Laurence Courto et le Tao
dimanche 26 janvier 2014 par Jean-Paul Gavard-Perret

©e-litterature.net


Galerie InterArtmania, Lausanne (Suisse), (exposition collective) janvier 2014
Galerie La Capitale, Paris, (exposition personnelle) du 20 avril au 17 mai 2014

Laurence Courto ne cesse d’étonner. Partant à l’origine d’une peinture rupestre dans laquelle le papier malgache végétal épais, plissé, recouvert de pigments aux couleurs des terres d’Italie ( ocre rouge, terre de Sienne brûlée, rouge pouzzoles et le rouge de Mars) crée une peau, une mue l’artiste s’oriente peu à peu vers l’intemporel, le mouvement et l’espace. Depuis l’origine de son travail le regard est attiré par la lumière qui affleure de la couche souterraine et dont les rayons se cachent sous les plis provoqués ou accidentels. L’œuvre ne cherche jamais l’éblouissement. Elle fait bien mieux : elle est une issue lumineuse en réponse à la phrase de Victor Hugo que l’artiste inscrivit en incipit à l’une de ses rétrospectives : "La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder. " Dans ces œuvres et pour atteindre ce qui ne se laisse regarder, la lumière se cache derrière un écran de matières et de pigments. Il faut la rechercher avec constance. Elle est en résurgence comme la vérité à la fois terrestre et transcende.

Laurence Courto propose donc ses émergences et laisse en conséquence entrer l’infini dans ses œuvres. Elle élimine tout ce qui est ébouli de faux rêves. Surgit le vide appeleur de tous les possibles. Le cosmos et la terre germent et dansent. Eclate la voix sourde de l’existence faite d’absence dans des horizons de feu là où l’artiste cherche une forme d’ « innocence » de la création et fait place à l’accueil de la révélation. Par naissance et résurrection, au-delà de la soie du papier, de ses brouillards, de ses encres et pigments, surgit la présence d’un certain Tao, d’un vide essieu du maelström. Dans le silence de chaque œuvre subsistent en dépit d’effacements programmés des échanges, des déferlements, des tourbillons. Leurs grondements sourds accordent aux formes vie et mouvement. Chaque œuvre devient le lieu des métamorphoses. Paraboles de l’existant, vagues d’un océan sans rivage, d’une terre sans bord : Tao.

Jean-Paul Gavard-Perret


Copyright e-litterature.net
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature