Je m’en vais - Jean Echenoz
samedi 29 août 2020 par Jean-François Ponge

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Éditions de Minuit, 2001, 256 pp.

Félix Ferrer, marchand d’art contemporain, en a un peu assez de se faire le commis-voyageur de vidéastes, installateurs et plasticiens en vogue, qui lui rapportent de l’argent mais n’éveillent guère son sens artistique. Il tombe sur un "tuyau" qui l’emmène dans les terres arctiques à la poursuite d’un vieux navire échoué, porteur d’une riche cargaison d’art inuit traditionnel. Ce voyage à haut risque lui laisse entrevoir, outre une possibilité nouvelle d’enrichissement personnel, l’espoir d’une reconversion vers des formes d’art plus "authentiques". Il va donc partir, réussir dans son projet, et revenir avec des étincelles dans les yeux et une arrière-boutique bien remplie. Hélas, croyant voir la fin de ses soucis, il va rapidement s’apercevoir que ceux-ci ne font que commencer. Dans ce polar peu conformiste, Jean Echenoz déploie tout son talent au service d’une littérature agréable à lire tout en étant de la plus haute exigence. Quel que soit le thème abordé, qu’il s’agisse de la guerre ("14"), de l’espionnage ("Le méridien de Greenwich"), et bien d’autres encore, il est capable de nous raconter une histoire, à laquelle on s’attache, avec des personnages tout aussi attachants, en détournant astucieusement le genre littéraire auquel on croit avoir affaire. Sa vision du réel, toute en décalages, allant du proche au lointain, tournant autour du sujet comme une caméra en perpétuel mouvement, nous emmène dans un monde qui tout en étant le nôtre s’avère totalement réinventé par la seule magie de l’écriture. Un régal…


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