Poèmes - Jean Arp
mercredi 10 septembre 2014 par Jean-Paul Gavard-Perret

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La grande fête de Jean Arp

Jean Arp, Poèmes, Derrière la Salle de bains, Rouen, 10 €.

Aux noces plastiques de Jean Arp répondent ses poèmes où « les princesses chantent dans leurs pots de brume qui part sur de petits doigts et ailes à la poursuite des vents du matin ». Contre le développement de tout culte et appelant à une contre-culture Arp n’a jamais besoin d’adorer la véracité articulée par le « bazar de la bienfaisance » rationnelle. Le rêve dans ses poèmes décale le réel : des anges impies (mais pas forcément noirs) y croisent des fœtus que le poète nomme « vieilles branches ». Les assiettes se révoltent et dévorent ce qu’on plaque dessus : orchidées, nénuphars, poires décervelées ou chien à la chair de cheval. Volontaires dialogues de sourds les poèmes renvoient les plaisanteries surréalistes à des pâles copies. Créant une armée de « nochers démoniaques », ses fées, ses chiens « à chair de cheval » sont là pour secouer les êtres embrigadés jusqu’à ne posséder qu’une « âme surcollective ». Sans jamais moraliser - bien au contraire – Arp ouvrent des abîmes à la mystique comme à la logique car les deux réduisent l’être à une criminalité contre la nature. Certes le poète ne se fait pas d’illusion : on ne sort pas du grand néant, on y rentre. Mais la vie est assez sublimement médiocre pour qu’on aîit envie avec le poète de la secouer afin que « les étoiles se balancent dans leurs anneaux et les fleurs de chasse de vent secouent leurs chaînes ».

Jean-Paul Gavard-Perret


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