Le sens magnétique, poèmes de Dana Shishmanian

Recueil paru chez L’Harmattan dans la collection Accent tonique dirigée par Nicole Barrière

mercredi 7 septembre 2022 par Françoise Urban-Menninger

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Auteure de plusieurs recueils de poésie, présente dans de nombreuses anthologies, Dana
Shishmanian nous revient avec un nouveau livre au titre mystérieux "Le sens magnétique" qui, d’emblée, semble avoir partie liée avec la musique des sphères, les éléments et forces cosmiques ...Car la poète elle-même évoque "un magma tellurique" de "textes bruts".

"Nourri d’écoutes musicales en enfermement", ce recueil composé entre 2019 et 2021 nous invite à réécouter les musiques du monde. De la "Berceuse héroïque" aux "Tambours de l’apocalypse" en passant par les "Variations Goldberg", l’auteure finit par devenir "un corps de sons" et s’écrie "tu t’épanouiras dans l’infini/ sans limite de forme d’espace et de temps". L’on songe alors à cette musique des sphères qui nous met au monde, nous porte et nous emporte. Le physicien Hubert Reeves n’affirme-t-il pas que nous sommes faits de la même structure que les étoiles mortes ?
L’on pense également à ces chercheurs californiens qui ont tenté de prouver que nous avons un sixième sens magnétique ! Et bien évidemment, on en revient aux textes de Gaston Bachelard qui écrivait que "la symbolique des éléments nous fait grandir psychiquement" en nous offrant "une physique onirique"...
Dana Shishmanian nous en donne un magnifique exemple dans "La foi cathare" où elle s’écrie : "-ne te laisse pas emporter par le vent-/ ne te dissous pas dans l’air-jette-toi dans le feu-/embrasse l’embrasement du bûcher-dissous-toi/ dans les vagues des flammes vives/ tu disparaîtras dans ton esprit".
Nul doute que le confinement fut pour l’auteure une recherche, voire une quête "de l’instrument caché encore jamais entendu"...Ses vers ne cessent d’appréhender cette musique inconnue et pourtant familière que l’on pressent sous les mots, dans le rythme même qui se renouvelle dans chaque page.
Quand Dana Shishmanian évoque son "âme_violoncelle-rouge-sang" jusqu’à devenir "corde" pour "amincir la douleur du corps", on perçoit cette sidérante vibration qui surgit des profondeurs de l’être où notre mort et notre origine confinent dans un abîme de mélancolie. Durant le temps du confinement, l’auteure n’a cessé de voyager à l’intérieur d’elle-même dans cette "cosmicité intime" chère à Gaston Bachelard pour remonter vers "La naissance de la musique" où "des larmes d’étoiles" ont déposé sur la page blanche les notes d’une poésie "magnétique" irradiante et éblouissante de beauté.

Françoise Urban-Menninger


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