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Purity - Jonathan Frantzen
vendredi 19 mai 2017 par Meleze

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éditions de L’Olivier, Paris 2016

Ce livre de 800 pages est composé de chapitres séparés, écrits d’une façon autonome, et conçus par eux-mêmes indépendamment du centre du livre. L’auteur peut se permettre ainsi une évolution psychologique assez fine des personnages, beaucoup d’histoires annexes qui confinent souvent à du remplissage. Nous aurons l’occasion d’en reparler en tant que conséquences des ateliers d’écriture.

1) l’Allemagne

Il y a la relation entre Purity et sa mère Annabel et puis la relation très complexe entre ses parents Tom et Annabel. On découvre ainsi qu’il y a deux générations d’Allemands dans cette longue histoire : la génération de la mère de Tom dont les dates seraient à peu près 1942-1995 ; puis un autre personnage Andreas Wolf qui serait né en 1963/65 et aurait eu 25 ans en 1989 au moment de la chute du mur.

Donc Frantzen a beaucoup de choses à dire à écrire et penser sur l’Allemagne. Quelque part au milieu de la Stasi, du nazisme et autre détour de l’histoire l’Allemagne pour lui comme pour nous reste le pays de la vérité et de la pureté. Il tire son inspiration du film « good bye Lénine » dans lequel on voit une personne préférer l’image virtuelle du monde à son image réelle. Frantzen est un écrivain qui à partir de ce point de départ va s’intéresser d’une façon continue à la progression de l’image virtuelle dans la vie politique ce qu’on peut appeler « la préférence pour le mensonge ». Tout est mieux plutôt que le vrai. Et bien entendu le domaine par excellence du mensonge c’est internet.

2) La vérité, le mensonge et internet.

L’Allemagne à cause de son passé philosophique dans lequel l’idéalisme kantien est contesté par le matérialisme marxiste, est le pays du paradigme entre la vérité et le mensonge. Par ailleurs la thèse de Spengler sur le déclin de l’occident a été surmontée de telle sorte que le paradigme de la vérité et du mensonge s’applique surtout à la période stalinienne en Russie. Frantzen y fait allusion à plusieurs reprises.

Les deux principaux personnages sont des journalistes. Purity elle aussi sous le surnom de Pip est une apprentie journaliste. La lutte entre le virtuel et le réel se développe tout au long du livre. L’intrigue repose sur un spyware qui permet de voler des documents. Un des héros Wolf est très directement inspiré de Assange de wikileaks. Ça donne le sentiment que l’écrivain s’adresse à internet pour ajouter au réseau ce qu’il a lui-même produit.

7 histoires indépendantes forment le livre de Jonathan Frantzen. La structure est très forte mais son remplissage est parfois difficile à supporter. L’idée de cette critique c’est de rattacher le remplissage aux ateliers d’écriture et de ne pas s’enthousiasmer pour une méthode qui certes produit des écrivains mais ne saurait parvenir à la hauteur de ce qu’on appelle l’inspiration. Dans le même trimestre nous avons lu aussi le dernier Jonathan Coe qui s’appelle « 11 » et relu un vieux Russell Banks qui a pour titre « Continents à la dérive ». Dans ces trois livres on peut constater le même phénomène de remplissage. Une fois la structure définie, quelle que soit la qualité de conteur de l’auteur il y a des quantités de détails, ou d’histoires accessoires qui ne servent à rien, sauf à maintenir grâce au pouvoir du conteur la séduction de l’auteur sur le lecteur..

3) L’incommunicabilité

A la différence de ses collègues Frantzen fait l’objet d’une sorte de mystère. Aucun des traits définis ci-dessus ne sont acceptés par la critique alors qu’elle n’est pas avare de ses commentaires. Car vous pourrez trouver de très nombreuses vidéos ou article de presse sur internet qui ont accompagné ou suivi la publication de Purity et qui ne font comme « la grande librairie » que des louanges de pure complaisance. Seule une interview réalisée par la spécialiste des États-Unis travaillant au monde Corine Lesne le 27/04/2016 fait exception sur le rôle d’internet dans l’écriture.

Ces critiques ont attiré notre attention sur l’absence des noirs dans un livre intitulé Purity. Mais il ne s’agit pas de racisme. Il n’y a pas qu’en parlant des noirs qu’on peut développer aux États-Unis le thème de l’incommunicabilité. C’est un thème sartrien. Les individus ne parviennent pas à communiquer entre eux. Aux États-Unis ce thème a envahi bien des œuvres à cause de la passion pour la vitesse qui a gagné toute cette société basée sur la consommation. La vitesse est un paramètre concret qui permet de faire que les personnages ne se rencontrent ou qu’ils ne parviennent pas au bout des explications qu’ils se doivent. Dans le livre de Jonathan Frantzen il ne s’agit pas de communautés qui parce qu’elles sont hostiles les unes aux autres ne communiqueraient pas entre elles. Il s’agit de l’éclatement de la famille. Les mariages sont des mensonges qui ne se stabilisent pas assez vite pour que l’histoire se transmette d’une génération à une autre.

Peut-être que les défenseurs des ateliers d’écriture verront là au contraire une très grande liberté qui est introduite dans le développement des scénarios et qu’ils l’opposeront à l’impression de remplissage qui nous paraît au contraire dominante

13/05/2017 Méleze



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