Un cœur simple - Gustave Flaubert
vendredi 27 mai 2016 par Abdelali Najah

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« Un cœur simple » de Gustave Flaubert à la Cité portugaise d’El Jadida.

L’Institut Français d’El Jadida a organisé une lecture publique animée par le professeur Ali Benmakhlouf sur une nouvelle de Gustave Flaubert intitulée "Un cœur simple" à la Cité portugaise d’El Jadida le samedi 21 mai dernier. L’assemblée – dont en premier lieu l’écrivain Fouad Laroui et l’artiste Touria Hadrami- a été sous le charme de la voix d’Ali Benmakhlouf pendant une heure dans ce texte hors pair, et qui fait partie de « Trois contes », un recueil de trois nouvelles de Gustave Flaubert.

En dévoilant le contexte social et culturel d’ « Un cœur simple », Ali Ben-makhlouf met en exergue les divers cheminements qui ont poussé Gustave Flaubert à écrire cette nouvelle, à savoir la difficulté qu’il éprouvait devant la fluidité de la phrase, ainsi que son sens robuste de la réalité. Flaubert est complètement réaliste au sens trivial du terme, et « la construction stylistique est un filet jeté sur la réalité », nous fait savoir Ali Benmakhlouf ; en ajoutant que « la réalité est configurée par le style ». L’écriture comme thème esthétique est en apothéose.

Le texte est ainsi porté à un niveau terminologique inégalé, accompagné d’une description accrue du réel, afin de construire un conte complètement universel. « S’intéresser à une petit localité à un moment donné, Flaubert décrit avec les yeux du reste de l’humanité ». C’est de l’humain qui se déploie.

Pour ce faire, la phrase de Gustave Flaubert agençant l’imparfait et le passé simple à merveille, induit une double émotion, un malheur scindé à différents moments ; ainsi qu’un immense plaisir, « car les morts ne meurent vraiment que lorsqu’on les entretient plus, et on ne s’entretient plus à leurs sujets ».

« Un cœur simple » est un cœur qui a reçu une éducation basée sur les préjugés du 19ème siècle dans lesquels chaque région du monde est complètement caricaturée ; et les personnages du texte sont repliés sur eux-mêmes mais reliés entre eux par les objets qui rompent les frontières et créent une empathie.

Portée à un degré éthéré, l’analogie emmène Félicité à une sensualité mystique, voire soufie de part un heureux compagnonnage du perroquet, et la nouvelle se clôt de la sorte : « Une vapeur d’azur monta dans la chambre de Félicité. Elle avança les narines, en la humant avec une sensualité mystique ; puis ferma les paupières. Ses lèvres souriaient. Les mouvements du cœur se ralentirent un à un, plus vagues chaque fois, plus doux, comme une fontaine s’épuise, comme un écho disparaît ; et, quand elle exhala son dernier souffle, elle crut voir, dans les cieux entrouverts, un perroquet gigantesque, planant au-dessus de sa tête. »

Reste à signaler qu’Ali Benmakhlouf lisait ce texte depuis 7ans, à raison d’une fois par an ; et la dernière lecture a eu lieu au palais de Tokyo à Paris en mai 2015.


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