidé à travers les sentiers labyrinthiques qui mènent de la Beauté à la Sagesse.
Je pratique la peinture comme un vrai plaisir, en refusant le poids de l’académisme figé, je vais vers le support avec une idée/image et quand je sens que le tableau à une personnalité indépendante, qu’il cherche à prendre ses distances, j’estime que mon premier devoir de « médium/artiste » est accompli.

-  Comment arrivez- vous à homogénéiser les thématiques de votre art et votre style pictural ?

Vous faites allusion aux rapports thèmes/style/ techniques ? Les relations se présentent sous plusieurs formes, certaines sont évidentes dans le fonctionnel conscient ou intuitif, pour d’autres je les découvre ou redécouvre, lors de chaque acte/artistique ; parfois les liens sont inventés dans le mouvement, ils sont indépendants de ma vision première : c’est cette éclosion magique qui me fascine le plus. Autrement dit, l’homogénéisation, pour reprendre votre expression, se fait grâce à un canevas d’éléments variables et invariables, des constantes identitaires et des interprétations instantanées.
Je ne cherche pas à imposer un soi-disant pouvoir savant sur l’alchimie qui fusionne thèmes et style. J’essaie de faire perdurer des connaissances esthétiques et plastiques qui découlent de l’art marocain ancestral et de trouver un certain équilibre entre identité du style et significations des thèmes abordés de l’autre. J’aime recomposer le tout dans un langage contemporain et universel.

-  Redouan Khedid est connu comme chercheur en anthropologue, Quels sont les motifs qui vous ont poussé à œuvrer dans les arts plastiques ?

Mes recherches anthropologiques ont toujours été au cœur de la question esthétique : j’ai étudié la scénographie de nos « performances » et de nos spectacles populaires anciens, analysé la créativité de nos artisans et nos artistes /artisans. Dans ma vision anthropologique, le patrimoine artistique et plastique marocain a la priorité sur les inventaires partiels.
Je suis allé de l’Art à l’Anthropologie et non le contraire.

-  Pouvez-vous nous parler de cette relation plus précisément ?

Il y a une relation à plusieurs niveaux. L’anthropologie trouve dans les arts plastiques le moyen adéquat pour approcher certains aspects de l’inconscient culturel collectif, le corpus artistique, avec ses signes et symboles, offre à l’anthropologue un langage visuel qui dévoile le sous-jacent, une métalangue, riche en informations et renseignements.
L’expression artistique, composante essentielle de toutes les cultures, permet à l’anthropologue d’accéder aux fondements de la culture populaire, la « matrice » refoulée ou oubliée, celle ciblée par les anthropologues, réinterprétée par les artistes plasticiens.

-  Qu’en est-il de vos expositions antérieures ?

C’est ma première exposition individuelle. En vérité, il y a quelques mois je déclinais les invitations, cependant le sérieux et la conviction qui ont animé l’Institut français d’El Jadida et sa Directrice, m’ont encouragé à rendre publique une pratique artistique que je jugeais, jusque là, purement intime. Je peins quand le verbe est impuissant.

-  Que pensez-vous de la scène plastique au Maroc ?

La scène plastique marocaine est la fois riche et dynamique, le « composant-peinture » est un des domaines les plus inventifs et productifs de l’art marocain contemporain ; il suffit de voir ce que le Musée Mohammed IV a exposé lors de son ouverture et ce que l’Institut du Monde Arabe a montré, il y a quelque mois, pour percevoir la diversité de notre trésor esthétique vivant.
Le champ artistique souffre de quelques manques ou barrières mais si la concertation prédomine, celui-ci trouvera une place méritée.
Je souhaite que l’Art devienne objet et style d’éducation, en somme de Vie chez Nous.

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