Chêne de Bambou
samedi 25 janvier 2014 par penvins

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Un roman qu’on ne lâche pas avant de l’avoir terminé, et qui par sa construction et par ses sujets fonctionne comme un pont entre l’Europe et l’Afrique. Ce premier roman de Liss Kihindou est une vraie gageure. Il s’agit d’un roman épistolaire moderne puisque les courriers se font par mails entre Paris et le Congo. Liss Kihindou y manie merveilleusement l’intrigue ce qui fait qu’en dépit de ce discours à deux voix nous sommes entraînés de pages en pages sans jamais nous ennuyer. Ce qui fait la force de ce livre c’est cette sincérité que l’on perçoit, le parti pris épistolaire soulignant les contradictions, l’écriture ne peut échapper à cette mise en question et même si parfois on croit entendre la voix de l’auteur, lire quelles sont ses convictions, la forme même du roman rend le discours d’autant plus léger. Les questions sont nombreuses et les points de vue de part et d’autre de la Méditerranée bien différents, le dialogue par l’intermédiaire d’internet n’autorise pas que l’on s’attarde sur les sujets, il y a trop à dire entre Miya venue en France et Inès restée au Congo, mais ce qui impose une certaine légèreté, permet également, par la distance de l’écrit, que l’on ne se fasse aucune concession, l’Afrique démasque les hypocrisies de l’Occident.

Petit à petit le centre d’intérêt devient le roman lui-même, plus précisément les conditions économiques et psychologiques de l’écriture depuis le désir d’écrire jusqu’à la publication et la diffusion comme si l’on assistait en direct à la naissance de l’écrivain. Il y a bien sûr une certaine naïveté dans cette mise en scène des illusions de l’écrivain en herbe, mais cette naïveté est à la fois assumée par cette dernière et combattue par son interlocutrice ce qui lui donne un effet de touchante vérité et fait de ce premier roman, un roman réussi.


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