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Le monde distant de nos baisers perdus et autres effleurements, - Laurent Bayart
dimanche 8 août 2021 par Claude Luezior

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photo de couverture par Némorin, ISBN : 979-10-309-0279-2, 181 p., Paris, 2021

Ne vous y fiez pas ! Maints critiques ont déjà souligné l’aspect sémillant, bondissant, pétillant de Laurent Bayart. Sous ses airs de chasseur-cueilleur, cet écrivain serait-il néanmoins laboureur d’idées ?
Chroniqueur au long cours certes, comme on peut le découvrir sur son site, généreux dans l’effort telle son âme de cycliste, volubile et gouleyant à la Rabelais, cet auteur de plus de soixante livres bondit et rebondit sans cesse, ne laissant jamais le lecteur tranquille, surprenant l’ami qui oserait esquisser une petite torpeur ou le complice qui effeuille distraitement les pages.
Faisant feu de tout bois, pour ne pas dire de tout mot, Bayart emprunte ça et là un terme d’alsacien (schlinguer), se lâche avec un peu d’argot (flinguer, glandouiller), cueille les marguerites de langues amies : ersatz, aficionados, big-bang... Sans vergogne, il ne peut s’empêcher de jouer avec les expressions tel un funambule (Aux larmes, citoyens !), d’ironiser sur le dos si peu écologique de l’homo erectus detritus, de souhaiter une velorution en tant qu’amoureux de la petite reine et d’ironiser à propos du grand carnaval des masques tout au cours de cet essai concernant la pandémie virale qui sécrète tantôt un confinement, un déconfinement ou un couvre-feu.
Le programme sociologique est bien entendu agrémenté de poésie, car, comme chacun le sait, Bayart est intimement poète et artiste de la langue. Non pas virologue, il s’exclame : le corona nous scrute avec perversité dans les bas-fonds de l’invisible. Jolie expression, sans oublier la candeur d’un Henri Dès posant délicatement le velours de la tendresse sur la barbarie du monde. Lire cet auteur (ou, peut-être, l’entendre lors de rencontres littéraires et musicales) est pour le moins une autre expérience que de scruter sans cesse les doctes experts sur des plateaux télévisés.
Cela dit, le géniteur de ces baisers perdus et autres effleurements, déboussolé en notre monde qui devient si distant est un homme de coeur qui souffre avec nous dans cette liturgie de la dévastation. Il évoque à juste titre le très célèbre et regretté médecin, théologien, musicien et humaniste alsacien Albert Schweitzer, prix Nobel de la paix, son respect de la vie et la grâce de l’instant qui ont fait de nous des êtres majuscules sur le fil tendu de l’horizon...
On a appris, au gré de ses ouvrages, essais et chroniques, que Bayart est un jardinier émérite (peut-être davantage, d’ailleurs, pour ses talents d’observateur que pour la taille de ses carottes ?) Il est certainement, bien au-delà des savoureuses facéties de sa langue, un laboureur d’existence.

Claude LUEZIOR



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