Riquet à la houppe - Amélie Nothomb

Perrault revisité et … décoiffé !

jeudi 17 novembre 2016 par Henri-Charles Dahlem

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Commençons par avouer une infidélité. Après avoir été parmi les premiers à découvrir et à aimer l’œuvre d’Amélie Nothomb (ma chronique d’Hygiène de l’assassin est datée de 1992) j’ai délaissé durant quelques années ses romans, avant d’y revenir à l’occasion de cette rentrée.
Aussi c’est avec une petite appréhension que j’ai ouvert ce vingt-cinquième opus. Une crainte que j’ai vite oublié en constatant qu’elle n’avait rien perdu de son talent de conteuse, qualité essentielle lorsque l’on se donne pour mission de revisiter Perrault.

Cette fois, il s’agit de dépoussiérer « Riquet à la houppe ». Pour ce faire, l’auteur choisit de suivre en parallèle le destin de Déodat (notre Riquet) et celui de Trémière, un couple qui partage bien plus que le fait de porter un prénom peu commun.

Déodat est le premier enfant d’Enide et d’Honorat, un fils quasi miraculeux car sa mère a 48 ans au moment de l’accouchement. Sauf que l’enfant est d’une laideur peu commune et doit, dès le berceau, subir les quolibets de tous les visiteurs.

Il va dès lors grandir à l’abri des regards et étonner ses parents par son savoir. Lorsqu’à six ans, il part pour l’école primaire, il sait déjà lire et écrire, mais n’en évite pas pour autant les cruelles moqueries de ses camarades, le surnommant Déodorant, puis Déo. Faisant contre mauvaise fortune assaut de savoir, il va réussir à subjuguer toutes celles qui préfèrent un esprit bien fait à une figure de rêve.

Déodat enchaîne alors les liaisons, presque simultanément à sa passion pour l’ornithologie.

Trémière naît sur l’autre rive de Paris. Fille de Lierre et de Rose, elle ne peut en toute logique que s’appeler ainsi puisque son père « porte le nom d’une plante grimpante » et sa mère celui d’une rose. « Une rose qui grimpe, c’est une rose trémière. » Contrairement à Déodat, Trémière est d’une beauté à couper le souffle. Mais son physique ne va pas l’empêcher de subir à son tour les railleries de ses camarades, car elle ne brille pas par son intelligence. Mais grâce à sa grand-mère Passerose, elle va apprendre à profiter de ses atouts, se passionnant pour les bijoux auxquels son aïeule voue un quasi culte. Il ne se déroulera du reste pas plus de vingt-quatre heures après le vol de ces derniers pour qu’elle décède. Trémière va devenir l’égérie d’un joaillier et finira par croiser Déodat.

On n’en dira pas davantage, sinon à souligner le plaisir que l’on prend à cette relecture d’un genre littéraire trop délaissé. C’est à la fois cruel et actuel, joyeux et lumineux, humoristique et philosophique.


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