Mont Venturi - Bertrand Alain-Marie Gillig

Avec en couverture une peinture à l’huile de Benoît Trimborn

lundi 27 décembre 2021 par Françoise Urban-Menninger

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Galeriste depuis 2003 à Strasbourg, Bertrand Gillig baigne dans le milieu de l’art où il défend plusieurs artistes contemporains. C’est tout naturellement ce milieu qui lui a inspiré le sujet de ce premier roman qui se lit comme un polar et qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

Ecrit en partie pendant le confinement de 2020, que l’auteur a mis à profit pour développer son projet, il confie que c’est un reportage d’Arte sur le mystère de Judith et Holopherne du Caravage qui a été l’élément déclencheur de la rédaction de cet ouvrage.
L’on accompagne d’emblée le jeune Anatole Chaumet qui découvre lors de ses visites au musée Gustave Moreau à Paris sa passion pour le dessin. Il devient l’élève de Jean-Paul Costa, un juif qu’il cachera dans la propriété familiale durant la Deuxième Guerre mondiale. 80 ans plus tard, le petit-fils d’Anatole découvre dans les archives familiales que son grand-père aurait eu en sa possession deux tableaux de Cézanne, représentant la Montagne Sainte Victoire, d’où le titre de ce livre Mont Venturi.
La quête de ces deux toiles va inviter le lecteur, parallèlement à l’intrigue, à découvrir l’univers des galeristes et de ses coulisses. Bertrand Gillig s’appuie sur des faits historiques pour conférer une forme de crédibilité à son récit qui s’inscrit dans la grande Histoire. C’est ainsi que l’on suit au fil des pages, l’amitié entre Bernard Buffet et Anatole Chaumet ainsi que leurs pérégrinations en des temps troublés.
Quant à la période contemporaine, le lecteur n’est pas déçu car de nombreux rebondissements le mènent jusqu’en Argentine ! Autant dire que ce livre offre un voyage immobile non seulement entre les époques mais également à travers le monde...
Dans cette aventure sans pareille, Bertrand Gillig met en scène en filigrane sa quête personnelle ainsi que ses questionnements dans un monde où l’art a quitté les voies de la transcendance pour côtoyer celles de la finance.
On reconnaît sa compétence de galeriste dans les allusions aux différentes foires et salons d’art contemporains qui sont évoqués dans le livre. C’est lui encore qui attise notre curiosité et notre désir d’aller plus loin dans la connaissance d’un milieu souvent méconnu. C’est ainsi que l’on glane ici et là des anecdotes sur Francisco de Goya, Cézanne mais plus particulièrement un éclairage sur Gustave Moreau dont la figure tutélaire plane sur ce roman jusqu’à sont point d’orgue. Cet ouvrage à lui tout seul nous propose une page de l’histoire de l’art, certes romancée mais qui nous donne le goût de pousser plus souvent la porte des galeries ou d’entrer dans un musée pour s’immerger dans un temps suspendu tout comme Anatole Chaumet dont on peut ressentir l’émotion sous la plume de Bertrand Gillig qui écrit : "Tant de beauté et de grandeur semblaient l’enrouler dans un voile de tissu léger et lui effleuraient le visage à chaque nouveau tableau".

Françoise Urban-Menninger


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