Comme nos pluies seront parfumées - Mariem Garaali Hadoussa
mercredi 17 avril 2019 par Abdelaziz Ben Arfa

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Lecture du recueil ‘’Comme nos pluies seront parfumées !’’-de- Mariem Garaali Hadoussa
Par : Abdelaziz BEN ARFA

Introduction

Mariem Garaali Hadoussa, peintre et poétesse a publié récemment un recueil de poésie qui s’intitule ‘’ Comme nos pluies seront parfumées !’’/Poèmes/, (Rakkada, Kairouan(en Tunisie), Mayara éditions, 2017, 70 pages, prix : 8 dt, prix hors Tunisie : 8 $ ou équivalent. Elle dédie son livre à ses filles Senda, Syrine et Dorra. ). À lire les quarante-deux poèmes qui forment ce recueil, l’on constate que l’auteure atteint le sublime poétique avec des moyens de bord modestes. Syntaxiquement, c’est la phrase exclamative qui structure l’ensemble des textes, thématiquement, c’est l’émerveillement admiratif fasciné par la beauté des éléments naturels qui en est la dominante essentielle et rhétoriquement, c’est l’outil de comparaison ‘‘comme’’ qui sert à la fois pour établir le lien analogique entre le comparant et le comparé et pour traduire un état d’âme enthousiaste. Cette poésie n’est pas celle prétentieuse et sophistiquée d’un René Char ou d’un Saint-John Perse ou d’un Mallarmé, mais, plutôt, celle simple et gracieuse et chantante d’un Jacques Prévert, d’un Verlaine, d’un Tardieu (celui du ‘’Fleuve caché’’), et même, peut-être d’un Nizar Kabbani(poète libanais). Cette poétesse nous convie à une fête : c’est plutôt la joie qui enivre la sensation qui est exprimée plus que le sens inédit, ineffable et inaudible qui obsède l’enquête intellectuelle. Loin d’être d’abord difficile, cette poésie est celle d’une âme angélique et candide qui peint un monde déjà là : l’élan qui l’émeut est celui d’un enfant émerveillé par ce qui l’entoure et le découvre. Elle en dessine les contours et les décors, en associant plume et pinceau. Nous allons essayer de démontrer la spécificité de cet univers magique, en dégageant l’originalité formelle et thématique qui caractérise l’esthétique de sa poétique.

-1-La rhétorique et l’énonciation de l’émotionnel, la thématique de l’émerveillement

La syntaxe à dominante exclamative :
Si l’on adopte une démarche taxinomique, l’on repère le constat suivant : le premier poème (pp 9-10) comporte quatre phrases exclamatives, le deuxième, s’étend sur deux pages (pp.11-12), dix, le troisième (pp.13-14), onze ; le quatrième (pp.15-16), sept ; le cinquième (pp.17-18),sept ; le sixième (pp.19-20-21),huit ; le septième (p.22),trois ; le huitième (pp.23-24),neuf ; le neuvième (p.25),une ; le dixième (p.26), cinq ; le onzième (p .27), sept ;le douzième(p.28),six ; le treizième (pp.29-30),trois ;le quatorzième (p.31), une ; le quinzième(p.32),quatre ; la seizième(p.33),quatre ; la dix-septième(p.34),deux ; le dix-huitième(p.35),trois ; le dix-neuvième(pp36-37), deux ; le vingtième(p.39),cinq ;le vingt- unième (p.40), deux ; le vingt-deuxième(p.41),une ; le vingt-troisième (p.42), une ; le vingt-quatrième(p.43), trois ; le vingt-cinquième(pp.44-45),deux ; le vingt-sixième(p.46),six ; le vingt-septième(p.47), trois ; le vingt-huitième(p.48),une ; le vingt-neuvième(p.49),une ;le trentième(p.50),trois ; le trente-unième (p.51),deux ; le trente-deuxième (p.52),deux ; le trente-troisième(pp.53-54), deux ; le trente-quatrième(p.55-56),six ; le trente –cinquième(pp.57-58),sept ; le trente-sixième(p.59), deux ; le trente-septième(p.60),quatre ; le trente-huitième(p.61), (rien) ; le trente-neuvième(p.62),trois ; le quarantième(pp.63-64), deux ; le quarante-unième(pp.65-66),une ; le quarante-deuxième(p.67),quatre .
L’on compte (). Ceci traduit l’intensité émotionnelle engagée. Les outils d’interjections qui expriment la joie de l’émerveillement sont variés :
‘’Ô dame eau, je suis ivre de toi !’’(p .10) ;/Quel bel orchestre !/Quelle merveilleuse nature !(p.27)/‘’Comme elle me sourit !’’/Comme elle me chérit ! (p.47)
‘’Comme tout est ordre et beauté !’’(p.60)
Ce dernier vers invoque une intertextualité baudelairienne et précisément le poème ‘‘L’invitation au voyage’’ :
‘’Là, tout n’est qu’ ordre et beauté/Luxe, calme et volupté ‘’/‘’Mon enfant, ma sœur,/Songe à la douceur/D’aller là-bas vivre ensemble’’.
Elle invite son lecteur à communier dans une émotion, à la rejoindre dans sa position d’émettrice :
‘’Tu vois cette montagne au loin/Cette si grande montagne /Cette ombre majestueuse /Qui nous guette,/Figée depuis des millénaires./Non, non, elle n’est pas si figée que ça !’’(p.17)
‘’Regarde,/Tu entends le ronronnement de sa source/Qui émane de ses entrailles ?/La vie est là mon ami’’ (p .18)
‘’Vous voyez comme moi ce joyau /Vous vivez comme moi ce bel amour ?’’(p.21)/‘’Sens-tu l’odeur des orchidées, /Des œillets et des roses ?/Quel mélange capiteux !/J’adore cette odeur qui flotte’’ (p.28)
‘’Tu as vu Prague’’ (p.62)
Un des plus beaux passages les plus réussis du point de vue scriptural est celui-ci :
‘’Me voici foulant tes terres/Déchiffrant tes glyphes grouillant/De tant d’histoires’’ (p.64) :
Ici l’expression poétique ambitionne d’exprimer l’indicible et l’ineffable.
Les pronoms‘’me’’,’’tu’’ participent à l’exaltation du sentiment personnel. Cette exaltation constitue la fibre émotionnelle du texte. Elle communique la gaieté, la propage et la partage.
Quant à l’exclamation, elle s’adresse à un destinataire. Elle agit comme moyen expressif pour revigorer l’expression du propos. Elle exprime un cri de joie. L’énoncé se rapproche, alors, du style oratoire qui exprime une admiration et peint un sentiment de ravissement : comme si le souffle était coupé et la bouche reste bée par l’engouement et l’enthousiasme. Ceci renseigne sur l’attitude de la locutrice. La fonction phatique est ,ici, une composante énonciative de l’esthétique du poème.
Apostrophe et appellatif : l’apostrophe est une figure de rhétorique par laquelle on s’adresse directement aux personnes ou aux choses personnifiées .L’appellatif convient à toute une espèce :
‘’Son cœur est si gros qu’il aimerait/L’humanité entière !’’(p.57)
Le vocatif, lui, pourrait-être interprété comme un tour exclamatif utilisé pour s’adresser à quelqu’un, ou quelque chose :
‘’Ô dame eau, je suis ivre de toi ! (p.10)/Ô dame eau désaltère-moi’’ (p.10)
Cette poésie qui s’apparente à l’énoncé orale draine l’émotionnel. C’est pourquoi l’image véhiculée est quelque peu stéréotypée, que l’on appelle aussi’’ poncif’’,’’lieu commun’’. La banalité poétique se perçoit aussi bien dans l’image que dans l’idée .Car, cette poésie ne vise pas à renverser le monde dérisoire comme le cas, par exemple, pour Lautréamont mais pour exprimer un étonnement, une admiration, un émerveillement, pour drainer une charge émotionnelle intensive :
’’Cette si grande montagne’’ (p17) :
Où l’on remarque l’emploi de l’adverbe d’intensité : ‘’si’’
‘’Je célèbre mon amour pour les roses/Pour les choses/Que toi mon cœur as faites tiennes’’ (p.19)
‘’On ne peut que t’aimer, nature !’’(p.20)
Thématique de l’émerveillement :
‘’Mon Dieu ? C’est l’Eau de Mon univers,’’ (p.10)
Le point d’interrogation employé dans cette phrase exprime un étonnement et ne pose pas une question qui revendique une réponse élaborée. C’est l’affect et non pas l’intellect qui constitue ici l’enjeu.
‘’Englouti, noyé !’’
Cette phrase ne comporte pas de verbe. Elle véhicule un cri d’ébahissement qui est lancé ; elle communique une sensation pure. L’on pourrait considérer qu’elle est dépourvue de contenu informationnel logique qui suppose, au moins, la présence d’un sujet et d’un prédicat. Ce cri relève beaucoup plus de l’oral que de l’écrit. Cette modalité énonciative qui rend présente et la tonalité de la voix et celle du texte est le lieu où réside et se loge la poétique de ce recueil : la critique qui devrait s’en occuper est celle qui s’apparente aux ‘’littérature et sensation ‘’et ‘’Proust et le monde sensible’’, de Jean Pierre Richard et non pas celle de ‘’Proust et les signes’’, de Gilles Deleuze
‘’Pluie, ô pluie ! Ruisselle, chante, danse !’’(p.12)
Nous relevons la répétition du même terme et le point d’exclamation qui exprime la joie de l’étonnement et de l’émerveillement .Elle argumente en faveur de notre hypothèse de lecture.
‘’Quelle belle allure, ainsi dressée’’ (p.16)/‘’Qui dit que ses rochers sont inertes ?
Jamais !/Je la sens vivante :’’(p .17)/‘’La vie est là mon ami !’’(p. 18)
D’après ces exemples, l’on pourrait parler de la poétique de la ponctuation : ici, l’emploi du point d’exclamation révèle la joie d’un constat qui s’émerveille.
‘’Je célèbre mon amour pour les roses’’ (p.19) :
Cette phrase suggère, connote, ou plutôt elle dénote qu’il s’agit d’une ambiance de fête. Cette fête pourrait rappeler l’ambiance méditerranéenne que contient ‘’Noces’’ (qui chante les sites algériens)d’Albert Camus et surtout le texte intitulé ‘’le vent à Djemila’’ ( Djemila est une ville traversée par le vent .Elle offre une présence au monde délivrée de tous les soucis matériels, de tous‘’les plus tard ») ; ce rapprochement textuel pourrait s’étendre et s’établir encore avec ‘’Sido et les vrilles de la vigne’’, de Colette , et même avec ‘les Nourritures terrestres’’,de Gide’’ car, dans ce livre ‘’l’essentiel est le plaisir des sens qui doivent s’ouvrir à tout ce qui est naturel. Des pages souvent fort belles, inspirées par l’Afrique, l’Italie et la Normandie, traduisent le bonheur ainsi conquis’’, Ceci, bien que l’esthétique et la quête sensationnelle empruntent des voies et des modalités différentes, au niveau de l’énergie libidinale, de la vision et du style . Mais, il s’agit ici, comme ailleurs, de la poésie des lieux : de la ville de Vienne(p.61) de la ville de Prague (p.62)(’’Elle quitte Prague, différente,/Sans aucune destination,/Le cœur débordant/.L’âme errante,/),de la terre des Mayas (p.63-64)(‘’Terres vertes sous mes pieds,/Parchemins de veine bleu Azur./Je m’en vais visiter le pays des Mayas/’’) ; de Sidi Bou Saïd, en Tunisie(‘’Monter la colline,/ Goûter aux délices /De ce merveilleux bijou’’)(p.67) .
Cette quête du bonheur est un art de vivre : il s’agit de profiter de ce qu’offre la nature, les lieux et les beautés des paysages :
‘’La nature nous accompagne’’ (p .28)/‘’La nature nous bénit’’ (p.33)/‘’Quel bel orchestre !
Quelle merveilleuse nature !’’(p.27)/‘’Il n’y que nature qui puisse l’être,
Déesse vénérée de tous les temps,/Sous tous les cieux !’’(p.21)
‘’On ne peut que t’aimer, nature !’’(p.20)/‘’Mon bébé palmier’’ (p.30)/‘’Des millions d’étoiles brillent dans ma tête/Une horde de papillons habite mon cœur/Un essaim d’abeilles m’injectent /Un miel doux-amer./Des milliers d’oiseaux/Gazouillent dans mes oreilles./Des centaines de gouttes de pluie/Miroitent dans mon regard !/Et moi déesse/De tout les temps et espaces’’ (p.19)
‘’On ne peut que t’aimer, nature !’’(p.20)
‘’Je bois tes odeurs comme on boit/Un vin enivrant, hallucinant !’(p.20)
‘’Richesses, richesses et encore richesses !’’ (p.23)
Cette dernière phrase que nous citons est une phrase sans verbe : elle comporte un substantif sans prédicat verbal. Le même substantif est répété trois fois. c’est le point d’exclamation placé à la fin de cette phrase nominale qui renseigne sur le mode énonciatif et la fonction émotive. L’information véhiculée ne consiste pas en un apport nouveau, rhématique qui s’adjoint à un contenu connu, thématique :il s’agit plutôt d’une poétique du constat qui engage beaucoup plus la charge émotionnelle qui travaille à fleur du sensationnel et même du pulsionnel que du sens subtil, intellectuel et ineffable. C’est pourquoi nous remarquons que ,généralement, l’ensemble des phrases employées sont courtes, stéréotypées, brèves, constatives, déclaratives, sans modalité dubitative : c’est que ces phrases disent l’évidence. Mais cette évidence est ici perçue, sentie, retenue, fêtée et valorisée.
‘’Vole beau papillon, je te suis du regard !’’(p.22)/‘’Ta grâce anime mon âme/Quand tu butines de fleur en fleur, /Quand tu suces ce doux nectar.’’(p .22)
L’on observe que la poésie, ici, émise est celle du jouir que la sensation prend plaisir à goûter, à savourer, à tâter, à regarder, à humecter, à regarder, à écouter :
‘’Je bois tes odeurs comme on boit /Un vin enivrant, hallucinant !’’(p.20)
‘’Sens-tu l’odeur des orchidées,/Des œillets et des roses ?/Quel mélange capiteux !/J’adore cette odeur qui flotte,/Je la sens !’’(p.28)
‘’Son timbre me berce,’’ (p.47)
‘’Laisse-moi respirer ton air pur, profond’’ (p.37)
‘’Écoute ta voix !/Comme elle me sourit !’’(p.47)
‘’Regarde, /Tu entends le ronronnement de sa source’’ (p.18)
Cette joie de jouir de la nature atteint des fois l’ivresse et devient danse dionysiaque :
‘’Dansons sur le chant du rossignol !’’ (p.15)/‘’Mes couleurs, mes pinceaux dansent’’ (p.34)
‘’Respirer un parfum de miel /et danser une valse de Vienne’’ (p.61)
‘’Tu m’emportes dans ta danse et je me sens voler’’ (p .41)/‘’Je danse en transe sur leur mélodie’’ (p.42)

2- Le scriptural et le pictural/ la plume et le pinceau :

Le Pictural :
La poétesse use d’une palette de couleurs :
‘’De blanc tu habilles les ailes/De vert tu colores les jours’’ (p.43)
‘’On se promène, sous un clair de lune/Si blanc, si opalescent’’ (p.25)
‘’Les hibiscus sont d’un beau rose/Laiteux et translucide
Qui contraste si bien avec le vert foncé’’ (p.26)
‘’Nos éclats de rires montent au ciel /Et réveillent les êtres du jardin bleu’’ (p. 33)
L’on note, en passant, la sensibilité olfactive :
‘’Sens-tu l’odeur des orchidées, /Des œillets et des roses ?
Quel mélange capiteux !
J’adore cette odeur qui flotte’’ (p.28)/‘’Belles nuits d’hiver/Longues et sombres’’ (p. 34)
Elle dessine aussi les contours et les formes des choses :
‘’Les ombres sont douces et arrondies’’ (p.32)/‘’J’allonge la main/(…)/Et former un nuage de lait parfumé’’ (p.32)
‘’Sur la toile de ma vie !/Je dessinerai, avec, les lignes ma voie’’ (p.47)
‘’Éloigne-toi de ces cieux si noirs !’’(p.50)
‘’Nous laissons, derrière nous,/Une traînée de poudre d’argent’’ (p.60)
- Le scriptural :
La phonation
La réitération de la même cellule phonique :
‘’J’adore cette odeur qui flotte’’ (p.28)
L’on constate, ici, dans cet exemple, les réitérations des lettres et des sons, les allitérations en ‘’r’’ et les sonorités en ‘’o’’)
‘’Je danse en transe sur leur mélodie’’ (p.42) :
Où l’on constate la répétition de quatre lettres qui se répètent d’un vocable à l’autre :
Le ‘’a’’, le ’’n’’le’’s’’et le ’’e’’
‘’Et la bleue sereine,/Tout étendue, règne en souveraine.’’(p .67)
Ce qui est mis en relief, ici, c’est une musique, une rythmique, une chanson de joie et d’hilarité.
La rhétorique :
La comparaison
Les outils de comparaisons sont fréquent et variés : tels ‘’comme ‘’ou ‘’tel’’ et autres :
‘’Course folle, danse molle !/Et remonte le fleuve /Tel un saumon vigoureux !’’(p.35)
« Et les bruits des jours mornes /Résonnent comme des mélodies ‘’ (p.40)
‘’Comme un rayon de soleil, tu éclaires ma vie’’ (p ; 42)
Comme un fleuve, tu m’emportes sur ton chemin
Comme un ouragan, tu as transformé ma vie ‘’ (p.42)
Le scriptural et le pictural s’associent dans la même expression :
‘’Il apparaît dans sa vie/Comme un rai de lumière/Par une journée terne’’ (p.40)
‘’Il avale toutes les nuances du gris’’ (p.40)
‘’L’âme erre comme un papillon’’ (p.53)
…Elle cherche cet amour impossible
Ce miel si vital !
L’interrogation :
’’Comment les rendre heureux sans blessures ?’’(p.57)
3-la mysticité :
Pourtant, ce jouir-joie, bien qu’il émane des organes de la sensation, il atteint le sublime de la mysticité :
‘’Monter la colline/Sentir le bleu divin’’ (p.66)
‘’Charme et mysticité
Amandes immaculées /Noyées dans ce vers mielleux/Au goût de menthe fraîche’’ (p.65)
‘’Mes mains s’évadent dans ton bleu mystérieux /Pour peindre les volets de mon âme errante,
Noyée dans ta douceur mystique’’ (P .66)
‘’Libérée de toutes limites /Pour mieux apprivoiser l’universel éternel’’ (p .66)
‘’L’espace est intemporel’’ (p.41)
L’amour même, n’est autre, peut-être, que celui que provoque le poème (cf.43)
Et ce qui est cherché est beaucoup plus l’amitié que l’amour :
‘’Où es-tu belle amitié ?/Chère amitié que j’ai tant cherchée,/Que j’ai tant espérée !/Pourquoi ne pourrais-je te trouver ?/Pourquoi ne pourrais-je t’avoir ?/Pourquoi est-ce l’amour qui est au rendez-vous ?/Comment te trouver ?/Comment t’approcher ?’’(p.36)/
Certes ! Ce recueil dit l’enchantement si bien que le monde serait invivable et insupportable s’il cessait de provoquer l’émerveillement :
‘’Que le temps s’arrête avant le désenchantement !’’(p.41)
Mais, c’est plutôt le manque qui déclenche cette conduite et provoque cette posture poétique :
‘’Notre secret me manque,/Notre promenade me manque,/Ton doux sourire aussi me manque’’ (p.44)
‘’Va Licorne, vole, éloigne-toi de ces cieux si noirs !/Cherche-nous quelques étoiles/Qui feront sourire nos cœurs,/Remplir nos poumons de joie’’ (p50)
‘’Eh toi qui m’ignore !/Où es-tu ?te rends-tu compte ?’’(p.51)
‘’Papillon as-tu perdu tes ailes ?/Condamné à ne plus voler ?’’(p.53)
‘’Papillon sans ailes, /Vole au secours de cette âme frêle !’’(p.53)/‘’ Elle cherche cet amour impossible,
Cet amour qui ne veut pas d’elle,/Qui n’a jamais voulu d’elle’’ (p.53)

Conclusion

En somme, l’on dégage de ce recueil un sentir existentiel et poétique très fin, une grâce, une élévation, une modestie, une humilité, une simplicité, une candeur angélique, une innocence savoureuse, un optimisme rayonnant, une convivialité festoyant la joie , une fête célébrant les paysages , les lieux, les éléments naturels, les êtres fragiles , qui embellissent son décor . C’est une poésie qui cultive le rudimentaire, l’élémentaire, festoie l’amitié, le rapprochement, la proximité, invite au partage et à la communion amicale ; elle est même mue par un élan mystique d’élévation. Cette thématique est rendue gracieuse par le charme d’un style qui n’est pas encombré par une rhétorique lourde, qui confectionne la phrase brève, courte, exclamative, qui associe le pouvoir de décrire pictural à l’autorité expressive du scriptural.
Toutes les composantes énonciatives qui participent à l’élaboration de ce recueil, ainsi que les contenus thématiques, ou rythmiques, phoniques, sémantiques, formels et informationnels, agissent en cohérence harmonieuse qui renseigne sur l’activité poétique à l’œuvre qui sait s’adonner à l’exercice de sa noble tâche et qui fait advenir la littérature vive.
Notre lecture ne prétend pas épuiser toutes les richesses que recèle ce recueil. Bien d’autres aspects sont à étudier. Nous n’avons fait que frayer quelques sentiers et dépister certaines traces. L’essentiel reste encore caché.
Par : Abdelaziz BEN ARFA


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