Amoureuses - Siham Benchekroun
mardi 10 mars 2015 par Abdelali Najah

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« Amoureuses » de Siham Benchekroun à l’Institut Français d’El Jadida.

Abdelali Najah

L’Institut Français d’El Jadida a organisé une rencontre littéraire avec l’écrivaine féministe marocaine Siham Benchekroun autour de son roman « Amoureuses » à la Médiathèque Driss Chraïbi de l’Institut le vendredi 6 Mars dernier. Cette rencontre littéraire a vu la participation du guitariste Chouaib Bendagha du groupe Heat Spirit qui accompagnait la lecture des textes de Siham Benchekroun, et en dialogue avec M. Said Loukili.

Dans « Amoureuses » (Editions Empreintes, 2012, 180 pages), l’écrivaine Siham Benchekroun brosse les portraits de neuf femmes amoureuses qui se content dans neuf textes bien ficelés, en prose et poésie, afin de dégager les contours de la diversité du sentiment de l’amour. Qui ce que l’amour ? La Marchande nous disait : « Mon opinion n’a rien d’exceptionnel, ma chérie ! Depuis toujours, et partout, les hommes ne désirent des femmes que leurs corps et les femmes veulent être richement payées pour leurs services. (…) Bien sûr, je ne pratiquerai pas ce métier toute ma vie, mais j’ai quelques années de jeunesse devant moi et je compte en retirer le maximum….Que veux-tu que je te réponde : plus un homme t’aime, plus il débourse pour toi. C’est la seule preuve d’amour qui me convainc. » La Semblable nous révélait : « Oui, je n’ai toujours eu que du mépris pour leur monde glauque, leurs obsessions suintantes et clandestines, et surtout leur lâcheté sans limites. Puis j’ai grandi. Et pour évoluer parmi les hommes, j’ai pris leurs armes. D’instinct, je me suis installée avec eux dans un rapport de forces. Et je l’assume totalement. » La Sauvage pensait autrement : « Je guette sous mes paupières entrouvertes l’homme assis à ma gauche et qui lui aussi m’épie à la dérobée. J’ouvre mes jambes davantage, lève un bras et m’étire. Je ronronne d’aise. Mon gémissement de chatte langoureuse accroît son trouble. Il me semble entendre les pulsations sourdes de son désir cognant contre son corps bandé. Je pressens ses efforts pour maîtriser son souffle. Il a accéléré la vitesse du véhicule. Je suis ravie d’être nue sous le tissu que je froisse négligemment de la main. Je m’ouvre un peu plus encore. »

Métamorphosée en lectrice public, l’écrivaine Siham Benchekroun donne une autre dimension d’existence et de survie aux portraits amoureuses à savoir le gestuel approprié, le vestimentaire conforme et la voix souhaitée.
Au fil de la lecture d’ « Amoureuses », le lecteur clairvoyant découvre que le plaisir n’a rien à voir avec le complexe d’Œdipe, c’est plutôt un agencement et un constructivisme, comme disait Gilles Deleuze. Mais, cet agencement et ce constructivisme restent embryonnaires car le discours romanesque d’ « Amoureuses » cherche la vérité et non pas le sens. Alors, la question : « Qui ce que l’amour ? », a-t-elle un sens ?

Siham Benchekroun est romancière, poétesse et nouvelliste de langue française. Féministe engagée, elle a écrit de nombreux articles et animé plusieurs conférences sur la femme dans la société marocaine et sur le couple.


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