Echos d’Ici, poèmes de Claude Wind

Publié chez L’Harmattan dans la collection dirigée par Philippe Tancelin

vendredi 7 mai 2021 par Françoise Urban-Menninger

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Claude Wind, qui chantait ses premiers textes et se produisait régulièrement sur les scènes locales en Alsace dans les années 1970/1980, avait très peu publié. Depuis 2017, il enchaîne les parutions et propose avec son quatrième recueil des poèmes lumineux qui entrent en résonance avec la vie intérieure de ses lecteurs.

Tout est déjà signifié dans le titre "Echos d’Ici" que Claude Wind dépose telle une pierre blanche pour désigner "Le lieu, le monde, d’où le poème, à lui lié, parle".
Cette parole à la fois proche et lointaine, nous habite, nous traverse depuis la nuit des temps. Le poète en est le dépositaire et devient un passeur de mots, il s’inscrit dans une lignée "Où le proche et le lointain, l’en-dehors et l’en-dedans s’entrelacent, s’entre-choquent, se regardent". Et l’auteur d’écrire et de dénoncer la fuite en avant qui caractérise notre société actuelle : "L’aube, au fidèle embrasement/ loin de cette frénésie sans horizon/ confie au monde sa clarté/ sans rien demander en retour".
Dans cet esprit, Claude Wind invoque et évoque tour à tour un vers de Lao Tseu, la folie de Jakob Lenz, le retable d’Otto Dix ou encore tente d’appréhender "l’imprononçable" qui désigne "des silences, des secrets" autour du camp de concentration nazi du Struthof dans son poème "Dans les Vosges au-dessus de Natzwiller". On songe immanquablement aux vers douloureux de Jean-Paul Klée publiés sous le titre de "Crucifixion alsacienne" dédiés à son père disparu dans ce même lieu...
Oui, "Echos d’Ici" est un livre qui ne peut qu’entrer en résonance avec notre inconscient collectif ! Des ténèbres à la lumière, le poème trace un sillon qui pénètre les âmes, s’insinue dans les corps et les paysages pour égrener sa petite musique sous la peau vive de chaque mot.
Mais le temps suit son cours, nous fait et nous défait "Naître, mourir, mourir et naître/ L’un suit l’autre, l’un pour l’autre". Et le réel tangible de l’emporter à la fin de ce poème "La chatte se lèche sur la couette du lit" car nul n’échappe au quotidien !
"Cependant...", écrit Claude Wind...."Cependant...de cet amas de frayeur un autre ciel se dégage comme un brouillard qui se lève, peu à peu, au plus fort des cités exaltées ; prudemment, il avance son museau d’étoiles hors de son enclos infini.
Cependant..."
"Cet autre ciel", ce "Cependant..." plusieurs fois répété, donnent aux lecteurs une clé, celle de l’envie de poursuivre sa propre quête "cherche, cherche/ quelque chose ou rien/ personne ou quelqu’un/ Une image/ un fil".
"Echos d’ici" sera peut-être pour les lecteurs le début d’une quête car ces échos ont partie liée avec cette musique de l’âme qui fait danser la lumière sur la corde des jours.

Françoise Urban-Menninger


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